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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lecteur royal de son université.
    Quelle reconnaissance pour son intelligence, sa soif d’apprendre, de soigner les souffrances ! Marguerite, celle qui n’était autrefois qu’une simple lingère ! Et des souffrances, Dieu sait s’il y en avait eu après la terrible epydemie de pestilence qui avait décimé les feux de nos villages. Nous craignions, en effet, tous, un retour du Mal noir. Comme vent qui tourne sur feu de broçaille, comme braises qui couvent sous la cendre.
    René le Passeur la suivait en tous ses déplacements avec trois archers montés. Il mit pied à terre. Je le pris aussi en ma brasse. Il avait besoin de plonger dans un baquet, pour y tremper sa forte suance de rouquin et se décrasser le corps. Rien de surprenant à cela. On savait sa présence à trois pas.

    Marguerite reprit l’enseignement de ses maîtres en l’université de Montpellier, dès fin août.
    Malgré tous les efforts que j’avais déployés, ni monseigneur de Salignac ni mes propres référants de tranquilité ne purent m’éclairer sur l’endroit où ma sœur Isabeau de Guirande, ma gente fée aux alumelles, avait trouvé refuge. J’en éprouvais grand et impuissant dépit.
    Toujours accompagné de Guilbaud et d’Onfroi, je fis le tour de nos terres, reçus les doléances des paysans et des vignerons, m’assurai de la qualité des récoltes, vins en aide aux plus démunis, vérifiai l’état du four banal, m’initiai au savoir-faire des artisans de mon domaine : bourreliers, charpentiers, tailleurs de pierre, ferronniers, forgerons, couvreurs, carreleurs, tanneurs…
    Je sus même reconnaître les races des poules selon la couleur de leurs œufs : blancs, rose, orange ou verts, avant qu’ils ne soient couvés et à les retourner deux à trois fois par jour pour éviter que le jaune ne colle à la coquille.
     
    Sur les conseils de ma douce mie, je veillai aussi à faire assainir rues et abords de nos villages, évacuer le sang des écorcheries qui coulait entre les pavés pour se déverser dans notre belle rivière, déblayer les tas d’ordures et faire brûler immondices et cadavres d’animaux domestiques, curer les fossés… Une tâche sans fin, à laquelle tout le monde prêta main forte pendant huit jours.
    Et puis tout recommença comme avant, passant outre aux doctes principes :
     
    « La putréfaction de l’air fait plus grands maux que la mauvaise nourriture. La corruption de l’air nuit plus au corps humain que mauvaise viande, pour ce que mauvaise viande, se confiant en l’estomac et les membres, peut être corrigée en tout ou en partie. L’air mauvais passe tantôt aux poumons et au cœur, car, qu’on le veuille ou non, nous attirons l’air en respirant, où il nous faudrait attirer la vie. »

    Pendant ce temps, Arnaud de la Vigerie croupissait dans son cachot, une belle balèvre sur la joue. Une balèvre épiscopale. Il avait déchiré plusieurs pages des codex sur la vie des saints pour s’en torcher le cul. Les parchemins étaient roides et des filets de sang maculaient les enluminures. Ignorait-il que ce sacrilège ne plaiderait pas sa cause devant le tribunal de Sarlat ? Un chef d’inculpation de plus lui pendait au nez. Au nez, si je puis dire.
     
    Nous rendîmes courtoise visite à notre suzerain, le vicomte de Turenne, Guillaume de Beaufort, devant lequel j’avais prêté hommage au nom de Marguerite pour les terres de Rouffillac et de Braulen.
    Au retour, j’eus la surprise de recevoir le chevalier Géraud de Castelnau d’Auzan qui nous avait si précieusement apporté son aide lorsque nous avions enlevé la place forte de son ancien maître, le sire de Castelnaud de Beynac {17} .
    Il avait rejoint sa terre natale de Gascogne où il tentait de rallier ses compains gascons à la cause du roi de France, avec un succès fort mitigé, avoua-t-il. Le Gascon était pleure-pain et se vendait au plus offrant. Or, les finances du roi de France étaient aussi maigrelettes que celles du prince de Galles, Édouard de Woodstock, étaient grasses du commerce à nouveau florissant auquel se livraient derechef les négociants de Guyenne. Sans parler des butins réunis à l’occasion de leurs chevauchées dévastatrices.

    Marguerite nous rejoignit pour les fêtes de Noël et de Pâques. D’une beauté toujours plus rayonnante, d’une science toujours plus grande. Théologie, anatomie, farmacie, chirurgie, maniement de la lancette et des sangsues, saignées et autres ventouses,

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