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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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au plus bas. La capitale murmure.
    — Que l’Anglais reste quiet à Calais et les bateaux continueront de descendre le fleuve, chargés de vin et de bois, de remonter charges de blé, de sel, de foin et de fruits, suggéra l’un des chevaliers présents.
    — Le prévôt des marchands de l’eau, cet Étienne Marcel, le sait fort bien. Ce diable d’homme fait la pluie et le beau temps sur la capitale et sur le royaume, avec son cousin Imbert de Lyon, et les échevins des autres provinces. En l’absence des représentants de nos provinces d’oc aux états généraux, se lamenta Biron, le quatrième baron du Pierregord, qui poursuivit :
    « J’ai ouï dire que Charles de Luxembourg, roi de Bohème et des Allemands, maître du Saint Empire, le propre frère de l’épouse du roi Jean, refusait de lui apporter un soutien militaire. Pire, il revendiquerait des droits sur Bourgogne et Dauphiné !
    « Les barons normands, eux-mêmes, mettent en doute la légitimité du duc de Normandie, le dauphin Charles. Un autre Charles, vous le connaissez, messires : Charles, quatrième de ce nom et roi de Navarre. Il se joint à leurs voix, il complote à l’unisson.
    « De grands barons, tels Geoffroy d’Harcourt, ont mis en doute la légitimité des Valois à la couronne de France. Nombre de seigneurs normands et bretons retirent leur hommage pour se tourner vers le roi Édouard.
    — Serait-ce également dans vos intentions, Biron, se révolta Roger-Bernard, le comte de Pierregord qui nous avait rejoint sur le tard et, s’adressant à Mareuil et à Bourdeilles :
    « Vous autres, seriez-vous toujours aussi fendants et aussi peu féaux ? Sachez, si l’ignorez encore, que Charles de Navarre, ce mauvais sujet, a été arrêté et que le roi Jean a fait justice lui-même en vertu de son droit de haute justice : le cinquième jour d’avril, d’aucuns de ces félons de Normands, dont Jean d’Harcourt, ont eu le chef séparé du tronc. Pour trahison.
    « Sur la route de Neuchâtel, près la ville de Rouen, sans que le sacrement de la confession ne leur fût accordé. Qui trahit le roi ne mérite pas seulement la mort, mais aussi l’enfer ! Le maréchal d’Audrehem a assisté à leur exécution ! »
    Un murmure parcourut l’assemblée. Certains portèrent la main à leur col, un peu comme s’ils sentaient la lame du doloir d’un bourreau s’élever au-dessus de leur tête. Un silence de mort plana dans la salle des États.
    Un chevalier hucha à oreilles étourdies :
    « Montjoie ! Saint-Denis ! Vive le roi Jean ! » Le chevalier avait pour devise : pro Dei, pro Rege. Le chevalier, c’était moi. Un instant de surprise passé, et tous reprirent en chœur le cri de guerre des lys de France. À gueule bec. À plusieurs reprises.

    Une nouvelle réunion des États de langue d’oïl, palais de la Cité, s’était tenue le huitième jour du mois de mai. Nouvelle réunion, nouvelle modification du système fiscal pour financer l’effort de guerre, face au rognage des monnaies de compte, livre tournois, sols et deniers, en leur poids d’argent.
    Mais le ver était dans le fruit. Robert Le Coq, ancien avocat au Parlement de Paris, juriste et sophiste de talent, siégeait, en sa qualité de duc et de pair de France, au Conseil du roi. Il se plaisait à colporter, à qui voulait l’entendre, que le Valois était de très mauvais sang et de race pourrie.
    Sans doute croyait-il devoir à sa fonction épiscopale de ne pas avoir la tête tranchée : il était évêque de la ville de Laon.

    Avant de lever ma bannière pour rejoindre l’armée du roi de France, j’écrivis deux longues missives. L’une à la princesse Échive de Lusignan, l’autre à la comtesse Mathilde d’Œttingen.
    Je les portai en personne à un banquier de Cahors, un certain Jacob Salomon, d’origine sépharade. Salomon, comme le roi de l’Ancien Testament. À charge pour lui de les faire parvenir aux destinataires. Plus prêteur sur gages que banquier, mais homme de grande droiture et de confiance, m’avait assuré Bozon de Beynac.
    Je mis à profit les deux jours que je passai en la ville de Cahors pour acquérir quelques-uns des traités de médecine qui, avais-je cru comprendre, faisaient défaut à mon escolière de miresse… Puis je les fis relier, dès mon retour, par un parcheminier de Sarlat, maître relieur, de surcroît.
     
    L’avant-veille du jour de l’Ascension de la Vierge Marie, je levai ma bannière et

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