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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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chalandises en criant à qui mieux mieux quelque chose qui devait ressembler à :
    « Elles frétillent mes anguilles ! Fraîches mes anguilles ! Elles sortent de la rivière !
    « Mes galettes de sarrasin sortent du four, elles ! Chaud les galettes ! Chaud mes pastis ! »
    D’aucuns parmi des hommes de loi, des huissiers, des chevaucheurs du roi ou du Parlement, se laissèrent tenter par quelques friandises épicées en lançant des pièces de menue monnaie d’une bourse qu’ils portaient à la ceinture, et dont ils s’empressaient de tirer aussitôt les cordons, de crainte de quelque vol à la tire.
     
    Sur le parvis, des gens d’armes, vêtus de pourpoints de cuir et de surcots aux armes écartelées des léopards d’Angleterre et des lys de France, repoussaient les plus audacieux des marchands en croisant leur arme d’hast.
    L’enceinte de la cour devait être réservée aux hommes de loi, à en juger d’après la couleur fort différente des robes de soies rouges et blanches, des toges et des épitoges, unies ou à rayures.
     
    Le sergent massier qui dirigeait notre troupe d’archers lança un nouvel ordre :
    « Ho ! Get down and wait for my orders ! »
     
    Puis il mit pied à terre. Des huissiers aux robes d’une propreté plus douteuse s’avancèrent. Mes écuyers et moi fûmes priés de suivre l’un d’eux, tandis que nos douze autres compains de captivité étaient saisis chacun d’une main ferme aux avant-bras par deux gardes, les poings toujours liés.
    Ils nous jetèrent, chevaliers et écuyers, un regard de chiens battus. Les biens qu’ils possédaient leur permettraient-ils de négocier rançon ? À défaut, seraient-ils exécutés dans la cour de justice de la Tour blanche ou finiraient-ils leurs jours dans quelque cul de basse fosse de l’une des forteresses royales ?
     
    Je priai pour leur salut, sans pouvoir m’empêcher de douter de l’issue. En fait, nous ne les revîmes jamais. Pauvres hommes ! Que Dieu leur accorde sa miséricorde. Pour ne pas avoir été mis à vaudéroute lors du combat de Maupertuis, Ils auraient certainement mérité d’être décorés de la Croix de Fer.
     
    Nous fûmes, Onfroi de Salignac, Guilbaud de Rouffignac et moi, fort aimablement invités à avoir l’obligeance de suivre nos huissiers.
    On trancha nos liens. À l’extrémité d’une allée centrale, la cour des Plaids tenait audience. Au sommet d’un escalier de marbre, siégeaient le banc du roi et la chancellerie de l’Echiquier.
    On nous conduisit dans une pièce, une lingerie sans doute, ou l’on nous pria de nous dévêtir avant de plonger dans l’eau d’un lavoir. Des bulles de savon et de crasse crevaient la surface dans un soupir de saleté.
    Après huit mois au cours desquels nos corps avaient mariné dans la suance, l’urine et la merdouille, ce fut un véritable bain de jouvence. On nous tendit des brosses armées d’un manche pour frotter le dos, des rasoirs pour couper barbe et cheveux, extirper les poux, les puces qui grouillaient comme fourmis dans une fourmilière.
    Nous pouffions comme des soudoyers, laissant libre cours à notre joie. La joie de patauger dans une eau dont la couleur grise virait à présent au marron, un marron qui n’avait rien à voir avec celui des châtaignes du Pierregord !
     
    Notre joie fut de courte durée : une corpulente lavandière nous brandit des linges pour nous essuyer, des chainses blanches et des chausses écarlates, tout en jactant, en bon français, si ce n’était un léger accent du pays de Gascogne :
    « Messires, en not’royaume d’Angleterre, les condamnés à mort doivent toujours s’présenter en état de pureté avant d’poser l’col sur l’billot !
    — Dans ce cas, sachez, méchante bagasse embéguinée, que vous ne courrez aucun risque d’offrir votre cou au bourreau… Point de décollation pour les gueux ! Une simple pendaison.
    « Lorsque votre corps se balancera au bout d’une corde, les corbeaux et les charognards se chargeront de vous nettoyer en vous picorant les yeux, la langue, les mamelles – si vous en avez encore – et les lèvres, en arrachant des lambeaux de votre chair. » La piperie que j’avais glapie n’était pas du meilleur goût, mais elle ne dut pas saisir l’allusion, car notre grincheuse servante pouffa et s’éloigna en ricanant de sa farcerie dans sa robe maculée de taches de graisse.

    « Messire Brachet de Born, nous avons l’heur de vous faire

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