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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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veillerai dès demain à l’élargissement de votre protégé.

    Dans la cour de Great Hall, trois coursiers nous attendaient. Aucun ne nous avait appartenu. Onfroi et Guilbaud rayonnèrent de bonheur lorsque je leur fis un compte rendu de mon entretien avec le tabelion. Ils me remercièrent chaudement, les yeux humides.
    Nous ajustâmes les sangles ventrières et les brides. On nous remit notre ceinturon que nous bouclâmes avant de glisser épée et dague dans le fourreau.
    Le sergent massier qui commandait notre escorte se tourna vers moi et m’interrogea en relevant le menton et en haussant les sourcils. J’opinai du chef et respirai un grand bol d’air.
    Il leva sa masse, en fait un long tube de bronze scellé aux extrémités et incrusté des symboles de la couronne d’Angleterre. Il ordonna à l’attention de la troupe d’archers montés, d’une voix sèche et forte :
    « We are not going back to the White Tower, but we ride to her Majesty’s Royal Manoir of Savoy !
    « Come on, bowmen ! Let’s go »
     
    Que diantre pouvait bien nous vouloir le roi Jean ?
    Nous féliciter d’avoir taillé du Godon ? Nous reprocher d’avoir commis un acte de récréance ?
    Ou nous charger d’une mission ? Combattre en champ clos à la lance, à l’épée, à la masse d’armes ou à l’étoile du matin pour prix de sa liberté ? Une sorte de tournoi, tel celui des Trente, de mémorable mémoire, où s’étaient affrontés et occis trente chevaliers des deux camps pour mettre fin à une guerre qui, au mépris du sang versé alors, s’était prolongée depuis ?
    Encore de vains sacrifices dictés par la folie des hommes. Dans ce cas, le pire était à craindre.
     
    En fait, rien de tout cela nous attendait.
    Mais, d’une certaine façon, notre punition devait se révéler bien plus douloureuse ou bien plus dangereuse que toutes celles que nous pouvions imaginer.
     
    Une punition plus raffinée.
    Pour ne pas avoir départi le combat lorsqu’il était encore temps, nous serions les otages du roi Édouard d’Angleterre.
     
    En répondant sur notre vie du bon paiement d’une rançon de quatre millions d’écus d’or, Jusqu’à son paiement complet…
     
    La rançon réclamée pour la libération de Jean, dit le Bon, roi de France.



TROISIÈME PARTIE LES VOIES DE LA LUMIÈRE
    Londres, Paris, Avignon et autres Pays d’oc De l’an de grâce 1359 à 1371

Rendront et bailleront au dit roi d’Angleterre et à tous ses hoirs et successeurs, et transporteront en eux, tous les honneurs, obédiences, hommages, ligeances, vassaux, fiefs, services, reconnaissances, serments, droitures, mere et mixte impair (ban et arrière ban) et toutes manières de juridictions hautes et basses, sauvegardes, seigneuries et souverainetés.
     
    Extrait du désastreux traité de Brétigny, conclu le 8 mai 1360 entre le roi de France et le roi d’Angleterre.
    Chapitre 11
    De Londres à Calais, du printemps MCCCLIX à l’automne MCCCLX. {21}
    Alors que nous étions conduits en la forteresse de Londres, sept ou huit mois plus tôt, et que je croupissais, avec d’autres malheureux captifs, dans un sinistre cachot, entre la vie et la mort, le prince de Galles et le roi Jean, son prisonnier, avaient chevauché botte à botte, vers la ville de Bordeaux, s’arrêtant parfois pour courir un cerf, un chevreuil ou voler au faucon.
     
    Les vainqueurs de Poitiers, Anglais et Gascons, avaient fait une entrée triomphale à Libourne, le deuxième jour du mois d’octobre, au lendemain des calendes.
    Pendant plusieurs semaines, des fêtes somptueuses, des bals, des processions religieuses en l’honneur du vainqueur et de son royal prisonnier, logé à l’archevêché, avaient enfiévré la capitale de la Guyenne.
    Lord Talbot, en se délectant de ce récit qu’il m’avait servi en préambule à notre entretien, aurait-il voulu me prouver la magnanimité chevaleresque de ce prince, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Le goût du lard pourri et des soupes à la grimace, la puanteur de notre prison dont les fragrances me remontaient derechef au nez… J’avais écouté son discours avec une certaine amertume.
    Celle d’un gentilhomme de petite noblesse qui s’était sacrifié pour un roi certes courageux, mais impulsif, de grande vaillance personnelle, mais peu économe de la vie de ses gens.
    Un grand guerrier. Un piètre chef. Tout le contraire d’un Bertrand du Guesclin.
     
    Le notaire royal m’avait informé

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