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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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proximité de la place de Grève, ils entendirent tout un fracas de cris hostiles à Mazarin avant de se rendre compte que le pont Notre-Dame débordait de laquais, bateliers et crocheteurs armés de bâtons, d'épées et coutelas. Gaston, Desgrais et les archers s'engouffrèrent alors dans la rue des Arcis et prirent la vieille rue de la Tannerie pour déboucher sur la place.
    Là, une bande d'enragés abattait la potence. D'autres brisaient les carreaux des fenêtres de l'Hôtel de Ville à l'aide de pierres. Il n'y avait aucun garde, aucun archer, seulement quelques bourgeois qui, de loin, observaient l'émeute avec inquiétude.
    Trop peu nombreux, Gaston de Tilly et sa troupe ne purent intervenir quand ils virent les insurgés basculer la potence dans la rivière. Peu après, le prévôt des marchands se mit à une fenêtre afin de menacer les séditieux, ce qui eut pour effet d'inciter une bande d'exaltés à mettre le feu à son logis, situé en face de l'Hôtel de Ville.
    Le fils du prévôt sortit aussitôt de la maison avec quelques laquais armés de hallebardes. Gaston et ses hommes vinrent immédiatement leur porter main-forte. Ils parvinrent à éloigner les pillards mais le désordre se poursuivit jusqu'à neuf heures du soir et ne se termina qu'après l'apparition du guet bourgeois et de nouvelles troupes.
    *
    Il fallut deux jours pour que la populace se calme, mais surtout deux jours de conférences au Palais-Royal, dans les cours souveraines et à l'Hôtel de Ville pour trouver un moyen de rassurer la reine quant aux intentions des notables parisiens. Il était évident que les plus radicaux à la Cour allaient accuser les magistrats anciens frondeurs et le corps de ville d'avoir manigancé l'émeute et l'évasion du condamné. Alors que le retour du roi se faisait attendre, cette insurrection montrait en tout cas que la capitale n'était pas pacifiée et qu'il existait danger à y revenir.
    Quant aux échevins et aux présidents des cours, ils craignaient tout simplement que la reine envoie des troupes les saisir, alors même qu'ils ne pouvaient plus compter sur les capitaines de la Fronde, ces derniers s'étant ralliés.
    Par un inquiétant concours de circonstances, La Custodede la reine qui dit tout contenait ces vers terribles :
    Â«Â Je prépare un exemple à la postérité
    Digne de ton châtiment d'éternelle mémoire :
    Paris, je te perdrai, car je veux pour ma gloire
    Qu'on cherche quelque jour où tu auras été. »
    Il fut finalement convenu d'une assemblée solennelle au Palais, en présence du chancelier, au cours de laquelle magistrats et corps de ville demanderaient humblement pardon et assureraient la reine de leur obéissance.
    *
    Gaston de Tilly s'y rendit le vendredi 23, à six heures du matin.
    Quand il arriva, la cour de Mai regorgeait déjà de magistrats et d'officiers. Il attendit un moment, devant la galerie mercière, en compagnie d'autres membres de la prévôté de l'Hôtel jusqu'à ce qu'il vît apparaître l'immense procession du corps de ville.
    En tête se trouvait le prévôt des marchands, puis les échevins, le greffier de la ville, le colonel et les quarteniers. Ce fut M. Fouquet, le procureur général, qui les reçut solennellement et les conduisit à la Grand'Chambre devant laquelle attendait le chancelier. Là, le prévôt des marchands expliqua publiquement ce qui s'était passé, puis protesta de l'obéissance et de l'affection de toute la ville au roi et à la reine régente. Il affirma qu'aucun officier, bourgeois de Paris ou homme d'honneur n'avait trempé dans cette rébellion, que tous conservaient dans leur cœur l'obéissance aux commandements de Leurs Majestés. Il supplia Leurs Majestés de ne pas leur en imputer la responsabilité et affirma qu'ils voulaient honorer, servir et respecter leur roi.
    Ce discours plein de soumission fut reçu avec satisfaction par le chancelier qui répondit avoir toujours cru que cette action brutale n'était due qu'à des gens de néant et qu'il s'assurerait que ces séditieux fussent punis.
    *
    Après cette séance, qui dura plusieurs heures, Gaston eut une conférence avec le chancelier, avant de rentrer chez lui. Il était venu avec son nouveau carrosse et, s'il en

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