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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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monstrueux cheval, rangea les armes que le premier lui avait portées et monta en selle. Fronsac grimpa dans la voiture. Le cocher fit claquer le fouet et l'équipage s'éloigna. D'une des fenêtres, Mondreville les vit partir. Alors seulement il ouvrit la croisée et glapit :
    â€” Que le diable vous crève ! Vous finirez à la hart ! Les corbeaux vous dévoreront !
    1  Lourde épée droite, à deux tranchants.
    2  Les seigneurs haut justiciers ne disposaient généralement pas de prison, sauf s'ils étaient très riches. En cas de besoin, ils louaient les cachots qui leur étaient nécessaires auprès d'un prévôt ou dans une prison urbaine.

22
    E ncourageant les bêtes à grands cris et utilisant son fouet – ce qu'il ne faisait jamais – Nicolas conduisit le carrosse à une allure infernale. Bauer, sur son énorme cheval, ouvrait la route. Louis voulait arriver à Vernon avant que les portes de la ville ne ferment. Ils avaient sept lieues à franchir sur un chemin détestable.
    Dans la voiture, la chaleur était étouffante et les cahots d'une grande violence. Ballotté en tous sens, Fronsac avait baissé les glaces des portières mais les secousses ne l'empêchaient pas de réfléchir. Il songeait à Gaston, au fond d'une cellule depuis deux semaines. Dans quel état allait-il le retrouver ? Quelques jours dans certains cachots du Châtelet ou de la Bastille rendaient fou, faisaient perdre les dents ou brisaient un homme définitivement. Si son ami avait trop souffert, Mondreville le payerait cher, se promit-il. D'autres questions se bousculaient, qu'il avait du mal à ordonner. Une revenait sans cesse : pourquoi le lieutenant du prévôt des maréchaux de Rouen avait-il emprisonné Gaston ? Son ami avait-il découvert quelque fait mettant en cause Mondreville ? De plus, comment un tel emprisonnement avait-il pu rester secret ? Richelieu, tout-puissant, jetait sans barguigner quelqu'un à la Bastille et l'oubliait, mais un seigneur justicier ou un lieutenant de prévôt ne disposait pas d'un tel pouvoir.
    Louis, seigneur haut justicier, connaissait les procédures pénales. Un greffier devait tenir un registre des audiences, même si la justice seigneuriale était souvent rendue dans des tavernes et ne concernait que les gens de peu puisqu'il s'agissait surtout d'affaires de payement de cens, de loyer, de braconnage, de tutelle, de rixe ou de coups et blessures. Certes, les seigneurs disposaient parfois d'un carcan ou d'un échafaud pour fustiger, mais ils préféraient encaisser des amendes ou confisquer des biens. De surcroît, les condamnations étaient susceptibles d'appel devant un prévôt ou un lieutenant criminel. La peine de mort ne pouvait s'appliquer, sinon avec l'aval du parlement de Paris. Quant à retenir un magistrat, un procureur de la prévôté de l'Hôtel du roi de surcroît, c'était impossible !
    L'emprisonnement de Gaston ne pouvait avoir été gardé secret qu'avec des complicités. Louis songea au nouveau vicomte de Vernon qui assistait M. de Blaru, alors à la Cour. Ce magistrat se nommait Marc-Antoine Le Normand et venait d'être nommé. Pouvait-il être corrompu ?
    Enfin, il y avait l'affaire Richebourg et l'étrange coïncidence que deux traîne-rapière portant des bottes, dont l'un était blessé, se soient trouvés précisément à la table de Bréval, chez qui vivait la mystérieuse Anaïs qui s'inquiétait pour Richebourg ! De surcroît, à la même table se gobergeait le fils de Mondreville qui savait Gaston en prison à Vernon. Impossible de déceler du hasard dans un tel concours de circonstances.
    Dès lors, qui étaient réellement Canto de La Cornette, Pichon de La Charbonnière et ce sombre individu à la figure de fripon, assis avec Bréval et Mondreville ? Que préparaient ces gens ? Richebourg aurait-il découvert quelque sombre entreprise ? Mais pourquoi ne pas l'avoir tué sur place, comme le domestique ?
    Sitôt Gaston délivré, Louis se jura de découvrir les mystères de cette disparition.
    *
    Vernon, ville frontalière avec la Normandie longtemps anglaise, était protégée par une enceinte bastionnée, des remparts et un château érigé sous le règne de

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