La malédiction des templiers
suivi les mandats d’arrêt délivrés en 1307, dit-elle à Ertugrul, une petite armée d’inquisiteurs a été chargée d’appréhender les Templiers fugitifs et de confisquer la totalité des biens que ces derniers avaient pu mettre de côté. L’un de ces inquisiteurs, un prêtre envoyé à Chypre pour retrouver la trace des Templiers qui en avaient été expulsés, est retourné en bateau sur le continent et a passé une année à sillonner la région entre Antioche et Constantinople pour les traquer. Dans son journal, il rapporte être tombé sur un monastère en ruine perdu dans la montagne, à l’intérieur duquel il aurait retrouvé les squelettes des moines qui l’occupaient. Il ajoute qu’il aurait également trouvé non loin de là, dans une gorge encaissée, les tombes de trois Templiers. Selon les inscriptions relevées sur les tombes en question, l’un des chevaliers enterrés là aurait été notre homme, Conrad.
— De quelle montagne s’agissait-il ?
— Du mont Argée, répondit la jeune femme. Un vieux nom latin. Vous le connaissez probablement comme étant le mont Erciyes.
Ertugrul hocha la tête.
— Erciyes Daği . Ce n’est pas une collinette, ajouta-t-il en les regardant d’un air dubitatif. C’est au cœur de l’Anatolie, en plein centre du pays. Une station de ski a été installée quelque part non loin.
Ertugrul réfléchit un moment avant de reprendre :
— C’est donc le monastère que vous souhaitez que les gens du Patriarcat vous aident à retrouver ?
Reilly acquiesça.
— Pour le moment, la piste de Conrad s’arrête à cette tombe. A mon avis, il y a de fortes chances pour que ce soit là que notre cible veuille se rendre, dans l’espoir d’y trouver un indice sur le lieu où sont planqués le ou les objets récupérés par les chevaliers auprès des moines. Mais nous ne savons pas exactement où se trouvent ces tombes, et notre homme pas davantage. Dans son journal, l’inquisiteur se contentait de décrire la fameuse gorge comme dépendant du monastère , mais nous n’avons pas plus d’informations sur son emplacement.
— Ne pourrait-on pas extrapoler à partir de ses notes de voyage en essayant de quadriller le territoire qui borde cette montagne ?
— Toute cette région est sillonnée de gorges et de vallées encaissées. Sans savoir d’où est parti l’inquisiteur, ce serait nous lancer dans l’aventure au petit bonheur la chance, expliqua Tess. Nous avons besoin de découvrir où se trouve ce monastère, qui nous servira alors de point de départ et nous permettra de savoir dans quelle direction orienter nos recherches.
— Ce que nous savons, c’est que c’était un monastère dédié à saint Basile, précisa Reilly. Autrement dit, un monastère orthodoxe.
— Et s’il existe des archives le concernant, le premier endroit où l’on serait susceptible de les retrouver serait au cœur de l’Eglise orthodoxe, déduisit Ertugrul.
— Exactement, fit Reilly. Si nous localisons le monastère, nous serons alors en mesure de suivre à partir de là les indices laissés par l’inquisiteur pour atteindre les tombes des Templiers. Et si nous y arrivons les premiers, nous pourrons peut-être y retrouver notre poseur de bombes, ainsi que Simmons, d’ailleurs.
— Je me suis entretenu avec le secrétaire de l’archevêque après notre conversation, l’informa Ertugrul. Ils nous attendent. Espérons qu’on aura un peu de chance, conclut-il avec un haussement d’épaules.
Reilly sentit la rage bouillonner en lui au souvenir de la perfection avec laquelle le terroriste avait joué son rôle, depuis le moment où il l’avait retrouvé à l’aéroport, à Rome, jusqu’à celui où il l’avait affronté, dans la papamobile. L’homme ne semblait rien laisser au hasard. Selon Reilly, un coup de chance quelconque était exclu. Il en faudrait beaucoup plus pour en venir à bout.
Ils quittèrent l’autoroute et se frayèrent un passage dans les rues chaotiques du centre d’Istanbul. Au milieu des gaz d’échappement des camions ou des autobus sans âge, et d’incessants concerts de klaxons émanant d’automobilistes furieux bloqués dans les embouteillages, ils traversèrent la ville en direction des murailles qui défendaient les rivages paisibles de la Corne d’Or. Les deux 4 × 4 négocièrent quelques virages avant de s’engager dans une étroite ruelle à sens unique qui montait en pente douce vers le sommet
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