La mariage du Viking
de lin blanc.
— Si vous en voulez, passez aussi cela.
Devant l’expression stupéfaite de sa prisonnière, le Viking partit d’un rire puissant puis ajouta :
— Quand vous serez prête, je vous conduirai à la maison de ma mère.
Contrairement aux espérances de Meradyce, il n’eut pas la délicatesse de sortir pendant qu’elle s’habillait. Aussi la jeune femme dut-elle se débattre pour passer la longue chemise blanche, tout en se protégeant de la couverture de fourrure.
L’air moqueur, Einar parut se délecter du spectacle.
— Je constate en effet que vous possédez beaucoup de dons.
Lorsqu’elle eut fini de nouer la ceinture autour de sa taille, le Viking se leva lentement et déclara sur un ton grave :
— Aucun homme ne doit porter la main sur vous sans ma permission. Si l’un tente quoi que ce soit,prévenez-moi sans attendre. Svend m’a ordonné de vous protéger, et je m’acquitterai de cette mission.
Surprise, Meradyce regarda le guerrier blond qui se tenait en face d’elle et sentit qu’elle pouvait se fier à lui.
Aveuglément.
Meradyce ignorait pourquoi, mais elle en avait la certitude. Elle pouvait faire confiance à ce barbare car, sans nul doute, il la respectait plus qu’aucun homme ne l’avait jamais fait.
Einar se dirigea vers la porte, et la jeune femme le suivit à distance. Comme elle passait devant les chiens en évitant soigneusement de s’en approcher, il sourit. D’un sourire presque enfantin qui, sur le visage d’un guerrier, lui parut étrange.
— N’ayez crainte, articula-t-il sur un ton paternaliste. Ils n’attaqueront jamais sans mon ordre.
Devant une telle assurance, la jeune femme s’enhardit et tendit une main prudente vers les animaux, qui se levèrent et s’approchèrent pour venir lui lécher la paume.
Les bras croisés, forcé de constater avec quelle habileté la Saxonne avait su les amadouer, Einar grommela alors un ordre qui renvoya les chiens se coucher à leur place. Puis, sans un mot, il sortit de la maison et parcourut le village sans vérifier une seule fois si Meradyce le suivait.
Derrière lui, celle-ci souriait et félicitait intérieurement sa mère de lui avoir transmis ses dons de sage-femme et son père de lui avoir enseigné l’art d’apprivoiser les animaux.
Quelques instants plus tard, quand Adelar et Betha aperçurent Meradyce, ils se précipitèrent dans ses bras.
— Elle va demeurer avec toi et Endera, annonça Einar à sa mère. Svend lui a rendu sa liberté pour avoir aidé Gunnhild à mettre son fils au monde.
— Va-t-elle vraiment rester ici, Einar ? s’étonna Olva dans un sourire chaleureux.
— Oui. Elle est sous ma protection.
Avant de sortir, Einar se tourna vers Meradyce pour la fixer longuement. Durant un instant, la jeune femme retint son souffle sous l’intensité du regard qui l’enveloppait. Un regard où se mêlaient regret et fierté, qu’elle n’avait vu qu’une seule fois sur le visage d’un homme : celui de Paul, avant qu’il ne s’impose de la quitter.
C’était impossible. Elle devait se tromper.
Elle avait adoré Paul, alors que ce Viking l’avait arrachée à son pays.
Il avait aussi pris les enfants en otages, et, cependant, ne leur avait fait aucun mal.
Il avait eu l’intention de la violer puis s’était ravisé, alors qu’elle se montrait totalement vulnérable devant lui.
Néanmoins, il restait un Viking.
Et, quel qu’il fût, quoi qu’elle pût ressentir envers lui, il demeurait son ennemi.
Chapitre 4
Dans la maison d’Olva, Meradyce s’éveilla en sursaut et fixa le plafond noirci de fumée. Puis, lui revint à l’esprit le souvenir atroce des derniers jours. Le pillage de son village, le terrible voyage en mer, les hommes… le Viking.
Elle était certaine, à présent, d’avoir imaginé l’expression qu’elle avait cru lire, la veille, sur le visage d’Einar. Car c’eût été un sacrilège de trouver quelque ressemblance entre ce barbare et le doux Paul.
Doux, mais loin d’être faible. Paul avait, au contraire, montré trop de courage en reconnaissant ce que tous deux éprouvaient l’un pour l’autre. Et Meradyce avait prié, supplié, crié que beaucoup de prêtres épousaient celle qu’ils aimaient. En vain.
— J’ai fait vœu de célibat et je ne le romprai pas ! avait déclaré Paul.
Mais, avant qu’il sacrifiât leur amour, Meradyce avait discerné dans ses yeux la même lueur que chez Einar. Une lueur qui
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