La mariage du Viking
la bouteille à ses lèvres, s’arrêta.
— Reposez-la, articula lentement Einar non sans vibrer devant les lèvres purpurines de la jeune femme.
Meradyce ne cilla pas.
— J’ai dit, reposez cette bouteille ! répéta-t-il sur un ton sévère.
C’était le ton qu’il employait pour lancer ses ordres auxmarins, le ton qui intimait le respect aux plus aguerris de ses hommes.
Néanmoins, Meradyce n’obéissait pas.
Il s’avança alors vers elle et lui arracha la bouteille qui alla se fracasser contre le mur.
— Dès lors que je vous ordonne quelque chose, vous devez obtempérer ! rugit-il.
Puis il la força à se lever et, tandis qu’il l’étreignait férocement, sa bouche avide captura les lèvres qui le rendaient fou de désir.
Renonçant à toute résistance vaine, le corps de Meradyce se figea avec résignation entre les bras d’Einar. Et, lorsqu’il s’écarta pour la regarder, il vit des larmes s’écouler des yeux clos.
Mais il refusa de s’attendrir. Il était un guerrier viking et elle n’était qu’une esclave, destinée à se plier aux quatre volontés de son seigneur et maître. Ce qu’elle ressentait ne devait en aucun cas l’émouvoir. D’autant qu’il avait déjà eu à se repentir d’une telle faiblesse quelques années auparavant…
Alors, résolu à la fermeté, il saisit un pan de la robe, tira brutalement dessus, et la déchira ainsi que la chemise qu’elle portait dessous. Puis il recula et, durant une éternité, sembla-t-il, contempla sa prisonnière.
Malgré l’affreuse honte qui la submergeait, Meradyce ne tenta rien pour se couvrir.
Figé de saisissement, le Viking contempla cette femme plus belle que ce qu’il n’avait jamais osé imaginer. Une femme dont la peau avait la perfection lisse de l’albâtre, dont les seins ronds et pleins semblaient, sous l’effet du froid, tendus par le désir. Une femme à la taille d’une finesse extrême, aux membres longs et graciles, à lachevelure d’ébène qui retombait en cascade sur ses épaules nues.
Embrasé soudain par le désir, Einar la souleva dans ses bras et la déposa sur le lit. Puis, ignorant la terreur qui agrandissait le regard de sa proie, il s’apprêta à desserrer son ceinturon… pour s’arrêter aussitôt.
Non, il n’avait pas le cœur d’abuser d’elle. Cette courageuse Saxonne se révélait aussi fière qu’un homme, aussi belle qu’une déesse. De surcroît, elle avait aidé Gunnhild à enfanter, alors qu’elle aurait pu garder le silence et laisser souffrir l’épouse de Hamar.
Il ne pouvait se résoudre à la posséder contre sa volonté.
— Einar !
Etouffant un juron en reconnaissant la voix de son père, le Viking se retourna vers la porte.
— Einar ! appela de nouveau Svend avant d’entrer dans la maison.
Du coin de l’œil, le Viking vit alors la captive se couvrir d’une fourrure prélevée du lit.
Svend considéra un instant celle-ci puis demanda :
— Serais-je arrivé trop tard ?
Einar ne répondit rien.
— Hamar et Gunnhild pensent qu’elle devrait être récompensée. Ils prétendent qu’elle n’a pas son pareil pour mettre les enfants au monde, et me demandent de lui rendre sa liberté. Puisque Helsa est morte et que personne au village ne se montre digne de la remplacer, j’ai accepté.
Consterné, Einar fit un pas vers son père. Par tous les dieux, cette femme lui appartenait ! Il l’avait trouvée, amenée ici et…
— Je suis heureux que tu te ranges à leur avis, mon fils. Je sais qu’Ingemar sera contente de ma décision.
Svend allait sortir, quand il se retourna pour ajouter :
— Tu seras responsable d’elle, Einar. Une femme d’une telle beauté aura besoin de protection. Je t’aurais bien demandé de l’épouser, mais je sais que tu préférerais te trancher la gorge plutôt que de te remarier. En attendant, assure-toi que personne ne porte la main sur elle sans son consentement. Nous avons besoin d’elle, ici. Et, ajouta-t-il en s’arrêtant sur le pas de la porte, ne t’avise jamais plus d’enfreindre mes ordres.
Einar réprima une grimace. Il avait osé défier son père, et celui-ci venait de trouver le meilleur moyen de le châtier.
Sans doute était-ce aussi bien ainsi. Et puis, Ingemar n’était-elle pas toujours prête à le rejoindre sur sa couche, pour lui offrir tout l’amour qu’il désirait ?
***
Pudiquement protégée par la couverture de fourrure, Meradyce avait considéré le
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