La mariage du Viking
bonne. Oubliant l’épuisement que lui avait causé son voyage en mer, elle n’avait pas hésité à offrir son aide à Gunnhild, qui, depuis, semblait convaincue que Meradyce était une déesse. Car elle montrait, malgré les épreuves, une vitalité et une bonne humeur exceptionnelles.
Endera restait d’ailleurs certaine que son père n’avait jamais touché la Saxonne. Ses hommes n’affirmaient-ils pas sans cesse qu’ils croyaient Einar trop orgueilleux pour posséder une femme sans son consentement ?
Peut-être le Viking l’avait-il emmenée avec lui simplement parce qu’il avait senti que cette femme ne le craignait pas. Ce qui constituait, aux yeux d’Endera, un véritable prodige, car son père la terrifiait au plus haut point. Un regard sévère de ce dernier, et la jeune fille se retrouvait au bord des larmes, en croyant que c’était à elle qu’il en voulait personnellement. Pourtant, elle savait aussi qu’il abhorrait la lâcheté.
Soudain, une exclamation de la Saxonne la tira de ses pensées.
— C’est extraordinaire ! Je n’ai vu cette herbe qu’une seule fois, dans un monastère !
Endera réprima un frisson de crainte. Elle avait entendu parler des monastères, ces lieux où les prêtres saxons vivaient dans le luxe, soutirant d’énormes sommes d’argentaux paysans, après les avoir menacés, s’ils refusaient de payer, de les vouer aux démons et aux flammes éternelles.
La jeune fille porta une main à sa gorge où pendait une amulette, l’effigie du marteau de Thor. Elle ne toucherait rien de ce qui venait d’un monastère.
En revanche, elle se promit d’apprendre en regardant Meradyce opérer. Elle n’espérait nullement être belle un jour mais, si elle savait montrer quelques dons en médecine, peut-être parviendrait-elle à inspirer un peu d’admiration chez ce père qui l’avait toujours détestée.
Dans un soupir, Endera se prit à songer que, si les Saxons l’enlevaient un jour, Einar ne le remarquerait même pas.
***
D’abord, Adelar avait montré un vif intérêt devant les chèvres dont Olva lui citait les noms les uns après les autres. Betha, quant à elle, ne cachait pas son enthousiasme tant elle adorait les animaux. Elle avait même trouvé un chaton près d’un entrepôt à grains, avec lequel elle semblait fort bien s’entendre.
Tandis qu’Adelar regardait sa sœur, il se prit à regretter son pays et sa maison. Du moins le croyait-il, car il grimaça en repensant aux dernières semaines passées auprès de ses parents. Il se souvint des trop nombreuses querelles qui opposaient ceux-ci, des disputes au beau milieu de la nuit, des accusations à peine murmurées, des larmes de sa mère. Il se rappela comment Betha se bouchait les oreilles de ses petites mains et, vite imitée par son frère, courait trouver refuge dans les bras de Meradyce.
Meradyce était son amie, sa gouvernante, son réconfort, et, plus que tout au monde, il avait désiré la sauver desgriffes des Vikings. Mais il avait échoué, bien que la jeune femme fût libre à présent. Il ne lui restait qu’à tenter de la protéger comme il le pouvait.
Adelar espérait sa mère assez raisonnable pour ne pas céder au désespoir. Comme lui, elle devait savoir que, tant qu’ils exigeraient une rançon, ces rapaces de Vikings ne les tueraient point.
Son père paierait, pour eux trois, tout ce que ces barbares demanderaient.
Olva, qui s’était mise à traire les chèvres, faisait gicler de temps à autre du lait tiède sur le museau du chaton, pour le plus grand plaisir de Betha qui partait alors d’un petit rire cristallin. Puis, une vieille femme les rejoignit, pour entamer avec Olva une conversation dans cet étrange langage qu’était le viking.
Adelar essaya de saisir quelques mots, mais les deux amies parlaient bien trop rapidement pour qu’il pût comprendre quoi que ce fût.
Alors, il se mit à observer les alentours. Le pré était clos par un mur de pierre relativement bas. De l’autre côté, se trouvait une pinède, assez clairsemée car l’on voyait courir loin le sentier qui la traversait.
Deux hommes, portant chacun un arc et un carquois, enjambèrent le muret pour se diriger vers le bois, et Adelar les observa non sans surprise. Les guerriers saxons parlaient toujours des haches et des épées des Vikings. Ignoraient-ils donc que ceux-ci utilisaient aussi des arcs ?
Une voix les appela de derrière les arbres, et les deux chasseurs pressèrent
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