La mariage du Viking
père et le fils d’un œil inquiet. Le patriarche avait-il aussi l’intention de la violer, ou venait-il seulement se délecter du spectacle ? Ou encore, regrettait-il sa décision de l’avoir cédée à Einar ? Les Vikings, racontait-on dans son pays, se battaient à propos de n’importe quoi. Peut-être ces deux-là allaient-ils s’affronter pour elle…
Comment avait-elle pu croire ce Viking différent des autres et se sentir en sécurité auprès de lui ? Et pourtant… Ne l’avait-il pas regardée avec respect, et ne s’était-il pas détourné quand il l’avait vue totalement vulnérable et désarmée devant lui ?
Le vieil homme sorti, Einar pivota sur lui-même et la contempla d’un air étrange.
— Vous êtes libre, annonça-t-il enfin.
Aussi stupéfaite qu’incrédule, Meradyce demeura sans voix.
— Vous êtes libre, répéta-t-il.
Puis il se baissa et ramassa les débris de la bouteille, tandis que son dos tanné et musclé luisait magnifiquement sous la lumière.
— Svend vous rend la liberté en récompense de l’aide que vous avez apportée à Gunnhild, expliqua-t-il en se redressant.
— Vraiment ? demanda-t-elle.
— Je ne mens jamais, répliqua Einar en la fixant de ses yeux gris acier.
— Alors… je peux partir ?
— De ma maison, oui.
— Et… de ce village ? hasarda-t-elle.
— Où donc pensez-vous aller ?
— Chez moi.
Un puissant rire s’échappa de la gorge du Viking.
— Désirez-vous réellement entreprendre un périple plus infernal que celui que nous venons de connaître ? Il est impossible de naviguer aussi loin avant le printemps, maintenant. D’autre part, comment comptez-vous payer votre traversée ?
Un sourire insolent sur les lèvres, il attendit calmement la réponse de Meradyce.
— J’ai beaucoup de dons.
— Je n’en doute point, madame.
Intimidée par le ton qu’il employait, la jeune femme baissa les yeux, puis répliqua :
— Je gagnerai l’argent nécessaire pour notre retour. Combien cela me coûtera-t-il ?
— « Notre » retour ? Qui vous accompagnera donc ?
— Les enfants, bien entendu.
— Vos petits protégés resteront ici.
— Quoi ? s’exclama Meradyce, frappée d’horreur.
— Nous les gardons en échange d’une rançon, annonça froidement Einar.
— Je ne partirai pas sans eux, déclara-t-elle, la tête haute.
— Ce ne sont pas vos enfants, dois-je vous le rappeler ?
— Ils m’ont été confiés. Je ne les abandonnerai pas.
Dans un silence lourd, Einar rajusta sa tunique sur ses puissantes épaules. Puis, il déclara, sans même regarder la jeune femme :
— Vous êtes loyale. C’est une qualité que j’admire.
Ce n’était pas la première fois que Meradyce se voyait complimentée de la sorte, mais jamais les paroles d’un homme ne l’avaient touchée à ce point. Sans savoir pourquoi, elle avait en effet la certitude qu’Einar ne parlait pas à la légère.
Cependant, elle préféra s’interdire la moindre émotion. Seul lui importait désormais de fuir cet endroit et d’emmener Adelar et Betha avec elle.
— Vous pouvez rester auprès de ma mère, avec les enfants.
Comme Meradyce ne bougeait pas, Einar ajouta, dans un sourire cruel :
— Avez-vous l’intention de rester dans mon lit, belle Saxonne ? Dans ce cas, je me ferai un plaisir de vous y rejoindre.
Rouge de honte et de fureur mêlées, Meradyce agrippa d’une main nerveuse la fourrure qu’elle se plaqua contre le corps, puis descendit maladroitement du lit. Alors, désemparée, elle considéra sa robe déchirée.
Devant ce désarroi, Einar eut un sourire indulgent et se dirigea vers l’un des coffres, dont il souleva lecouvercle pour en sortir une parure dont la beauté frappa Meradyce. Cousue dans un drap de couleur pourpre, elle avait le col richement brodé de motifs délicats.
— Tenez, dit-il en jetant près d’elle le vêtement accompagné d’une ceinture.
Totalement désorientée par l’attitude du Viking, la jeune femme n’osait croire ce qui lui arrivait. D’abord terrorisée et certaine que cet homme allait la violer, elle s’entendait annoncer qu’elle était libre. Einar la laissait partir… non sans s’être accordé auparavant le plaisir de la dévêtir entièrement, pour lui offrir ensuite la plus belle robe qu’elle eût jamais vue.
Meradyce l’accepta d’une main hésitante, tandis qu’Einar fouillait encore dans le coffre pour en tirer un linge
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