La mariage du Viking
un arôme délicieux s’échappait de la marmite au-dessus du feu.
Meradyce sourit à la seule femme restée en leur compagnie, qu’Olva lui avait présentée sous le nom de Reinhild, en précisant que la jeune femme s’était trouvée enceinte après la mort d’Helsa et donc n’avait jamais été examinée. Lorsque Meradyce lui eut confirmé que tout se passait pour le mieux, Reinhild, satisfaite, se leva pour partir. Ce fut alors qu’un bruit provenant du seuil les figea toutes deux.
Einar entra, avec sur les bras un coffre qu’elle se rappela avoir aperçu chez lui. Avant même qu’elle eût le temps de demander des nouvelles d’Adelar, le garçon passa en trombe devant Einar et se précipita vers elle, un grand arc dans les mains.
— Regarde ce qu’il m’a donné ! s’écria-t-il. Et je suis le meilleur tireur ! Meilleur que tous les autres !
Ravie pour le jeune garçon, Meradyce aurait cependant voulu disparaître sous terre lorsque le Viking s’approcha à son tour. La présence de Reinhild et son regard curieux la gênaient. Pour ne rien montrer de son embarras, elle feignit d’être fascinée par l’arme qu’Adelar brandissait.
— Hamar voudrait que je vous remercie encore, déclara Einar en posant le coffre dans un coin.
Meradyce ne broncha pas.
— Il vous faut d’autres vêtements, ajouta-t-il avec brusquerie. Cette robe est indécente.
— A qui la faute ? répliqua-t-elle avec hardiesse. Que je sache, vous ne m’avez pas laissé le temps de réunir mes effets avant de m’enlever.
Ignorant l’expression surprise d’Olva, Meradyce préféra soutenir le regard de celui qui la toisait, furieuse de lui devoir la désagréable impression d’être exposée comme un article à vendre sur un marché.
De surcroît, si les femmes vikings se révélaient aussi cancanières que les Saxonnes — l’après-midi passé en leur compagnie en avait d’ailleurs convaincu Meradyce —, la nouvelle du cadeau offert par Einar se répandrait rapidement dans tout le village. Une fois de plus, elle deviendrait un sujet de bavardages et de spéculations. Même ici, Meradyce ne serait pas épargnée.
— Permettez-moi donc de faire amende honorable, articula Einar dans un sourire crispé.
Fort heureusement, il n’en dit pas davantage et se retira.
Olva reprit son tissage, mais Reinhild dévisagea Meradyce comme si elle était devenue folle, tandis qu’Endera paraissait tout aussi choquée. Betha, quant à elle, souriait.
— Meradyce ! lança soudain Adelar sur un ton grave. Je suis même meilleur que lui ! Meradyce, tu m’entends ?
— Oui, Adelar, je t’entends, répondit-elle distraitement. Et je suis fière de toi.
Malgré cette affirmation, Adelar demeura rongé par un sentiment de frustration, de plus en plus conscient que ce Viking accaparait un peu trop les pensées de la jeune femme.
Et pourtant, il n’était pas digne d’elle, songeaitl’adolescent, la rage au cœur. Meradyce restait une Saxonne, après tout ! D’une beauté altière qui compensait largement son manque de noblesse. Et elle représentait l’amour de sa vie.
Chapitre 5
Après le repas du soir, Einar, Hamar et Svend se retrouvèrent chez ce dernier pour une importante discussion.
— Cent pièces d’argent ne suffisent pas, déclara tranquillement Svend avant d’avaler une longue gorgée d’ale.
— Père, répliqua Hamar sur le même ton, nous avons dérobé tout ce qui avait de la valeur dans le village saxon. Ils auront le plus grand mal à réunir cent pièces d’argent.
Svend lâcha un puissant rot avant de répliquer :
— Cet homme nous a payé cinq cents pièces pour faire tuer sa femme. Ses enfants — son fils — valent bien au moins cette somme.
— Peut-être pourrions-nous demander deux cents pièces pour le garçon, et cinquante pour la fille, suggéra Hamar.
— Sa famille doit être riche, reprit Svend. Demandons cinq cents pièces pour le garçon, et cent pour la fille.
— Je maintiens que c’est trop, père. Mieux vaut obtenir une faible rançon que point du tout. Si elle est trop élevée, le Saxon pourrait nous laisser les enfants sur les bras. Après tout, c’est le meurtre de sa femme qu’il exigeait.
— Il ne voudrait pas risquer de faire tuer Adelar, intervint enfin Einar. Ce garçon possède toutes les qualités qu’un homme désirerait trouver chez son fils.
Hamar jeta à son frère un bref regard de surprise, puis se détourna.
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