La mariage du Viking
village qu’ils pillaient, Einar semblait avoir perdu tout sens des réalités.
Son regard balaya longuement la salle. Tous les guerriers de Svend étaient présents, qui écoutaient le barde et buvaient. Plusieurs femmes aussi déambulaient pour servir bière ou hydromel, et parmi elles, Ingemar.
Elle s’arrêta devant le Viking pour lui verser une pinte de son breuvage favori, et lui sourit d’un air engageant. Il ne répliqua rien, mais la regarda s’éloigner en ondulant des hanches.
Ingemar était une compagne des plus agréables. Alors que la Saxonne, malgré sa grande beauté, semblait aussi froide que les montagnes de glace flottant sur les eaux. Cet après-midi, pas une fois elle n’avait levé les yeux sur lui, excepté lorsqu’elle avait osé le défier.
A ce souvenir, Einar ne put réprimer un sourire. Jamais aucune de ses compagnes n’avait eu le courage de l’affronter ainsi. Elle lui avait parlé d’égale à égal, et il comprenait soudain que pareille hardiesse lui plaisait infiniment.
Puis Einar se rappela que les femmes ne servaient qu’à procurer du plaisir physique. Mieux valait doncse débarrasser l’esprit de Meradyce jusqu’à en oublier totalement l’existence.
Ingemar repassa devant lui, mais, cette fois, Einar la saisit par le poignet et la fit asseoir sur ses genoux. Alors, une main l’enlaçant par la taille et l’autre lui remontant sur la cuisse, il l’embrassa furieusement.
Dans un rire de gorge, Ingemar s’écria :
— Ah, voilà que je retrouve mon Einar ! Je commençais à croire que tu n’étais qu’un troll égaré dans notre village.
— Je me ferai un plaisir de te prouver que je suis bien un homme.
Les bras autour du cou de son compagnon, elle se pressa voluptueusement contre lui.
— Ne te fais pas prier, lui murmura-t-elle à l’oreille avant de lui en mordiller le lobe.
Dans l’espoir d’oublier la Saxonne, et pour s’assurer que sa fièvre soudaine n’avait rien à voir avec celle-ci, Einar souleva Ingemar par la taille et l’emmena au-dehors.
De nouveau interrompu, le barde jeta un regard courroucé vers la porte qui grinça en s’ouvrant. Parce qu’il s’agissait d’Einar, cependant, il attendit patiemment que la porte se refermât.
En voyant ce dernier sortir avec Ingemar dans les bras, Lars réprima un soupir et avala une nouvelle lampée d’hydromel. Tant que la jeune femme éprouverait cette attirance pour Einar, il savait qu’il n’avait aucun espoir de l’épouser. Il devrait donc garder un peu plus longtemps son secret dans son cœur.
Ull, assis au fond de la pièce, ne perdit cependant rien de la déception de Lars. Il donna un coup de coude à Siurt et lui souffla :
— Einar devrait apprendre à se montrer un peu plus discret.
***
Allongée sur sa paillasse, Meradyce ne trouvait pas le sommeil. Habituée à vivre seule, elle était gênée par les moindres bruits de ceux qui dormaient non loin d’elle.
Doucement, elle repoussa le bras que Betha lui avait passé autour du cou. Il était très tard et, cependant, lui parvenait encore le vacarme des hommes, dans la grande salle de réunion, chez Svend. Jamais elle ne s’habituerait aux chants des Vikings, qui lui rappelaient des hurlements de chiens affamés.
La maison d’Olva lui paraissait étouffante. Si elle se montrait prudente, peut-être oserait-elle se risquer à sortir pour respirer un peu d’air frais.
En silence, Meradyce se glissa hors de la paillasse. Sur sa chemise, trouvée parmi les vêtements que lui avait offerts Einar, elle passa une robe de laine provenant également du coffre laissé à sa disposition par le Viking. Puis, elle se dirigea doucement vers la porte et regarda au-dehors.
Le village entier semblait dormir, à moins qu’ils ne fussent tous dans la maison de Svend. Discrètement, Meradyce sortit dans la nuit glacée et se dirigea vers l’arrière de la grande salle.
La lune, haut dans le ciel, donnait aux bâtisses une lueur blafarde et formait par terre des ombres inquiétantes. Frissonnante, Meradyce s’assit un moment sur une grande pierre et contempla les nuages épars qui, par instants, voilaient l’astre blanc.
Une inexplicable sensation de paix l’envahit tandis qu’elle regardait, en contrebas du mur d’enceinte, la rivière serpenter à travers les arbres en direction du fjord. Sous le clair de lune, l’eau scintillait tel un ruban d’argent.
Comment un pays aussi froid et inhospitalier pouvait-il
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