La mariage du Viking
dans sa main. Puis il considéra Ilsa dont le visage maigre et sec affichait un sourire satisfait.
Meradyce jeta aux deux femmes un regard incendiaire avant de déclarer à Einar :
— Dites-leur que, si elles s’avisent de me toucher de nouveau, je les tuerai.
Pas un seul instant Einar ne douta de la promesse. Sans rien répondre, il la regarda sortir, la tête haute, les épaules droites, l’allure fière.
Lorsque, du dehors, lui parvint le murmure consterné que l’apparition de la malheureuse arracha à la foule, il s’autorisa un rictus de dédain. Puis il annonça d’une voix dure :
— Elle a dit qu’elle vous tuerait si vous osiez la toucher encore. Elle ne plaisantait pas. Et, si ce n’est pas elle, c’est moi qui le ferai !
L’air suppliant, Ingemar fit un pas vers Einar.
— Depuis son arrivée, elle ne nous créait que des ennuis…
Il l’interrompit d’une main levée.
— Plus jamais tu ne me serviras du vin, et plus jamais tu ne m’adresseras la parole, Ingemar.
Sur ces mots, le Viking sortit à son tour. Tandis que les badauds commençaient à se disperser, il aperçut la Saxonne qui s’éloignait. Et, à sa grande surprise, il vit qu’elle se dirigeait, non pas vers la maison d’Olva, mais vers la sienne.
D’un pas rapide, ignorant les curieux qui s’attardaient encore, Einar suivit Meradyce. Lorsqu’il la rejoignit chez lui, il la trouva au milieu de la pièce, les bras croisés, la tête baissée, qui lui tournait le dos.
— Vous ont-elles fait du mal ? demanda-t-il doucement.
Lorsqu’elle fit volte-face pour lui répondre, Einar fut étonné de l’expression qui transfigurait ses traits. Elle lui rappelait celle d’un guerrier viking, que l’approche d’une bataille animait d’une rage singulière.
— Je voudrais Endera, exigea-t-elle d’une voix forte. Je la veux ici. Maintenant.
— Pourquoi ? interrogea Einar, stupéfait.
— J’ai dit que je voulais Endera ici, tout de suite.
— Peut-être que ma mère…
— Je ne veux pas de pitié. Je veux Endera. Elle sait garder le silence.
Le regard vibrant, Meradyce fixait Einar sans sourciller.
Selwyn avait dit la vérité à propos de la Saxonne. Elle était fière. Et sa révolte était d’autant plus légitimequ’elle voyait aujourd’hui son honneur et son sens de la justice bafoués.
Elle n’avait rien fait pour mériter la hargne cruelle de ces deux harpies. Elle avait seulement tenté d’aider, comme elle le pouvait, les femmes du village.
Et qu’avait-elle obtenu en guise de gratitude : une chevelure sauvagement coupée. Une humiliation à nulle autre pareille ! Si ces créatures cherchaient une raison de la haïr, Meradyce allait la leur fournir sans plus attendre. Ce soir même !
— Je veillerai à ce qu’elles soient châtiées, promit Einar qui redoutait à présent la vengeance de la Saxonne.
— Non. Je m’en chargerai moi-même.
— Vous êtes une femme…, objecta-t-il.
— Elles aussi ! trancha Meradyce sur un ton de défi.
Elle réfléchit un instant, puis continua d’une voix presque douce :
— Je peux comprendre la réaction d’Ingemar… Mais, pourquoi les deux autres l’ont-elles aidée dans cette vile besogne ?
— Ce sont les épouses de Ull.
Meradyce ne chercha nullement à dissimuler son étonnement puis reprit :
— Je comprends. Maintenant, faites venir Endera.
— Etes-vous certaine de… ?
— Oui !
Devant la détermination de la jeune femme, Einar n’insista pas et partit quérir sa fille.
***
— Einar ?
Le Viking leva les yeux vers Ull assis près de lui, dans le hall de Svend.
— Je regrette ce que mes épouses ont fait.
— Tu ne le regretteras jamais assez, Ull.
— Je les battrai pour cela.
— Evite, dorénavant, que leurs chemins se croisent avec celui de Meradyce, lui conseilla Einar.
— Quelle a été sa… ?
Il s’interrompit net en voyant tous les hommes tourner la tête vers l’entrée.
Fière et digne, Meradyce s’immobilisa sur le seuil pour jauger l’assistance d’un air de défi. Elle avait lavé ce qui restait de ses cheveux, et ceux-ci retombaient maintenant en boucles autour de son visage, ce qui flattait davantage encore la finesse de ses traits.
Une exquise robe bleue la parait, soulignant le reflet marine de ses yeux, tandis que, épinglée près de son cœur, scintillait une petite broche ronde en argent. Einar sut immédiatement que cette tenue ne venait pas du
Weitere Kostenlose Bücher