La mariage du Viking
voudra.
— Je le sais. Et je redoute le moment où je devrai lui parler. Mais, dis-moi, Einar, puisque je pars bientôt, vas-tu épouser la Saxonne ?
— Non.
***
— Lars s’en va ? demanda Hamar, incrédule.
— Je n’arrive pas à y croire moi-même, déclara Svend fort courroucé. Tout cela à cause d’une femme !
— Il veut Ingemar pour lui.
— Eh bien, qu’il l’épouse. Mais, par Odin, c’est un homme ! Ingemar devrait lui obéir. Qu’arrive-t-il à mes guerriers pour s’attendrir de la sorte ?
Hamar se garda bien de rappeler à son père que lui non plus n’avait reculé devant rien pour plaire à ses épouses ; et qu’il continuait encore à offrir de généreux présents à celles dont il avait divorcé des années plus tôt.
— Et comme cela ne suffisait pas, ajouta Svend, il y a cette ridicule rivalité entre Ull et Einar.
— Pourtant, Einar ne semble pas particulièrement attiré par la Saxonne.
— Serais-tu aveugle, mon fils ? N’as-tu pas vu la façon dont il la regarde ? Par la foudre de Thor ! Il me fait penser à un adolescent énamouré. Quant à Ull…
— Peut-être Meradyce jettera-t-elle son dévolu sur Ull, et nous n’en parlerons plus, hasarda Hamar.
— Aucune femme ne s’aviserait de préférer Ull à mon fils !
Hamar dissimula un sourire.
— Certes, non, père. Mais tu sais ce qu’Einar pense du mariage. Et, qu’en dit Olva ?
— Qu’est ce vacarme ? demanda brusquement Svend.
A cet instant, des cris s’élevèrent dans la rue, et les deux hommes se levèrent précipitamment.
Dehors, ils aperçurent Ilsa qui se dirigeait vers le centre du bourg, vêtue de braies appartenant à Ull, dans la ceinture desquelles elle avait passé sa robe. D’une main ferme, elle retenait le pantalon trop grand, tandisque l’autre se balançait contre son corps au rythme vif de ses pas.
Le village entier regardait cette femme qui, en suivant une tradition ancestrale, manifestait son désir de demander le divorce. Certains dans la foule la montraient du doigt et riaient à son passage. D’autres paraissaient inquiets, sachant que ce divorce pouvait conduire à une lutte sanglante.
— Où est Ull ? demanda Svend dont la voix vibrait de colère.
— Je ne l’ai pas vu aujourd’hui, répliqua Hamar. Il est sans doute parti chasser.
— Arrête Ilsa immédiatement, lui ordonna son père. Et trouve Ull. Puis amène-moi ici Einar et cette Saxonne.
***
Un moment plus tard, Ilsa, Einar, Meradyce et Ull se tenaient dans la grande salle de la maison de Svend. Assis dans son fauteuil de chef, ce dernier les considérait d’un œil courroucé.
Du coin de l’œil, Einar vit sa mère se frayer un chemin pour mieux assister à la scène.
— Cette mascarade doit cesser immédiatement, s’exclama Svend en foudroyant Meradyce du regard.
Puis, il se tourna lentement vers son fils et articula :
— Einar épousera cette femme.
— Injustice ! s’écria alors Ull. Tu as dit que c’était à elle de choisir.
— Oserais-tu me défier, Ull ? interrogea Svend d’une voix menaçante.
— Je voulais simplement te rappeler ta propre décision.
— Tu as raison, Ull. Mais j’ai changé d’avis, et voici mes ordres : la Saxonne sera la femme d’Einar.
— Je demande que cette décision soit portée devant le Althing, protesta Ull.
Il évoquait la cession annuelle, durant laquelle se discutaient les affaires diverses qui pouvaient opposer certains villageois.
— Je pense que personne ici ne considère le mariage comme une affaire à porter devant le Althing, objecta calmement Svend. J’ai pris ma décision, et je ne reviendrai pas là-dessus.
Au cours de la discussion, Einar n’avait pas quitté son père des yeux, semblant parfaitement ignorer la femme qui se tenait à côté de lui. Maintenant son épouse.
Il savait qu’il avait le droit d’interrompre Svend et rétorquer qu’il ne désirait pas de femme. Mais contredire son père devant tous signifierait alors qu’il prétendait au commandement du village.
Ce fut, tenta-t-il de se persuader, la seule raison pour laquelle il ne contesta pas la décision de Svend. Cependant, Einar ne voulut pas chercher pourquoi son cœur battait soudain à tout rompre.
— Que se passe-t-il ? demanda alors Meradyce.
— Vous êtes dorénavant mon épouse, annonça-t-il simplement à la Saxonne.
— Quoi ?
— Svend vient de faire de moi votre mari.
— Il a pourtant dit
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