La mariage du Viking
s’apprêtait à ôter sa tunique quand il se rendit compte qu’il n’était pas seul.
— Par tous les dieux !… s’exclama-t-il avant d’achever de se dévêtir. Que voulez-vous ?
— Pourquoi ignorez-vous sciemment Endera ? demanda-t-elle d’une voix empreinte de dureté.
Einar se retourna lentement vers la Saxonne. Son torse nu luisait à la lueur vacillante de la flamme et ses longs cheveux blonds lui caressaient les épaules. Mais, dans l’obscurité ambiante, ses traits restaient indéchiffrables.
— La façon dont je me conduis ne vous regarde pas.
— Vous lui faites du mal, et vous le savez. Elle vous aime beaucoup.
Rejetant sa tunique au loin, Einar tendit la main vers une outre de vin.
— Je comprends que vous lui reprochiez la mort de votre femme, continua Meradyce, mais votre attitude revient à la punir injustement, puisqu’elle n’est nullement responsable de votre malheur.
Avant de répondre, Einar avala une longue gorgée de vin.
— Etes-vous sûre de vraiment comprendre ? observa-t-il avec froideur.
— Oui. J’ai déjà vu des mères mourir en couches.
— Savez-vous combien j’aimais la mère d’Endera ?
Ignorant la jalousie qui lui mordait le cœur, Meradyce répondit :
— J’imagine combien vous avez dû souffrir. Mais même si cela vous coûte, vous devez parler à Endera, sinon votre mépris finira par la rendre malade de chagrin.
— C’est une véritable torture pour moi que de me trouver auprès d’elle, avoua Einar en s’avançant vers la jeune femme.
— Prenez sur vous, l’implora-t-elle. Pour le bien d’Endera, je vous le demande.
Comme le Viking s’approchait lentement de Meradyce, elle put enfin distinguer son visage.
— Vous ne comprenez rien, lâcha-t-il, glacial.
Devant la cruauté de ces paroles, la Saxonne demeura muette. Einar hésita un instant, puis fixa sur elle un regard dur.
— Avant même la naissance d’Endera, je haïssais déjà sa mère.
— Pourquoi ? osa-t-elle demander.
— Endera n’est pas ma fille.
— Mais… vous avez dû la reconnaître, répliqua-t-elle, intriguée. Aucun guerrier viking n’accepterait un enfant qu’il n’estimerait pas être le sien.
Einar partit d’un rire amer et s’écarta de Meradyce.
— Avant de mourir, ma femme m’a annoncé que l’enfant qu’elle portait n’était pas le mien, mais Nissa mentait comme elle respirait. Je n’ai pas voulu la croire. Elle était capable par ce mensonge de seulement chercher à me…
— A vous blesser ? acheva Meradyce, bouleversée.
— Oui.
— Mais, dans quel but ?
— Je l’ignore. Pourquoi une femme cherche-t-elle à blesser son mari ?
— Parce que lui-même l’a blessée auparavant, répliqua la Saxonne.
Einar se retourna vivement avant de déclarer :
— Vous croyez donc tout savoir, madame ! Eh bien,cette fois vous vous trompez. Je n’ai rien fait qui ait pu la blesser. Je l’aimais. Beaucoup trop, sans doute ! J’ai découvert bien tard ce qu’elle était vraiment. Une putain ! Un homme la regardait par deux fois, et elle se retrouvait dans son lit. Elle ne m’a épousé que parce que j’étais le fils du chef, pour rendre les autres femmes jalouses d’elle, et pour s’attirer les faveurs d’autres guerriers encore.
Derrière l’amertume, Meradyce devina la douleur d’Einar. Son cœur s’emplit alors de compassion pour le Viking.
— Je comprends…
— Vous savez maintenant pourquoi j’ai reconnu Endera. Vous pouvez donc vous retirer.
— Etait-ce la seule raison pour laquelle vous l’avez recueillie ?
— Oui.
Cependant, Meradyce avait vu Einar en compagnie d’Adelar et de Betha. Elle avait constaté combien il se montrait attentionné pour eux.
— Vous mentez.
— Personne n’ose jamais m’accuser de mensonge, rétorqua-t-il en la saisissant violemment par les épaules.
Il était trop tard, Meradyce n’avait plus peur de lui. Jamais Einar ne l’effraierait plus.
— Vous avez eu pitié de cette enfant, c’est tout. Si petite, si fragile, elle attendait que vous lui fassiez honneur ou que vous la rejetiez. Son avenir dépendait de vous. De vous seul.
— Oui ! s’écria-t-il en repoussant la jeune femme. Oui…
Le cœur chaviré par l’émotion, Meradyce s’approcha du Viking et lui posa une main sur le bras.
— Einar, je ne savais pas…
— Comprenez-vous à présent comme il m’est difficile de me retrouver en face d’Endera, de
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