La mariage du Viking
homme avec son petit protégé.
— Viens avec moi, dit-il au jeune garçon.
Adelar chercha à objecter, mais les paroles d’Einar avaient la force d’un ordre. Il se vit donc contraint d’obéir.
Le Viking le conduisit ainsi hors des limites du village, jusqu’au champ où les guerriers s’entraînaient au combat. Einar apprécia l’air vif qui l’aida à recouvrer ses sens, après les instants d’émotion passés auprès de Meradyce.
Il s’assit sur un roc et fit signe à son compagnon de l’y rejoindre.
— Les sentiments que tu éprouves, lui expliqua-t-il alors, et le choix avisé que tu sais faire des femmes sont tout en ton honneur. Mais tu dois te rendre à l’évidence que Meradyce est trop âgée pour toi.
Adelar lui jeta un regard sceptique.
— Tu es jeune. Les meilleures années de ta viet’attendent encore. Tu rencontreras beaucoup de femmes avant de trouver celle qui te conviendra.
— C’est ta manière de voir les choses, pas forcément la mienne, protesta Adelar.
L’entreprise s’annonçait plus difficile que ne l’aurait cru Einar.
— Pourquoi convoites-tu Meradyce ? demanda-t-il, intrigué.
— Je n’ai pas à te répondre.
— Dans ce cas, je répondrai pour toi, rétorqua le Viking. Tu la désires parce qu’elle est douce, belle et intelligente.
— Pourquoi me le demander, si tu le sais ?
— Parce que nous avons tous deux les mêmes raisons de l’aimer.
— Si tu l’aimes, reprit le garçon d’une voix dure, pourquoi l’avoir violée ?
— Je ne l’ai pas violée, s’indigna Einar. Je l’ai aimée, Adelar. Et elle m’a aimée à son tour. C’est elle qui m’a choisi. Je ne l’ai forcée en rien.
Le visage écarlate de fureur, Adelar se leva d’un bond.
— Je ne vous crois pas !
— Alors, c’est moi qui te le dirai.
A ces mots, Einar se retourna vivement pour voir Meradyce s’avancer vers eux, enveloppée dans une épaisse cape de laine.
— Assieds-toi, dit-elle gentiment au jeune garçon.
Adelar obéit de mauvaise grâce, et la Saxonne vint le rejoindre sur le roc. Plongeant gravement son regard dans le sien, elle déclara :
— Ecoute-moi, Adelar. J’aime profondément Einar. Tu sais d’ailleurs quel genre d’homme il est.
— C’est un sauvage et un barbare…
— Non ! C’est ta fierté blessée qui parle. Einar est un valeureux guerrier, comme tu le seras toi-même. Il possède de l’honneur, il est loyal et bon. Il ne m’a pas prise… Je me suis donnée à lui.
— Peut-être oublies-tu qui tu es, riposta Adelar. Moi, je ne l’oublie pas.
Einar vit alors rougir le visage de Meradyce. Etait-ce de honte ?
— Les Saxons ne sont pas meilleurs que les autres, dit-il d’une voix tranquille en fixant le jeune garçon. Sais-tu comment nous avons trouvé ton village, Adelar ? Vous avez… il se trouve un traître parmi ton peuple glorieux.
— Tu mens !
— Je ne mens jamais.
— Qui est-il, alors ?
— Demande à ton père.
— Je ne te crois pas, s’écria Adelar en se levant d’un bond. Je te déteste ! Je vous déteste tous les deux !
Déconcertés par la violente réaction du jeune garçon, Meradyce et Einar le regardèrent s’enfuir en courant vers le village, et comprirent qu’il avait besoin d’être seul. La Saxonne tourna vers Einar un visage où se lisait aisément la consternation.
— Ainsi, il y avait un traître dans notre village ?
— Oui, répliqua Einar en la réconfortant entre ses bras.
— Qui était-ce ?
— Kendric.
Meradyce ne put réprimer un sursaut d’horreur.
— Kendric ? Mais, dans quel but ? Pourquoi trahirait-il son propre peuple ?
— Il voulait que nous tuions quelqu’un. Il avait offert beaucoup d’argent, et le village à lui tout seul représentait un important butin.
— Qui voulait-il… ? Ludella ! Il voulait que vous tuiez Ludella, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi vous regardiez aussi intensément le crucifix que je portais au cou. Vous pensiez que j’étais la mère des enfants. C’est affreux… Kendric… J’ai de la peine à le croire.
— Vous me croyez, n’est-ce pas ? demanda le Viking.
— Certes, oui. Mais je ne pense pas qu’Adelar doive le savoir.
— Je lui en aurai parlé avant qu’il ne retourne dans son pays. Un jour, il sera le chef de son peuple, et il doit savoir que l’ennemi est partout.
Meradyce savait que les prédictions d’Einar allaient un jour se réaliser. Adelar avait
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