La mariage du Viking
suite du jeune garçon. L’intérieur de la hutte, obscur et inhospitalier, sentait une odeur de laine rance.
— Assieds-toi là, dit Adelar à sa sœur.
Celle-ci obéit tandis que son frère se débarrassait de sa cape pour la lui glisser sur les épaules. Elle pensa un instant protester, mais n’en eut pas le courage tant le vêtement lui semblait chaud.
Comme ses yeux s’habituaient lentement à l’obscurité, la fillette vit Adelar sortir un objet du baluchon qu’il portait sur le dos. Il s’agenouilla alors devant des pierres posées en cercle au centre de la pièce, puis réunit des morceaux de bois et un peu de paille. Enfin, il frappa à plusieurs reprises deux cailloux l’un contre l’autre, jusqu’à ce qu’une étincelle jaillisse et enflamme le fagot ainsi préparé.
Adelar venait d’allumer un feu ! Immensément soulagée, Betha s’en approcha, mais Adelar la repoussa d’un geste doux.
— Tu es trempée. La neige de tes vêtements risque d’éteindre le feu. Laisse-moi trouver un peu plus de bois.
Résignée, la fillette s’assit par terre, un peu plus loin. Nulle part elle ne voyait de bois, mais Adelar trouva en revanche une vieille chaise à laquelle il manquait un pied. Il la souleva et la précipita sur le sol afin de la briser.
— Il nous en faudra encore, marmonna-t-il, insatisfait. Mais cela ira pour l’instant.
Retournant à son baluchon, Adelar en sortit cette fois une miche de pain.
— Mange un peu, dit-il à sa sœur qui cessait progressivement de grelotter.
Betha se sentait trop épuisée pour avaler quoi que ce fût, mais le ton ferme de son frère suffit à l’en persuader. Tandis qu’elle mangeait, elle recouvra un peu de ses forces, juste de quoi lui donner envie de satisfaire sa curiosité.
— Où allons-nous ? demanda-t-elle timidement.
— Je te l’ai dit. A la maison.
— Mais comment ?
— J’ai écouté ce que disait Thorston, et je lui ai posé des questions. Je sais où il y a un autre village. Quelqu’un là-bas nous aidera.
— Pourquoi voudra-t-il nous aider ? interrogea Betha, sceptique.
— Parce que nous avons beaucoup d’argent, répliqua Adelar en secouant la pochette de cuir qui pendait à sa ceinture.
Un tintement métallique résonna dans la pièce humide.
— Où as-tu eu de l’argent ? s’inquiéta la fillette.
— Cela n’a pas d’importance.
— Tu l’as volé ! s’écria-t-elle, indignée.
— Et alors ? rétorqua son frère. Eux aussi nous ont volés !
— Pas Thorston, lui fit remarquer Betha.
— Il nous fallait cet argent pour rentrer à la maison.
— Et combien de temps allons-nous rester ici ? demanda-t-elle en regardant autour d’elle.
— Il nous faut attendre que la neige s’arrête.
— Cela peut durer longtemps…
Si Adelar le pensait aussi, son visage n’en laissa rien paraître. Pas plus qu’il ne trahit le brusque sentiment de culpabilité qui le terrassait soudain.
Avait-il eu tort d’entraîner Betha avec lui ? Elle était si petite… et pourtant, il n’avait pu se résoudre à l’abandonner aux Vikings.
Cependant, elle semblait heureuse parmi eux. Et Einar avait promis de les ramener dans leur pays au printemps. Mais Meradyce, qu’il avait honteusement enlevée à son village, ne rentrerait pas avec eux.
Pour cela, Adelar haïrait Einar à tout jamais.
Betha laissa échapper un bâillement, et son frère se rendit compte qu’elle frissonnait encore, alors que le feu l’avait lui-même déjà réchauffé.
— Couche-toi et essaie de dormir, lui dit-il.
***
Suivi de ses deux chiens, Einar se rendit aussitôt dans l’écurie. Un regard rapide lui apprit qu’aucun cheval ne manquait. Les enfants n’avaient pu aller loin, mais cela signifiait aussi qu’ils pouvaient se perdre dans la tempête de neige.
Le Viking courut alors vers la maison de Svend. Le sol crissait sous ses pieds et il ne distinguait pas ses mains quand il les tendait devant lui. Heureusement, les rudes voix des guerriers réunis dans le hall l’y conduisirent aussi sûrement que l’aurait guidé un feu allumé dans la nuit.
Tous étaient en train de festoyer et s’enivrer, pourfêter la venue au monde des fils de Svend. A l’entrée d’Einar, un silence brutal s’abattit dans la grande salle.
— Les enfants saxons ont disparu, annonça-t-il d’une voix étranglée.
— Quoi ? s’écria Ull dont la bière jaillit de sa corne.
— Les enfants saxons ont
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