La mariage du Viking
observa le ciel nuageux. Ingemar prétendait qu’il était encore trop tôt pour traverser les mers, mais s’il ne prenait pas le risque de partir avant l’arrivée des beaux jours, il perdrait le bénéfice de l’effet de surprise.
Le thane se retourna et aperçut un cavalier solitaire arrivant du sud. Un homme à la silhouette importante mais aucunement familière. Celui-là devait avoir entendudire que Kendric offrait des gages intéressants à tous ceux qui accepteraient de se battre pour lui.
Un sourire en coin, le thane se dirigea vers sa maison, là où l’attendait Ingemar.
***
Vibrant de rage, Lars regardait le drakkar ennemi qui oscillait doucement sur l’eau. D’eux-mêmes, les Saxons n’auraient pu découvrir la façon de construire un bateau viking. Quelqu’un de la partie les y avait forcément aidés. Une personne qui n’était autre qu’Ingemar, fille de constructeur de navires.
Cependant, songea-t-il avec un sourire désabusé, les proportions n’étaient pas parfaites. Comme la plupart des constructeurs vikings, Bjorn travaillait à l’instinct, sans plan réel. Et personne, à sa connaissance, ne se montrait capable d’imiter son génie.
Ingemar était une traîtresse. Lars la débusquerait, comme il avait fini par trouver cet endroit, au bord de la rivière. En discutant avec les aubergistes de la ville, il avait en effet compris que la jeune femme s’était vendue à Selwyn le Saxon, probablement en vue de pactiser avec l’ennemi afin d’obtenir sa vengeance.
Les suivre en territoire saxon avait représenté une périlleuse expédition pour un Viking solitaire. Il avait été maintes fois obligé de se cacher et d’attendre pour éviter ses ennemis, rallongeant ainsi son voyage de plusieurs jours. De surcroît, le mauvais temps, son manque de connaissance du pays et de la destination exacte du couple n’avaient guère favorisé son entreprise.
Lars étudia longuement les alentours et eut la certitude qu’il s’agissait bien du village pillé par les Vikings. Les Saxons l’avait reconstruit, en y ajoutant desfortifications. A n’en pas douter, Ingemar était venue trouver le thane, dont Einar avait enlevé les enfants, dans le but de négocier des renseignements sur eux.
Ingemar avait trahi son peuple. Elle avait aidé les Saxons à construire ce drakkar ; Lars y retrouvait indubitablement la patte de Bjorn. Et la haine qu’elle vouait à Einar la pousserait un jour ou l’autre à conduire ces mêmes Saxons jusque devant son propre village.
— De quel droit te trouves-tu ici ? lança une voix derrière lui.
Lars pivota d’un bond et brandit sa hache. Le laboureur considéra d’un œil parfaitement incrédule le guerrier viking qui le toisait. Mais sa surprise ne dura pas. Un violent coup de hache lui fendit le crâne, qui l’envoya aussitôt rejoindre le pays des morts.
Alors, poussé par une rage fulgurante, Lars se rua vers le village et passa en courant la grande porte restée ouverte. Il savait où trouver la maison de Kendric. A qui d’autre, sinon un thane riche et puissant, Ingemar oserait-elle vendre son propre peuple ?
Au même endroit, s’élevait une autre bâtisse de bois, d’où sortaient quelques soldats, au moment précis où Lars arriva. Stupéfaits, ils regardèrent le guerrier fondre sur eux sans leur laisser le temps de réagir. La hache du Viking s’abattit sur l’un, puis sur l’autre, sous l’œil terrorisé de quelques villageois qui prirent leurs jambes à leur cou.
— Ingemar ! hurla Lars en faisant irruption dans la maison de Kendric.
Une femme poussa un cri d’effroi, un homme dégringola du lit en cherchant hâtivement son épée. Ingemar apparut alors, nue derrière un drap qu’elle se plaquait sur la poitrine, les yeux exorbités de terreur.
Lars chargea, mais, avant qu’il pût atteindre sa compagne, des soldats surgis de nulle part envahirent la pièce.
Le Viking se retourna pour leur faire face, tel un loup aux abois, une expression féroce et sauvage sur le visage.
Les soldats firent un instant mine de reculer.
— Emparez-vous de lui, bande de poltrons ! s’écria Kendric.
Lars se retourna d’un bond et le regarda. Deux hommes tentèrent de lui agripper le bras, mais il se débarrassa d’eux sans peine. Un autre plongea sur lui, l’épée en avant… pour se pétrifier aussitôt et considérer avec horreur son poignet sanguinolent d’où la main avait disparu.
Révulsée, Ingemar se mit à
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