La mariage du Viking
à imiter les gestes d’Endera qui tressait avec habiletédes guirlandes de fleurs sauvages. En cette journée de printemps, douce et ensoleillée, un parfum d’herbe fraîche flottait sur la colline, tandis qu’une brise légère entraînait avec elle les voix des femmes et des enfants venus cueillir les fleurs.
— Je n’y arriverai jamais, se lamenta Meradyce en brandissant un semblant de guirlande.
— Mais non, l’encouragea Endera, il te manque juste un peu de pratique.
— Tu crois vraiment ?
Meradyce sourit à la jeune fille qui, avec les mois, était devenue sa meilleure amie. Et savoir que tout allait pour le mieux entre Einar et sa fille ne la rendait que plus heureuse.
— Combien faut-il en tresser ? s’enquit-elle.
Endera leva les yeux en direction du char de cérémonie, que les femmes et les enfants avaient amené sur la colline. En son centre trônait la statue de bois du dieu Freyr.
— Nous devons en remplir le char. C’est un honneur pour notre village d’avoir à le préparer cette année. Il faut qu’il soit magnifique pour impressionner les autres villages.
— Pourquoi ? Il ne va pas rester ici ? s’étonna Meradyce.
— Oh ! non. Nous allons l’emmener d’un village à l’autre. C’est Hamar qui aura le privilège de le conduire, cette année. Crois-moi, c’est un véritable honneur pour lui.
Meradyce jeta un regard déçu à sa guirlande. Décidément, elle manquait d’habileté. D’autre part, elle se demandait pourquoi elle participait à ce rituel viking. Les Saxons célébraient aussi, chaque année, la renaissance du printemps, pour s’assurer de bonnes moissons. Mais ilsn’invoquaient qu’un Dieu unique, et non pas une divinité parmi toutes celles que comptaient les Vikings.
Néanmoins, Meradyce savait qu’Einar serait heureux de la voir prendre part aux rites de son pays.
— J’espère que ce beau temps durera, déclara Endera. Svend attend avec impatience de tracer le premier sillon dans la terre. Si mon père et Thorston ne rentrent pas bientôt, il devra se passer de leur présence, et la fête s’en trouvera gâchée.
— Ils ne devraient plus tarder, maintenant.
— J’espère. Mais… je suis inquiète, Meradyce. Je n’ai pas vu Adelar depuis hier, et, depuis trois jours, il ne parle à personne.
— J’aimerais tant savoir comment le tirer de ce mutisme, soupira la Saxonne. Il agit toujours ainsi lorsqu’il est contrarié. Il ne laisse personne l’approcher.
— Il est fort, commenta Endera avec conviction.
Cessant un instant son tressage, Meradyce contempla la jeune fille penchée sur son ouvrage. Son épaisse et flamboyante chevelure lui retombait en longues boucles devant le visage. Elle non plus n’accepterait la pitié de personne, préférant se retirer pour soigner seule ses blessures.
— Un navire !
Dans un ensemble parfait, femmes et enfants levèrent en même temps la tête vers le fjord. Hamar, Einar et Thorston étaient partis à cheval, et l’on n’attendait la venue d’aucun bateau.
Tous regardèrent le drakkar s’avancer en silence sur la rivière, toutes rames dehors, à cause du manque de vent.
— Ce n’est pas un vaisseau viking, fit aussitôt remarquer Endera.
— Non, affirma Meradyce, saisie d’une sourde angoisse.
Bien qu’il semblât de la même facture que les drakkars vikings, le navire était plus étroit.
Une silhouette s’avança vers la proue, et Meradyce sursauta.
— Endera…, commença-t-elle.
— Qu’y a-t-il ? demanda Endera avec anxiété.
La Saxonne fixait le drakkar qui approchait, et n’en croyait pas ses yeux. C’était impossible ! Elle devait se tromper !
Non, ce n’était pas Kendric, à l’avant du bateau !
Puis, l’homme se tourna légèrement et un objet métallique scintilla contre sa hanche.
Affolée, Meradyce jeta sa guirlande et se rua vers le village.
***
Assis sur un petit promontoire, à l’extérieur du village, Adelar aperçut le drakkar. Il n’avait pas voulu monter avec les femmes sur la colline, car il estimait ne rien devoir aux Vikings et à leur religion.
Il ne haïssait personne. Simplement, il ne ressentait… rien pour eux. C’était comme si l’hiver givrant lui avait pénétré le cœur pour le transformer en un bloc de glace.
Un jour, il s’était pris d’amour pour Meradyce, avec toute la passion de sa jeunesse. Mais ce sentiment était mort le jour où il avait appris son mariage avec le Viking,
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