La mariage du Viking
Meradyce.
La jeune femme se redressa brusquement, et des mèches brunes retombèrent tout autour de son visage rosi par l’émotion.
— Si, je pars, s’indigna-t-elle. Il le faut !
— Tu portes un enfant, lui rappela-t-il doucement. La traversée peut être dangereuse.
— C’est moi qui dois annoncer à Ludella la… mort de sa fille. C’est mon devoir.
— Et c’est aussi ton devoir de mener à bien ta grossesse… et de protéger notre enfant, Meradyce !
A ces mots, la colère de la Saxonne se dissipa. Elle savait combien Einar désirait cette naissance, avec quelle impatience il l’attendait, et à quel point il s’inquiétait pour eux deux. Ne lui avait-il pas demandé d’enseigner son savoir à Endera, puis à Olva, afin qu’elles lui viennent en aide le jour de la naissance ?
Meradyce se leva, se couvrit le corps d’une fourrure et s’approcha d’Einar.
— Je dois y aller, Einar, insista-t-elle d’une voix douce. Et je veux y aller. Pas seulement parce que c’est mon devoir, mais à cause d’Adelar. Tant que nous ne rencontrons pas de tempête, tout devrait aller bien pour moi.
Einar dévisagea son épouse, et reconnut l’entêtement qui la caractérisait : elle était déterminée à s’acquitter de la mission que son honneur lui commandait de remplir, et rien ni personne ne l’en empêcherait. Dans un geste tendre, le Viking lui passa une main sur la joue.
— Dans ce cas, nous ne prendrons la mer que lorsque je serai certain de la clémence du temps.
Heureuse, Meradyce prit la paume de son époux et la porta à ses lèvres.
— Meradyce, soupira-t-il, je me suis encore laissé prendre à tes charmes. Dès l’instant où j’ai posé les yeux sur toi, j’ai compris que tu me causerais des ennuis…
Chapitre 18
— Siurt, je te le répète, insista Ull, c’est maintenant qu’il faut partir ! C’est le moment ou jamais : le temps est assez beau pour que nous puissions prendre la mer, la moitié du village est en train de cueillir des fleurs sur la colline pour décorer le char de cérémonie, Einar est absent et les autres sont prêts à nous rejoindre.
— Einar doit rentrer d’un jour à l’autre, objecta Siurt. S’il arrive aujourd’hui, il nous prendra en chasse et nous tuera à coup sûr.
— Souviens-toi que le temps a été exécrable, ces trois derniers jours. S’ils ont chevauché sous la pluie, les chemins devaient être affreusement boueux, et ils n’arriveront certainement pas aujourd’hui. Et, à supposer qu’ils reviennent demain, nous aurons une journée de mer d’avance sur eux. N’oublie pas que nous aurons le vaisseau d’Einar, auquel aucun autre navire ne peut se mesurer. Il n’aura aucune chance de nous rattraper avant que nous ayons atteint le village saxon. Allons, Siurt ! Les autres sont prêts et attendent notre décision.
— Je ne sais que faire, Ull. Et si le Saxon se prenait à rejeter sur nous la mort de sa fille ? Non, je ne crois pas que…
— Ne sois pas stupide, Siurt. Nous aurons avecnous le gamin, c’est le plus important. Son père paiera n’importe quoi pour le récupérer.
Une main sur le pommeau de son épée, Ull considéra gravement son frère. Si ce dernier refusait de le suivre, il n’aurait d’autre choix que de le tuer.
— Alors, es-tu de mon côté, Siurt ?
— Une question me tracasse, Ull. N’est-ce pas courir un grand risque que de laisser un Saxon découvrir où se trouve notre village ?
— Balivernes ! s’exclama Ull que ces hésitations irritaient au plus haut point. Si ce sont les Saxons qui t’inquiètent, nous n’avons qu’à les tuer une fois que nous aurons pris le contrôle du village. Svend et ses fils écartés, les villageois accepteront sans peine notre commandement.
— Et, si les Saxons ne viennent pas ?
— Le garçon mourra. Mais je ne pense pas que son père refusera de venir.
— S’il refuse, malgré tout ? insista Siurt. Nous ne rentrerons jamais. Et je ne donne pas cher de nos vies, là-bas.
— Quelle importance ? Nous aurons assez d’hommes pour fonder notre propre village.
— Et nos femmes ? demanda Siurt, inquiet.
— Par la foudre de Thor ! Nous en trouverons d’autres !
— Oui, nous en trouverons d’autres… Jeunes et jolies, n’est-ce pas ?
— Je vois que tu finis par entendre raison, mon frère, reprit Ull avec aigreur. Allons chercher le gamin.
***
Concentrée sur son ouvrage, Meradyce s’appliquait
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