La mariage du Viking
il vit ceux-ci s’élancer subitement en avant, l’arme au poing. Consternée de stupeur, impuissante, Meradyce regarda les Vikings prêts à se défendre. Et bientôt, tout autour d’elle, résonnèrent les bruits sinistres des épées qui s’entrechoquaient, les voix rauques des hommes qui commençaient à s’entre-tuer.
Des femmes se mirent à crier. Adelar, qui avait presque rejoint la berge, apparut non loin du navire et Meradyce lui cria :
— Reste là ! Ne bouge pas, je t’en supplie !
Les Saxons, trois fois plus nombreux que les Vikings, les encerclaient à présent. Cependant, ceux-ci se battaient avec un acharnement diabolique et, un à un, les guerriers ennemis tombaient, terrassés par les coups terribles que leur assenaient les hommes de Svend.
Pétrifiée d’horreur, Meradyce assistait pour la première fois de sa vie à une bataille. Jamais elle n’avait vu le sang couler aussi sauvagement, jamais elle n’avait approché la mort d’une manière aussi cruelle.
Ce fut alors qu’elle aperçut Svend, tel un animal à l’agonie, effondré aux pieds de Kendric. Celui-ci contourna lentement le chef viking, les yeux étincelant d’une excitation fiévreuse, si terrifiante que Meradyce eut du mal à croire que cet homme pouvait avoir Adelar pour fils.
Puis elle regarda Svend et se rendit compte qu’il était terrorisé. Aurait-elle cru un jour que le père d’Einar pût faire montre de tant de frayeur ? Et, soudain, la jeune femme en comprit la raison : Svend avait été désarmé. Si Kendric le capturait vivant, il mourrait par pendaison ou serait tué de façon tout aussi honteuse. Alors, l’entrée du Valhalla lui serait interdite.
Prise de pitié, Meradyce oublia toute raison et n’écouta que son cœur. N’appartenait-elle pas désormais à Einar, et à son peuple ?
Un soldat saxon gisait, mort, non loin d’elle. Meradyce se baissa et lui ôta des mains son épée ensanglantée.
Cependant, sans lui laisser le temps de rejoindre Svend, Olva apparut soudain, se jeta sur Kendric et le poussa violemment en arrière. Le thane leva son arme et en frappa la vieille femme. Dans un cri, celle-cis’effondra, une main sur la poitrine, le sang s’écoulant entre ses doigts.
— Svend ! hurla Meradyce avant de lui lancer l’épée.
Le Viking saisit l’arme au vol et se tourna brusquement vers Kendric. Tel un forcené, il fondit sur le thane mais le manqua. Kendric, plus puissant et plus rapide que Svend, riposta aussitôt et, sous le regard horrifié de Meradyce, lui trancha la gorge. Privé de son épée, frappé à mort, le guerrier se laissa lentement glisser à terre.
A cet instant, Ull émergea du groupe de soldats qui se battaient encore, et, faisant tournoyer sa hache devant lui, força le Saxon à reculer jusqu’au cœur de la bataille.
Meradyce se précipita vers Olva qui rampait vers l’endroit où Svend avait laissé tomber son épée. La vieille femme s’en empara avec l’énergie du désespoir puis, ignorant Meradyce agenouillée près d’elle, se tourna lentement vers Svend et lui glissa l’arme dans la main.
— Olva… ! soupira ce dernier tandis que la mère d’Einar mourait sous ses yeux.
Bouleversée, Meradyce s’approcha du chef viking et lui souleva la tête tandis que la vie quittait peu à peu son corps.
— Asa…, murmura-t-il dans un râle. Vedis… mes enfants…
— Je prendrai soin d’eux, promit-elle.
Dans un faible sourire, Svend articula :
— Les Walkyries… Elles viennent me chercher.
Puis il s’effondra, exsangue, dans les bras de Meradyce.
Aveuglée par les larmes, la Saxonne lâcha le corps de Svend, se leva lentement et vit qu’il était trop tard. La bataille était finie. Tous les guerriers vikings étaient morts ou blessés.
Personne ne faisait attention à elle. Elle pouvaits’enfuir. Adelar se trouvait en sécurité. Elle pouvait se cacher. Attendre le retour d’Einar. Einar…
Alors, Meradyce se mit à courir, non sans jeter autour d’elle un regard inquiet.
Subitement, elle s’arrêta. Kendric avait trouvé Endera et il la poussait de force vers le navire. Derrière eux, d’autres femmes et enfants se voyaient entraînés tout aussi brutalement vers le bateau, tandis que les soldats saxons tuaient les blessés qui tentaient de fuir.
Revenue sur le champ de bataille, Meradyce s’empara de l’épée donnée à Svend. Puis elle la considéra avec horreur. A quoi pouvait-elle bien servir, à
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