La mariage du Viking
puis lorsque Betha avait disparu.
Mais, Einar… Comme il détestait Einar ! C’était lui qui l’avait arraché à son village natal, qui l’avait entraîné dans ce terrible voyage, qui avait causé la mort de sa sœur.
Tandis qu’il regardait le bateau s’approcher, Adelar ne put s’empêcher de le comparer avec celui d’Einar.Loin d’être aussi fin et racé, il y avait de surcroît quelque chose dans la proue qui…
Soudain, Adelar entendit un cri derrière lui. Meradyce ! Il la vit, jupe au vent, pénétrer en courant dans le village, Endera sur les talons.
Alarmé, il se leva et regarda alentour, sans comprendre ce qui se passait. Puis il entendit un hurlement de panique :
— Les Saxons !
Le cœur palpitant de joie, Adelar se tourna de nouveau vers le navire, hésita puis se mit à courir comme un fou vers l’entrée du fjord.
— C’est mon père ! soupira-t-il. Il est venu me chercher !
***
Armés jusqu’aux dents, Svend et tous ceux qui n’avaient pas accompagné Einar sortirent comme un essaim de guêpes affolées.
Mais Kendric et ses guerriers les surpassaient largement en nombre et, avant même que les cordes d’amarrage ne fussent attachées, ceux-ci avaient déjà débarqué et se plaçaient maintenant en ligne sur la berge.
L’ennemi, toutefois, ne bougeait pas. Svend fit alors arrêter les siens à la hauteur de la grande porte.
— Attendez ! ordonna-t-il. Ne bougez plus.
Meradyce, Olva et Endera les rejoignirent bientôt à l’entrée du village. Consternées, elles virent le chef viking s’avancer lentement vers Kendric, qui, d’une démarche arrogante, venait à la rencontre de Svend.
Meradyce se demanda où se trouvait Adelar. S’il apparaissait maintenant, peut-être n’y aurait-il pas de combat. Kendric ne pouvait débarquer ici que pourvenir chercher son fils. Il ignorait certainement l’absence d’Einar et de ses hommes.
La Saxonne décida alors de marcher elle aussi au-devant du thane. Elle pouvait aider Svend à s’entretenir avec Kendric, et elle avait, en outre, un devoir à remplir.
— Que fais-tu ? s’exclama Olva en lui prenant le bras.
— Je peux les aider à parler ensemble. Et c’est à moi d’annoncer à Kendric la mort de Betha.
— Est-ce donc… le père des enfants ?
— Oui, Olva.
Meradyce se fraya un chemin parmi les guerriers vikings et, lorsqu’il l’aperçut, Kendric ne put réprimer un sursaut d’étonnement. Puis, son regard s’attarda longuement sur son corps, pour se poser sur son ventre arrondi.
Alors, sa bouche s’étira en un sourire froid et cruel.
— Meradyce, déclara-t-il poliment. Il est bon de te revoir. Je vois que tu as trouvé le moyen d’apaiser tes ravisseurs.
Sans laisser à la jeune femme le temps de rétorquer, le thane poursuivit, sur un ton rude, cette fois :
— Dis à ce barbare que je veux mes enfants.
Meradyce réprima le désir furieux de dénoncer devant ses soldats l’attitude peu respectueuse qu’il lui montrait, tant par les mots que par le regard. Cependant, elle craignait qu’Adelar ne l’entendît.
La tête haute, la Saxonne se tourna vers Svend.
— Voici Kendric, le père d’Adelar, annonça-t-elle. Il est venu chercher ses enfants.
— Le traître ? s’étonna Svend.
— Oui, répondit-elle sans frémir avant de fixer le thane. J’ai le regret de t’apprendre la mort de Betha.
L’expression qu’il afficha ne traduisit pas le moindresentiment de regret. Il plissa simplement les yeux d’un air soupçonneux.
— Où est Adelar ?
— Il n’est pas loin ; il va bien. Betha est tombée malade. J’ai tout fait pour la guérir, mais…
— Bien sûr, coupa Kendric dans un sourire suffisant. Quand tu as pris le temps de te refuser aux hommes.
— Père ! Père ! s’écria soudain Adelar en se frayant maladroitement un chemin parmi les rangs des guerriers vikings.
— Mon fils !
— Je savais que tu viendrais nous chercher ! Je le savais !
Totalement oublieux de la petite Betha, triomphant, le thane lança aux Vikings :
— Voici que j’ai retrouvé mon fils ! Cours au bateau, Adelar.
Le jeune garçon se précipita, mais hésita soudain, se retourna et jeta un regard à Meradyce, puis à Endera. Enfin, il reprit sa course vers le drakkar.
— Vas-tu repartir, maintenant ? demanda Meradyce à Kendric.
— Je ne vais certes pas m’attarder ici.
Comme il s’apprêtait à ordonner à ses hommes de faire demi-tour,
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