La Marque du Temple
aux murs.
Un de ses amis, le chevalier de Ginestous, baron de la Liquisse, avait refusé de prêter hommage au versatile comte de Toulouse. Il réussit à regagner ses terres et sa forteresse de Galan près de Sanissac, où il se retrancha sagement sans être inquiété plus avant.
Les premiers bûchers furent dressés dès le mois de septembre de la même année, après la prise de la ville de Castres. L’horreur irait dès lors en s’enflant comme feu de paille par vent tournant. Mais ici, ce n’était point le foin et les broçailles qui brûlaient, mais des hommes et des femmes jetés vivants dans les brasiers allumés par les croisés de la ligue de paix.
Suivit la prise du château d’Alaric au mois d’avril 1210 et le siège du village fortifié de Minerve qui commença à dix jours des calendes d’août, le 22 juillet : après cinq semaines, les hérétiques, à bout de vivres et de munitions, furent conjurés de prêter serment de fidélité à notre Église catholique pour avoir la vie sauve.
Cent quarante Bons hommes et Bonnes femmes (les hérétiques albigeois se nommaient ainsi entre eux), refusèrent d’abjurer leur foi, ce qui ne manquait pas de grandeur d’âme.
Ils se précipitèrent d’eux-mêmes dans le bûcher allumé en contrebas du château et du village. Les habitants qui avaient réussi à s’enfuir furent rattrapés et passés au fil de l’épée.
Après la prise des châteaux de Termes et de Puivert, aux mois d’août et de novembre de l’an 1210, Simon de Montfort jeta ses loups sur la cité de Bram. Il fit attacher un prêtre soupçonné d’hérésie à la queue d’un cheval avant de le faire pendre, de crever les yeux et de couper le nez d’une centaine d’habitants de ce village situé au nord-ouest de la cité fortifiée de Carcassonne ; il les expédia ensuite vers le château de Cabaret sous la conduite d’un prisonnier à qui on n’avait crevé qu’un œil.
En mars de l’an 1211, Simon de Montfort mit le siège devant le château de Lavaur défendu par sa châtelaine, Dame Guirande de Laurec. Elle était veuve. Son frère Aymeri de Montréal, accompagné de quatre-vingts chevaliers, vint à son secours pour l’aider à défendre la place.
Mais les assiégeants parvinrent à ouvrir une brèche dans les remparts. Un nouveau massacre commença : Aymeri de Montréal et tous ses chevaliers furent pendus, la châtelaine, précipitée vivante dans un puits aussitôt comblé de pierres. Un immense bûcher fut dressé, et quatre cents hérétiques survivants périrent par le feu. Un seul parvint à s’enfuir, le fils de la châtelaine, dont la baronne Éléonore de Guirande était certainement une descendante.
Après avoir repoussé plusieurs assauts, le seigneur Pierre-Roger de Cabaret, assiégé en son château, négocia sa liberté et la vie sauve au mois de mars de l’an 1211, en échange de la libération d’un sien cousin de Simon de Montfort, un certain Bouchard. Les hérétiques parvinrent à gagner les forêts environnantes et les grottes de la Montagne noire avec leur Livre sacré et l’essentiel du trésor dont les adeptes avaient fait don à leur Église.
Du trésor, n’étaient précisés ni la valeur ni ce qui le composait, ni les moyens utilisés pour l’acheminer là où il avait été caché. Il était fort étonnant qu’un récit aussi précis ne fît guère allusion à son immense valeur présumée.
Et si les hérétiques étaient aussi détachés des biens de ce monde, pourquoi avaient-ils pris autant de précautions pour mettre leur trésor en lieu sûr ?
Simon de Montfort se vengea dans le courant du mois de mai en brûlant vifs les soixante hérétiques de la cité de Les Cassès. Puis il mit le siège devant la ville de Toulouse. Il ne put investir les remparts, car la cité hérétique de Castelnaudary venait de se soulever et il s’y porta avec son armée.
Le château de Hautpoul tomba aux mains des croisés la veille des ides d’avril de l’an 1212, soit le 12 de ce mois. Tous les défenseurs furent massacrés, sans exception. Les horreurs commises par les croisés depuis la création de la ligue de paix étaient telles que le pape Innocent III décréta, le surlendemain des ides de janvier, le 15 janvier de l’an 1213, l’arrêt de la campagne militaire qu’il avait lancée.
Peine perdue : les indulgences que les croisés avaient obtenues et la commise des châteaux qu’ils enlevaient, le pillage des
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