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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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soupçonné d’hérésie du fait des relations très proches qu’il entretenait avec le comte de Toulouse.
    Au point d’être contraint d’ouvrir les portes de son château à la ligue de paix. Au mépris de la parole donnée, le chef des croisés avait fait raser la tour de la Sarrasine, humilié ses remparts et son donjon.
    Ce que l’histoire de la tragédie albigeoise passait innocemment sous silence, je l’avais lu, plusieurs années plus tôt, dans les archives de la librairie du château.
     
    Depuis le onzième siècle, la forteresse de Beynac était surnommée arca satana , l’arche de Satan, tant était grande la réputation de cruauté des barons et de leurs vassaux, en ces temps reculés.
    Un chroniqueur, un certain Pierre de Vaux Cernai, si la mémoire ne me faisait point défaut, affirmait que, lorsque Simon de Montfort visita l’abbaye de Sarlat, il y trouva cent cinquante malheureux des deux sexes qui avaient eu les yeux arrachés, les poings ou les mamelles tranchés par le seigneur hérétique albigeois, Bernard de Casnac, seigneur de Montfort et de Castelnaud.
    Il tyrannisait la contrée avec son épouse, Hélis de Turenne, et avec la bénédiction du baron de Beynac dont il était alors l’un des vassaux. Ils se livraient à d’horribles mutilations sur les manants, les vilains et les artisans de la baronnie.
    Un évêque, Gui de Carcassonne, avait assiégé le château de Montfort (son nom n’avait aucune relation avec celui du chef de la ligue de paix, icelui étant un chevalier du nord, de langue d’oïl, dont la famille résidait à Montfort-l’Amaury). Bernard de Casnac, ayant fui par des voies souterraines, la garnison livra le château de Monfort.
    Il fut rasé au cours de longs jours de labeur tant les pierres, narrait le chroniqueur, étaient fortement jointes et les murs de magnifique épaisseur. Les biens du seigneur de Casnac furent commis au profit de son beau-frère Raymond, vicomte de Turenne, sixième du nom, qui en fit hommage à Simon de Montfort dans le courant du mois de septembre de l’an 1214.
    Le château de Castelnaud fut pris par les croisés sans coup férir : il avait été déserté par sa garnison. Simon de Montfort, constatant l’importance de la position au confluent des vallées de la Dourdonne et du Céou, ne l’avait point humilié, mais il y avait installé une forte garnison pour surveiller le pays alentour.
    « Votre mari n’aurait-il pas passé votre hérésie sous silence pour la simple et belle raison qu’il aurait lui-même quelque inclination pour votre croyance ? Comme son ancêtre ? En un mot, ne serait-il pas hérétique ?
    — Votre allusion est dénuée de tout fondement ! Elle est absurde ! Croyez-vous vraiment que mon époux partagerait la foi des Croyants ? Pour quelles raisons ? s’esbouffa-t-elle.
    — Ce ne serait point impossible. Les mystères de l’âme sont insondables. Si tel était le cas, il se garderait toutefois bien de le crier à hue et à dia. Pour les raisons que vous avez vous-même évoquées tantôt : si on venait à l’apprendre, ne risquerait-il pas l’excommunication et la commise de ses châteaux ? Nous savons tous deux qu’il est profondément attaché à ses titres et aux bénéfices de ses biens.
    — Voyons, messire Brachet, un béguin comme lui ! Il est plus dévot que la plupart de vos prieurs en leurs abbayes !
    — Peut-être cache-t-il bien ses sentiments. L’homme est réservé et prudent. Je le connais bien.
    — Aussi bien que moi ?
    — Je ne sais. Mais je le côtoie plus souvent que vous.
    — Vous divaguez, vous divaguez complètement mon ami. Vous faites fausse route. Si tel avait été le cas, croyez-vous qu’il me tiendrait recluse en cette sinistre place ? Sans me rendre visite ? Sans jouir de ce corps qui ne semble pas vous laisser indifférent, n’est-ce pas, mon beau sire ?
    « Car il me sembla, il y a peu encore, que vous fûtes couché sur moi après m’avoir entraîné dans votre chute pour mieux humer mon parfum. Au point d’égarer votre main sur mes rondeurs et mes tétines et d’écraser votre bouche sur mes lèvres ?
    « Cela ne vous causait ni ennui ni malplaisir, m’a-t-il semblé. Mais peut-être ai-je été victime des effets de quelque plante hallucinogène que votre bien-aimée Marguerite m’aurait donné en sa farmacie ? »
    La ficelle était tellement grosse que je ne relevai point l’allusion ni l’interprétation des

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