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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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gomme arabique, deux ou trois plumes et quelques rouleaux de parchemin. Même des palimpsestes usagés lui conviendraient si on lui fournissait un grattoir, avait-il imploré d’une voix à peine audible.
    Mon amour de lingère me pria de n’en rien faire sur l’heure. L’homme avait besoin de repos. Elle me demanda si j’acceptais de donner suite à sa requête. Je l’assurai que je lui porterais moi-même ce qu’il avait demandé. Lorsqu’elle m’autoriserait à le voir. En vérité, ce fut elle qui le fit.
     
    « Messire Bertrand, vous vivez comme un ermite ! Vous ne veillez plus aux préparatifs, vous ne dînez et ne soupez que rarement avec nous. Vous vous accoisez, tel un menteur à qui on aurait coupé la langue. Vous n’avez d’attention que pour les dogues du baron et pour notre séduisante châtelaine, son épouse », me reprocha vertement le bon chevalier de Lebestourac qui m’avait offert l’hospitalité en sa maison.
    « Je mets ma demeure à votre disposition, espérant quelques ripailles, coups de dès, jeux de cartes, beuveries et autres plaisirs de chair ! Vous n’avez ni regard ni parole pour votre hôte », gémit-il avant de surenchérir d’un ton faussement plaintif :
    « Et notre belle lingère lave vos chainses et vos chausses puantes et sueuses, frotte vos souliers, lustre vos coffres et bahuts, sans onques recevoir le moindre compliment. Je ne vous savais point cuistre à ce point !
    « Si vous poursuivez dans la voie de l’ascèse et de l’abstinence, à moins que votre esprit ne dérive vers d’autres fiefs plus couronnés, dites-le moi. Je m’occuperais volontiers de notre jolie Marguerite en personne ! Qu’à Dieu ne plaise ! Ne serais-je point à votre convenance, ma belle ? » osa le chevalier en se penchant sur elle, la bouche en cœur, avant de lui poser un baiser bruyant sur le front.
    Marguerite se fendit d’un large et éblouissant sourire, se dressa sur la pointe des pieds et lui rendit son baiser sur la joue avec un peu trop d’empressement pour mon goût.
    Je lui jetai un regard noir et les assurai, l’un et l’autre, que sous peu ils regretteraient de m’avoir sur le dos plus souventes fois qu’ils ne le pensaient.
     
     

     
     
    « Ma gente dame, savez-vous que depuis la bulle que notre Saint-Père le pape Innocent, quatrième du nom, a fulminé en l’an 1242, vous pourriez bien être soumise aux tourments de la question pour vous obliger à avouer votre foi en l’hérésie ?
    — Je le sais, mon beau sire, je le sais. Mais cet apostole n’avait rien d’innocent, me répondit-elle les larmes aux yeux, sans faire mine de se saisir du précieux et accablant codex.
    — Vous seriez contrainte d’abjurer votre foi en l’hérésie pour n’être qu’étranglée sans sauver pour autant votre corps de l’enfer du bûcher.
    — La crémation du corps dans les flammes n’est rien, comparée à l’apostasie de mon âme, rétorqua-t-elle en me regardant de ses grands yeux dorés, et avant de me demander :
    « Auriez-vous l’intention de me livrer aux tourmenteurs du tribunal de l’inquisition, mon ami ? Pour que le verdict que ces créatures de l’enfer ne manqueraient pas de prononcer soit exécuté par le bras séculier ?
    — Dénoncer les hérétiques est du devoir de tout chrétien, ma Dame, sous peine d’excommunication, l’ignorez-vous ?
    — Le devoir des Mauvais chrétiens !
    — Je crains de ne pouvoir passer outre, ma Dame, mentis-je. Le baron de Beynac, votre mari, m’a prié de mettre de l’ordre en cette place. Il m’a investi des pouvoirs les plus étendus pour y rétablir l’ordre et l’esprit de chevalerie.
    — L’esprit de chevalerie ? Ai-je bien ouï ? Beau témoignage que voilà de votre esprit de chevalerie, dont vous ne cessez de me rebattre les oreilles ! Vous m’administrez chaque jour la preuve qu’il est bel et bien mort avec le roi de Bohème depuis la triste bataille du Nord, depuis la bataille de Crécy : vous en êtes la preuve vivante. »
    Je ne relevai pas cette méchanceté. Il m’arrivait de me poser trop souvent des questions sur le respect des règles de chevalerie pour vouloir jouter avec elle sur un terrain aux sables mouvants. Je me contentai de remparer ma position :
    « Je comprends mieux que mon maître vous ait assignée à résidence. Il vous a ainsi épargné le bûcher, la flagellation ou la flétrissure à l’épaule par le fer rouge. Provisoirement

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