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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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m’inspirait ? J’en vins à douter. À douter de mon jugement.
    D’un côté, ses arguments ne manquaient pas de poids. D’un autre, pouvais-je lui faire confiance et ne pas craindre qu’il profite du tumulte de la bataille pour tenter de m’occire derechef, de sa main ou de celle de son écuyer Guilbaud de Rouffignac ? Et faire endosser ce nouveau crime sous couvert de l’émeuvement d’un combat face à l’ennemi ?
     
    À la parfin, je décidai de lui accorder le bénéfice du doute et de ne pas le priver d’une ultime rédemption. S’il s’avérait coupable, il serait châtié. Sauf à obtenir la grâce ou le bannissement.
    Il avait de maigres chances d’espérer obtenir une mesure de clémence de la part de notre nouveau maître, Foulques de Montfort. Au fond, autant prendre le risque de le rallier à notre défense. Mais je doutais fort de son efficacité au combat.
    Quoi qu’il en fut, l’homme avait jeté le trouble dans mon esprit, tel un pavé jeté dans la mare de mes certitudes. Or donc, je revins sur ma décision et lui déclarai haut et fort :
    « Soit, messire de la Tour, je me rends à votre supplique pour la défense de votre honneur et la sauvegarde de votre âme. Vous serez libre dès que vous aurez terminé vos travaux d’écriture et me les aurez confiés. Le temps pour vous de recouvrer des forces et vous préparer à descharpir les Godons.
    « Mais n’oubliez onques votre parole. Elle engage aussi votre écuyer Guilbaud de Rouffignac. D’ici delà, je donnerai ordre à René le Passeur d’améliorer votre ordinaire. Je ne souhaite pas que nos adversaires se rient de votre maigreur. Ils pourraient douter de notre capacité à les débaillier.
    — Je vous rends grâce, messire, pour votre magnanimité et votre sagesse. Onques, je n’oublierai la parole donnée. Je le jure sur la Bible. Les seules écritures auxquelles je crois encore », acheva-t-il avec amertume.
    Je craignis ce jour-là, que les jours qui lui restaient à vivre lui soient petitement comptés. J’ignorais que je venais en fait de parapher son arrêt de mort. Il est vrai que la mort est chose certaine. Seule ne l’est point l’heure d’icelle.
     
     

     
     
    Le village de Commarque était désert. Cinq sergents d’armes montaient la garde. Quatre se tenaient sur les remparts et un guetteur était aposté en haut du donjon pour surveiller les alentours. Je lui rendis visite et observai l’activité fébrile qui régnait dans les champs de la vallée de la Beune.
    Ici l’on fauchait, là on battait au fléau les quelques épis encore sur pied dans une poussière fine et volatile. De lourds charrois tirés par des sommiers ou des bœufs efflanqués sillonnaient la plaine sous l’aiguillon des bouviers. Les travaux des champs avaient repris avec près de deux mois de retard sur le clepsydre des saisons. La récolte serait maigre.
     
    J’observais la configuration des lieux. Le pech situé au nord-ouest me donnait quelque souci. Si une bataille anglaise y prenait pied, nos ennemis pourraient y installer des engins de jet et pilonner le village sis en contrebas des hauteurs. Le trébuchet que j’avais fait installer sur la terrasse du donjon en assurerait cependant la défense et renforcerait l’action des pierrières et des bricoles. Mais cela suffirait-il ?
    La barbacane présentait aussi des points faibles. D’une approche aisée, elle risquait d’être enlevée d’assaut, alors que les rochers situés au sud-est constituaient un obstacle naturel de part et d’autre du mur extérieur de la chapelle Saint-Jean.
    Bien que leur paroi offrit moult belles prises pour gripper les anfractuosités, elle serait difficile à gravir par les assaillants s’ils tentaient une attaque par la vallée.
    Elle ralentirait considérablement leur progression pendant que l’artillerie décompisserait les troupes à l’assaut. Je redoutais cependant qu’au mépris des règles et coutumes, nos ennemis ne tentent de pénétrer par la porte extérieure de la chapelle, située sous l’autel : aucun homme ne devait passer en armes sous un autel consacré à la célébration de l’eucharistie, sous peine d’excommunication. Mais, en temps de guerre…
    En deux mots, malgré tous nos préparatifs et le renforcement de nos systèmes de défense passive et active, le village fortifié et remparé était loin d’être inexpugnable. Il présentait en trop d’endroits des défauts de conception castral et

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