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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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eu grand tort. Je suis innocent des crimes dont vous m’accusez, déclara-t-il d’une voix lasse où ne perçait pas le moindre soupçon de colère.
    — Tous les coupables clament leur innocence. Gardez vos arguties pour le juge-procureur lors de l’instruction de votre procès en la cause criminelle. N’êtes-vous pas bien traité ? Et dispensé des fastidieuses séances d’entraînement auxquelles se livrent tous les gens de la place ?
    — Je regrette de ne point pouvoir recroiser le fer avec vous. N’ai-je pas une revanche à prendre ? » Un pli amer déformait sa bouche sous son nez en bec d’aigle.
    — Gardez vos forces pour vous livrer à une autre joute, le moment venu, face au baron de Beynac. Elle ne sera point à plaisance, mentis-je, sans le quitter des yeux. Vous aurez tout loisir de plaider votre cause et de lui exposer les raisons de la haine que je vous inspire.
    — Détrompez-vous, messire Brachet. Vous ne m’inspirez point un tel sentiment. Vous êtes seulement un obstacle dressé par-devant ma quête personnelle.
    — Une quête pour quérir le Graal des hérétiques albigeois ? Au prix de meurtres et de félonie ? Ne niez pas, messire. Je suis convaincu de la force de vos liens de parenté avec messire Pierre-Roger de Mirepoix, l’un des derniers défenseurs de la forteresse de Montségur.
    — Vous n’avez pas perdu votre temps, mais vous vous égarez, messire Brachet. Vous faites fausse route à ce que j’entends. Éléonore de Guirande se serait-elle livrée à quelques clabaudages de trop ? En échange de quoi ? De sa vie ? Du plaisir de chair ? Elle joue si bellement du plat de la langue…
    — Que nenni, je ne tiens pas cette information d’icelle. Mais suis convaincu que vous partagez sa foi en l’hérésie et êtes prêt à commettre les plus odieux des crimes pour vous approprier, vous et vos concupiscents compères, le formidable trésor caché par vos ancêtres, persiflai-je.
    — On est parfois conduit à commettre des actes injustes aux yeux d’aucuns, pour servir une juste cause aux yeux d’autres. Vous comprendrez mieux les raisons qui m’animent lorsque vous aurez lu mon mémoire », dit-il en désignant les rouleaux de mauvais parchemin qui jonchaient le sol et la petite table de travail dont il disposait.
    Il se rassit et trempa la plume dans l’encrier. Le chevalier Romuald Mirepoix de la Tour ne souhaitait visiblement pas poursuivre la discussion.
    « Doutez-vous que je puisse me saisir incontinent du fruit de votre confession, m’esclaffai-je, non sans quelque irritation ?
    — Vous auriez grand tort, messire Brachet. Pour deux bonnes raisons : d’une part, je n’ai pas encore rédigé l’essentiel de ce que vous ignorez et d’autre part, j’ai l’intention de vous remettre ces documents lorsque j’en aurai achevé la rédaction », rétorqua-t-il avec une pointe de courroux. Puis, se radoucissant :
    « J’ai confiance en votre esprit de chevalerie. Voyez-vous, messire, la réclusion à laquelle vous m’avez condamné m’a ouvert les yeux sur mon impossible quête.
    — Serait-ce la raison pour laquelle vous avez tenté de les fermer en vous livrant à une tentative de suicide sur votre personne, à la manière des hérétiques albigeois ? Pour espérer la vie éternelle au Paradis avant le Jugement dernier ? Vous avez aussi tenté de fermer mes yeux en deux occasions. Je croyais cependant que le meurtre était proscrit par votre Église ?
    — Je ne suis ni Parfait, ni Bon homme. Je pense ne rien vous révéler que vous ne soupçonniez déjà : j’appartiens à la confrérie des Frères et des Sœurs du Libre Esprit. En doutiez-vous ? »
    Je me tus. Je m’en doutais assurément. Cet aveu me confortait seulement dans mes conclusions. Dans la nature des relations schismatiques que le chevalier entretenait avec la belle et énigmatique châtelaine. Pour les hérétiques albigeois, l’endura n’était-il pas un acte sublime ? Je répondis tout de gob :
    « Peu me challent vos croyances, messire. Elles ne justifient en aucun cas les agissements criminels auxquels vous vous êtes livrés avec la complicité d’aucuns. J’en dresserai prochainement la liste. Preuves et témoignages à l’appui. Avant de vous livrer au tribunal de l’inquisition.
    — Faites ce qui vous plaira. En revanche, je ne suis impliqué dans aucun des crimes dont vous m’accusez. Dieu sera mon seul juge », me répondit-il. Le ton

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