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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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regagnèrent le château de Beynac à brides avalées, par des chemins détournés, pour rendre compte de leur mission.
    Je n’avais pas revu la châtelaine depuis lors. L’eschaquier était toujours dressé sur sa table. Un peu de poussière saupoudrait les figurines.
     
     

     
     
    Lorsque je lui demandais son interprétation des douze Maisons , elle me dit avoir pensé aux douze travaux d’Héraclès, sans autres raisons. L’hypothèse me parut moins séduisante que la mienne, mais je me gardais bien de lui livrer les résultats de mes conclusions, et encore moins de l’extraordinaire découverte de Marguerite.
    Sans que je ne lui demande rien, elle posa sur un coffre les trois volumes du Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes que Marguerite m’avait lus tous les soirs et qu’elle lui avait rendus. Avant que je ne lui pose la question, elle reconnut que les allusions au pont sous l’eau, au passage des pierres et au pont de l’épée, mentionnées sur le parchemin, l’avaient mise sur la voie de ce roman de chevalerie écrit par un Juif converti à notre foi.
     
    Elle était parvenue aux mêmes conclusions que moi : la clef du texte écrit de secrète manière par les frères du Temple se trouvait dans certains versets du roman, mais elle ne savait point lesquels, n’ayant pas réussi à percer la signification des arcanes qui y faisaient référence.
    Je lui dis être prêt à lui en livrer l’explication, à la condition toutefois qu’elle me parlât de sa nièce, Isabeau de Guirande. Elle fronça les sourcils et me rappela que le baron avait formellement interdit à quiquionques d’y faire allusion, sous peine de châtiment exemplaire.
    Je lui rappelai que le baron avait passé les pieds outre et qu’elle n’avait plus à redouter de représailles d’icelui ici-bas. Que, si elle souhaitait que je lui livre le principal arcane du mystérieux parchemin, elle devait me parler sans retenue. Elle ne sembla pas convaincue et je me mépris sur les raisons pour lesquelles elle entendait encore s’accoiser lorsqu’elle me déclara avec une certaine solennité :
    « Je sais l’amour que vous lui portez depuis que vous avez fait un songe chimérique. Mais ce que je vais vous dire, car je vais vous le dire, vous portera sur le chef, que vous avez pourtant dur, un coup pire que celui d’une masse d’armes. Dois-je vraiment poursuivre ? »
    Elle ne fit qu’exacerber ma curiosité. Je redoutai aussitôt quelque malformation congénitale de sa nièce.
    « Au fond, c’est un secret de Polichinelle que tous les gens de la place connaissent : ma nièce Isabeau de Guirande a le même âge que Marguerite. Elle est, à mon goût, plus belle. Bien que Marguerite soit pourtant fort bien tournée et ne manque ni de charme ni d’esprit pour une simple lingère.
    — Parlez, ma Dame et cessez de tourner autour du pot, dis-je en m’impatientant et en frappant le parquet du plat de la semelle.
    — Me croirez-vous si je vous apprends que ma nièce est aveugle  ? Isabeau de Guirande est atteinte de cécité depuis l’âge de onze ans. »
    Je fixai la baronne, incrédule. Je devins plus blanc qu’un navet et fus pris de vertigine. Je dus m’asseoir sur le faudesteuil que m’avança Éléonore et lui dis d’une voix rauque, brisée :
    « Vous mentez effrontément, ma Dame. Pour m’embufer une nouvelle fois. La saillie est de bien mauvais goût, à la parfin.
    — Messire Bertrand, vous savez que vous pouvez désormais poser la question à n’importe qui. Tous ici connaissent ma nièce, et ce jour d’hui leur langue se déliera pour peu qu’ils apprennent le décès de mon époux. Marguerite elle-même est au courant. Je puis vous l’assurer. Elle s’en est ouverte à moi, après avoir entendu quelques allusions graveleuses des filles de la lingerie. Malgré les liens étroits qui vous unissent, elle ne vous en a pas parlé pour ne point vous blesser. De toute manière, vous ne l’auriez pas crue. »
     
    Bien sûr ! Marguerite, lorsque je l’avais questionnée sur son air triste, avait parlé de jardin secret, sans en dire plus. Et pourtant, elle était enjouée et confiante. Peut-être croyait-elle que je renoncerais à mugueter ma gente fée aux alumelles et ne la marierais point. Mais si telle était sa pensée, elle se trompait lourdement. Si cette affreuse nouvelle était vraie, et je craignis bien que ce fût le cas, je n’en serais que plus désireux de la protéger

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