La Marque du Temple
à tour de rôle, en laissant les autres passer devant. Lorsqu’une envie me prenait, je leur avais interdit de progresser plus avant pour éviter qu’ils ne tombent dans un piège ou ne s’égarent.
Nous avions effectivement renoncé à nous encorder pour faciliter notre liberté de mouvement. Nous devions cependant rester groupés. Marguerite, trop sûre d’elle, enfreignit la consigne.
Alors que je relevai mes chausses, j’entendis un hurlement suivi d’un « Ahhhhhh ! » et d’un bruit sinistre d’os brisés.
René me tendit sa torche. J’avançai aussi vite que possible. Je hélai Marguerite. En vain. Elle ne répondait plus. Je fus à deux doigts de ne pas voir la présence d’un signal de danger sur le mur : une tête de mort dirigée vers le bas entre deux arêtes avertissait de l’existence d’un piège à cent pas.
Je me hâtai, autant que faire se pût, vers l’endroit où Marguerite avait chu, René et Arnaud sur mes talons. Je parvins peu après au bord d’un trou rectangulaire et faillis bien y choir à mon tour lorsque René me heurta. Arnaud, dans notre dos, se gaussait :
« L’oiseul est au gluau ! L’oiseul est au gluau ! fredonnait-il en se tenant les côtes et en se pourléchant les babines.
— Marguerite ? Es-tu là ? m’écriai-je, terriblement inquiet.
— Oui, messire. Je crois bien être tombée dans une fosse !
— N’as-tu rien de cassé ?
— Non, messire Bertrand.
— J’ai pourtant entendu un bruit d’os brisés ?
— J’ai glissé sur des ossements.
— Encore heureux ! Tu aurais pu fracturer une cheville dans ta chute. Décidément, tu joues de malchance. J’avais pourtant recommandé de cesser toute avancée en mon absence !
— Croyez-vous que le moment soit bien choisi pour me sermonner ? me demanda-t-elle d’une voix caverneuse.
— Quelle est la profondeur de la fosse, à ton avis ?
— Euh… deux toises environ, répondit-elle en agitant la torche qui l’avait suivie dans sa chute. Mais ça ressemble plus à une catacombe qu’à un piège à voir le nombre de crânes et d’ossements qui gisent ici !
— Catacombe peut-être. Mais elle aurait bien pu devenir ton caveau ! Ne bouge pas, on va te lancer la corde à nœuds. Attache-la sous les aisselles, nous te hisserons. »
René s’approcha de moi et nous nouâmes nos deux cordages.
« Dis-moi quand tu seras prête.
— Je suis prête, messire !
— René, aide-moi, lui demandai-je en tendant ma torche à Arnaud pour faciliter ma liberté de manœuvre.
— J’crois pas qu’ce soit b’en utile, messire Bertrand ! me dit-il en gloussant. La p’tite n’est point embéguinée… »
Une chevelure brune et hirsute surgit sous mon nez. Ahuri, je vis la frimousse que Marguerite levait vers nous, un impudique sourire sur les lèvres. Elle fit un prompt rétablissement, se redressa à nos côtés, tapota sa robe et se campa, les mains sur les hanches :
« Maintenant, vous pouvez hisser la torche ! » nous dit-elle d’un air colombin. Puis, se tournant vers Arnaud, tout en glissant ses mains sur sa nuque et en levant les coudes pour remettre un peu d’ordre dans ses cheveux :
« Voyez-vous, messire Arnaud, l’oiseul n’est plus au gluau… » gloussa-t-elle.
J’espinchai du côté d’Arnaud. Il se tenait aussi roide que mon pique, la bouche ouverte, tout enjôminé par le spectacle que nous offrait Marguerite. Par son geste, elle soulevait et mettait en valeur la générosité de ses mamelles dont on percevait les deux tétines énergiquement pointées sous la toile de sa chainse, largement décolletée et entrebâillée sous la robe.
Pour la première fois, en de telles circonstances, je vis les yeux d’Arnaud s’ouvrirent tout grand sur des pupilles dilatées, avant de se plisser pour ne laisser filtrer qu’un éclat noisette. René, le taciturne René, les yeux écarquillés, me parut bien excité.
Moi-même, je ne pus contrôler le gonflement et le développement subit de la partie de mon personnage qui se situait entre mes jambes. Sous le ceinturon. Marguerite se rendit-elle compte du trouble qu’elle provoquait ? L’avait-elle fait délibérément pour nous émoustiller ? Elle ajusta vivement les pans de sa chainse et resserra les cordons de sa robe.
Pour franchir ce pont presque aussi étroit que le tranchant d’une épée, nous nous encordâmes. Une très étroite passerelle en pierre joignait les deux bords, au
Weitere Kostenlose Bücher