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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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centre du trou. Elle était légèrement émoussée. Marguerite nous ouvrit la voie.
    Je suivis incontinent en essayant de ne pas penser au voragine noir qui s’ouvrait sous mes pieds. Au diable, la vertigine. Il nous fallut déployer des talents de funambule pour franchir le nouvel écueil en trois ou quatre enjambées, en nous équilibrant à l’aide de nos lancegayes que nous tenions à l’horizontale selon les consignes de Marguerite
    .
    Au bout d’un couloir plus large et plus spacieux que les boyaux que nous avions traversés jusqu’alors, un spectacle d’une inoubliable, d’une grandiose beauté s’offrit à nous à la lumière de nos torches.
    Nous avions débouché sur une splendide salle souterraine. Les parois étaient revêtues par endroits de moult superbes fresques peintes. Tout autour, de magnifiques statuettes avaient été taillées dans le roc. Elles se tenaient par la main et nous invitaient à quelque mystérieuse cérémonie réservée à des initiés ou à une carole animée par les anges du Bien et du Mal.
    Quatre piliers fasciculés en demi-jonc s’adossaient à la paroi, de part et d’autre de la salle. Ils soutenaient quatre arcs clavés en plain cintre qui formaient une croisée d’ogives. Les piliers coiffés en leur chef de corbeilles et d’astragales étaient surmontés de tailloirs et de cimaises.
    Douze cénotaphes étaient disposés au sol en épis, le long des murs, à égale distance les uns des autres. Les gisants représentaient des chevaliers inconnus allongés en harnois plain, les mains croisées sur la poignée de leur épée, à la hauteur de la poitrine, le chef adossé au mur, les pieds face à nous. Un écu à leur blason d’armes, taillé dans la pierre, commémorait quelque maison inconnue.
    Arnaud tenta de soulever, puis de faire glisser une des pierres tombales. Après plusieurs tentatives, il y renonça : les dalles étaient scellées ou trop massives pour être déplacées par un seul homme.
    Au centre de la salle, deux gigantesques bancs en pierre, sculptés et disposés en demi-cercle, entouraient le plateau d’une table ronde de plus de quatre coudées de diamètre. D’étranges figurines en argile, revêtues d’une simple toge, se dressaient majestueusement sur la table que recouvraient plusieurs couches d’argile qui s’étaient superposées au fil du temps. Les figurines étaient au nombre de douze ou treize, m’a-t-il alors semblé.
    Arnaud ne put résister à la tentation de se saisir de l’une d’icelles. Elle s’effrita entre ses doigts et tomba en poussière. Je passai un doigt sur le plateau, sans penser, peut-être par superstition, à en gratter la surface à l’aide de mon cotel. Je ne parvins qu’à râper le cuir de mes gants.
    De façon inattendue, la salle était fraîche, mais peu humide. Le sol était parfaitement plan et semblait avoir été poli. Tout me portait à croire que cette caverne avait abrité les réunions clandestines d’une secte ou d’une confrérie. Des hérétiques albigeois ? Des chevaliers de l’Ordre du Temple qui auraient échappé aux flammes des bûchers ?
    Marguerite, toujours à l’affût de quelque nouveauté, en étudia les moindres recoins. Elle nous expliqua pourquoi la salle était aussi saine : elle venait de découvrir un étroit puits par où l’air pénétrait.
    Je scrutai attentivement les parois à l’entrée de la salle. En effet, un autre symbole indiquait la présence d’un puits d’air à moins d’une centaine de pas. Nous lui demandâmes s’il faisait jour ou nuit. Elle leva son bâton de berger au-dessus de sa tête, mais ne put satisfaire notre curiosité. Le conduit semblait incliné et aucune lumière n’en filtrait. Un léger souffle d’air laissait cependant penser que nous ne devions pas être très loin de la surface du sol.
    Nous posâmes nos impedimenta pour souper et dresser nos châlits dans ce havre de paix. Le pain était de plus en plus rassis, le jambon de plus en plus sec, les poissons séchés un peu plus mols. Le vin piquait et ressemblait davantage à la pisse de chat du sire de Castelnaud qu’à du raisin fraîchement pressé. Et nos réserves d’eau étaient presque épuisées. Quel heur !
     
    Un grattement, une plainte assourdie me tirèrent d’un sommeil léger peuplé de cauchemars. Marguerite ne dormait plus à mes côtés. À la lumière discrète du calel, je n’y vis goutte. Le feulement, le chuintement se firent plus audibles,

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