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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Raoul d’Astignac.
    — Si tel est le cas, j’ordonne la flagellation de ces écervelés : trois bons coups de fouet pour chacun. Le premier pour avoir rompu le guêt sans en avoir reçu l’ordre, le second pour avoir été trop hauts à la main et le troisième pour n’avoir obéi que sous la menace. La peine est légère.
    « Veuillez exécuter la sentence, messire capitaine. Et de grâce, relevez-vous ! Je ne puis vous armer chevalier ! Ne suis-je point qu’un simple écuyer commandant ce château par intérim  ? Or donc, gardez vos génuflexions pour le baron. »
    Les deux écuyers qui s’étaient précipités sur les lieux avec le capitaine d’armes étouffèrent un rire de gorge. Ils firent coulisser le nœud qui étranglait le col de ma petite lingère et voulurent guider ses premiers pas. Elle se dégagea vivement, toisa ses bourreaux, leur tourna le dos et s’éloigna à pas lents et mesurés pour clamer son dédain.
     
    Par un triste sort enfagilhés,
    Ils ont commis crimes et péchés.
    Avec tardive repentance,
    Ils redoutent triste sentence
    Et vont de chemins en errance,
    En attendant la délivrance.
     
    « Et qu’ils ne comptent pas sur Marguerite pour panser leurs navrures ou adoucir leurs maux par quelque décoction de pavot ou de bétoine ! » précisai-je, hors de moi.
    — Messire Brachet, nous subirons notre châtiment sans broncher, mais de grâce, que le baron ne l’apprenne point ! s’émut l’un des rustres. Nos heures à vivre seraient petitement comptées, nous le savons.
    — Votre nom ?
    — Charles, Charles dit l’Andouiller.
    — Et celui de vos compains de traîtrise ?
    — Louis Ribière, Marc Vandœuvre, Mathieu Tranchecourt, Luc Finebranche et Julien Liorac », me répondit-il en les désignant du menton et du doigt. Il tremblait de la tête aux pieds.
    « Cette triste affaire restera entre nous. Nous nous accoiserons. Je m’en porte fort. Mais gardez-vous de me déçoivre deci en avant. Sinon, vous serez débailliés et jetés hors les enceintes. Qu’à Dieu ne plaise. Tout ce qui blesse une innocente, blesse Dieu. Et vous l’avez grandement offensé sur l’heure.
    « Capitaine, priez vos gens d’abattre cet arbre. Et tous ces arbustes et autres taillis qui encombrent la place. Si par malheur les Godons venaient à nous déconfire par surprise, leurs archers pourraient s’y dissimuler et nous tirer comme des lapins !
    « Débitez le tilleul en bon et solides madriers et faîtes sécher. Je ne sais quel usage nous pourrons en faire, mais les bûcherons ou le maître-charpentier sauront bien vous le dire. Utilisez les branches pour confectionner de longues perches en forme de fourches. Elles seront précieuses pour déboter les chanlattes d’assaut que nos ennemis ne manqueraient pas de lancer contre nos murs s’ils venaient à investir la place.
    « Quant à vous deux, messires, dis-je en m’adressant aux deux écuyers qui nous avaient prêté main forte, j’ai grande reconnaissance envers vous. Je crains que sans votre aide et votre détermination, ma protégée, ait rendu son âme à Dieu.
    « Car Marguerite est ma protégée, clamai-je haut et fort pour être entendu de tous. Ceux qui lui voudraient du mal en répondront par-devant moi ! Qu’on se le dise ! »
    M’adressant aux deux écuyers qui avaient eu l’heur d’intervenir, je les remerciai chaleureusement.
    « Messire Brachet, votre compliment nous touche droit, mon ami Guy de Vieilcastel et moi. N’y voyez cependant rien d’exceptionnel. Nous sommes fidèles au baron de Beynac et obéissons aux ordres. Et de tels remuements sont inacceptables, me précisa l’écuyer Onfroi de Salignac.
    — Vous avez été prompts à agir. Mais ce n’était point là remuements, mais une véritable émotion, une sédition ! me plaignis-je en m’adressant à Raoul d’Astignac.
    — Nous étions au plus près, avec notre capitaine d’armes. Quel heur ! Il s’en est fallu d’un cheveu que ces cuistres n’achèvent leur sinistre besogne.
    — Nous devons briser tout à trac les désastreuses habitudes d’aucuns des hommes de cette place, messire capitaine. D’icelles, je vous tiendrai pour responsable en personne.
    — Ne l’avez-vous point déjà dit, messire ? rétorqua le capitaine qui avait repris du poil de la bête.
    — Certes, oui, mais j’ai crainte de ne pas avoir été ouï, lui rétorquai-je quelque peu courroucé. J’entends que les officiers de ce

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