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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Beynac pourraient fort bien ne pas accepter d’en bailler le prix.
    Qu’à cela ne tienne. Ma réponse était lacée à ma ceinture. Je déliai les cordons de mon aumônière et ouvris le fermoir pour lancer cinq écus d’or au capitaine, et activer la construction du couillard.
    Surpris par mon geste et ma générosité, il en laissa choir deux sur le sol. L’un des écuyers s’en saisit et les tendit au chevalier qui en vérifia l’aloi entre ses dents, qu’il avait un peu grises.
    « Notre nouveau capitaine de place est non seulement accort à l’épée, il est pécunieux aussi ! s’écria-t-il hilare, en louchant vers mon aumônière. Sachez que je ne saurai être de reste : j’entends contribuer céans de mes deniers. Tenez, voici mon obole, deux écus ! lança-t-il avant de poursuivre :
    « Soyez toutefois prudent, messire Brachet. À voir les formes bellement rondes de votre bourse et aussi généreuses que le cul de Marguerite, vous pourriez bien attiser quelques convoitises de la part de gens maigrement soldés et vous trouver détroussé en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vous le dire.
    — Auriez-vous convoitise du bien d’autrui, messire chevalier ?
    — Moi ? Ah, ah, ah ! Que nenni, mes cent livres de rente me comblent, et je ne convoite point non plus le cul des damoiselles. Je préfère la compagnie de mes écuyers et de mon page…
    — Auriez-vous plus d’inclination pour les sodomites que pour les bougresses, messire ?
    — Les femelles sont souventes fois des suppôts de Satan ! Sous des couverts de chatemites, elles sont promptes à s’escambiller comme des folieuses dans un bordeau, ou à se faire engrosser par le premier soudard qui passe leur chemin.
    « J’en parle en connaissance de cause, croyez-moi. Les sens de mon épouse se sont enflammés pour un cuistre de passage, sueux et puant comme un putois ! Depuis ce jour, je ne puis plus éprouver de plaisir charnel, à moi n’en déplaise !
    « Mes braves damoiseaux m’offrent plus de plaisir que cette maudite femelle ne m’en a jamais donné. Elle était pourtant belle, la garce. Pour mon malheur, ce ne fut point mariage d’intérêt. Elle était pauvre comme Job et sa dot aussi grasse que la carcasse d’une merlette !
    « Mais je l’aimais, voyez-vous, messire Brachet. Je l’aimais de toutes mes tripes, me paonnais, la couvrais de bijoux, sans jamais la forcer. Je la caressais, la flattais, la mignonnais, lui contais l’amour courtois.
    « Elle restait aussi froide que la glace, aussi roide que la lame de votre épée, sans que je n’en sentis onques le moindre souffle. Elle était dotée d’autant d’esprit qu’une planche de bois. Mais foutre, elle ne savait point ou ne voulait point. Avec moi, en tout cas ! Et pourtant, je l’aimais plus que tout. Au point de l’avoir fieffée !
    « Je grossis comme un cochon, puis partis guerroyer contre les Godons pour les culbuter, à défaut de pouvoir le faire avec icelle. Elle me reprochait d’avoir un membre de plus en plus mou et pendouillé. Plus elle m’en contait, moins je pouvais durcir. Je maigris alors pour son plaisir. Mais rien n’y fit. Rien.
    « À dater de ce jour, j’affectionne les caresses subtiles des hommes de mon entourage. Sans chercher de vraie jouissance. Ils le savent, mais s’en accommodent et se consolent certainement entre eux, comme d’aucunes dames. Peu me chaut.
    « Venez donc en goûter, du charme de mes écuyers en ma maison forte. Vous êtes plutôt bien tourné de votre personne et ils seraient ravis de découvrir sous vos chausses quelques poils blonds !
    « Mais croyez-moi sur parole : ils sont presque aussi adroits que vous à l’épée, à pied ou sur un destrier. Je les ai moi-même formés au poteau de quintaine. Vous pourrez en juger à l’occasion, lorsque vous serez remis de vos blessures. »
    Je m’étais accoisé jusqu’alors, surpris pour ne pas dire troublé par la longue tirade de ce chevalier qui ne manquait ni d’esprit ni de sens de la dérision de lui-même. Les tourments d’amour qu’il avait vécus avec sa douce mie avaient meurtri son corps et enchaîné son esprit vers des penchants que je pouvais comprendre, quand bien même je ne saurais partager ses pulsions charnelles.
    En vérité, l’homme demeurait sur l’heure le seul à qui j’eusse envie de me confier en cette place, tant il était touchant de sincérité. Je sentais en outre sourdre en lui une force

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