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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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l’espion et de l’inquisiteur à la fois.
    J’allais rompre cette joute qui tournait à mon désavantage, lorsqu’il déclara, avec cette belle assurance qui le caractérisait :
    « Je crains que vous soyez tombé fol d’amour pour une chimère…
    — Comment diable pouvez-vous le savoir ?
    — Les murs ont des oreilles, messire. Mais n’y voyez point l’intervention du Diable. Ni celle des murs. Non point, rassurez-vous. Ils sont trop épais pour cela. Mais les bruits courent plus vite qu’un pur-sang au galop. Les pigeons voyageurs, messire, les pigeons voyageurs battent l’air à tire d’ailes.
    « N’oubliez jamais qu’ils parcourent la distance qui nous sépare du château de Beynac en moins d’un quart d’heure avec les vents d’ouest et guère plus d’une demi-heure si les vents leur sont contraires. Nous savons presque tout de vous ici depuis votre retour de l’île d’Aphrodite, bien que vous ne sachiez presque rien de nous. »
    Je regardai fixement le chevalier de Lebestourac et réalisai soudainement qu’il disait certainement vrai. Il venait d’infliger à ma naïveté une leçon humiliante, mais il me mettait aussi fort adroitement en garde contre les pièges que je risquais de rencontrer sur place. Des pièges moins matériels que ceux auxquels nous avions été confrontés dans les souterrains. Des pièges plus subtils et plus perfides.
    Pour mieux m’en convaincre, si sa leçon n’avait pas porté ses fruits, il me confirma froidement, l’air grave :
    « La gente damoiselle Isabeau de Guirande n’est pas pour vous.
    — Et comment pouvez-vous le savoir, messire ? »
    Je n’avais pas plus tôt lâché ma question que je me mordis les lèvres. Ce n’était pas en agressant le chevalier que j’obtiendrais des réponses.
    « Parce que je connais Isabeau de Guirande. Vous n’êtes pas sans savoir depuis quelque temps, qu’elle réside en le château de Commarque ? Quand elle ne se réfugie pas, sous bonne garde, en quelque abbaye voisine, Cadouin ou Saint-Cyprien ?
    — Soit, mais parlez-moi d’elle à la parfin, et cessez de tourner autour du pot ! répliquai-je un peu trop sèchement.
    — Soumettez plutôt à la question dame de Guirande. Mais, même sous l’emprise de votre charme, je doute fort qu’elle parle. Les instructions du baron de Beynac sont formelles. Quiquionques oseraient répondre à certaines questions seraient taxés de félonie, voire emmurés vifs.
    « Je regrette, messire Bertrand. Malgré l’amitié que je vous porte, je ne puis en dire plus. Je ne tiens pas à me priver de la belle rente qui m’a été accordée pour mes faits d’armes. »
     
    La conspiration du silence. Elle m’enchâssait l’esprit et le cœur plus méchamment que les planches d’un pilori. Quel étonnant secret ma gente fée aux allumelles pouvait-elle détenir pour inspirer pareille loi ?
    Parfois, j’avais été tenté de renoncer. En d’autres fois, je me révoltais à cette idée. À la parfin, je poursuivais mon enquête à grand arroi de peines et d’impuissance. Làs, j’étais ce jour d’hui encore bien loin de me douter des stupéfiantes raisons qui en étaient la cause. Et pourtant, je n’allais pas tarder à entrevoir la vérité en laissant courir quelques méchantes rumeurs, discrètement chuchotées sous le sceau de la confidence. Pour qu’elles se propagent et suscitent une réaction. De qui se sentirait concerné. L’avenir devait me donner raison et dépasser mes espoirs les plus fols. Au moment où je m’y attendais le moins.
     
    « Je vous sens bien songeur, messire Bertrand. Ne serait-il pas temps de nous rendre en la cour, à présent, où nous attendent les chevaliers et les écuyers de la place ? Ne nous auriez-vous pas mandé de nous y tenir, vers tierce ce matin, si je ne me trompe ?
    « Et n’oubliez point : ma maison vous est grande ouverte pour abriter vos amours ancillaires. Suivez mon généreux conseil. Sachez que je réponds de la discrétion de mes écuyers et de mes pages, si vous redoutez qu’ils ne jasent. Si un seul d’iceux venait à faillir, ils savent que je serais bien capable de leur décoler le chef sur le billot sans autre forme de procès. Faites-moi confiance ! »
    À voir de près son visage dont les traits s’étaient durcis, je n’en doutais pas un seul instant.
    « Y réfléchirai, messire, y viendrai peut-être… » lui répondis-je après un instant de silence. Un large

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