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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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se hisser péniblement sur la pointe des pieds pour jeter un regard alentour. Une bouffée d’air brûlant leur saisit la gorge. L’un d’eux referma précipitamment le fenestrou et le reloqua. D’aucuns l’ouvrirent à nouveau, avant de le refermer aussitôt, pour les mêmes raisons : comparé à la douce moiteur qui régnait dans la sacristie, orientée vers l’est, l’air qui s’engouffrait était suffocant.
    Mais la curiosité l’emporta. Bientôt, le fenestrou grand ouvert ne laissa plus filtrer le moindre filet d’air chaud. Six figures lunaires, hissées sur des tabourets, s’encadrèrent à l’intérieur du chambranle, écarquillèrent les yeux et scrutèrent la campagne au-delà du cingle de la rivière Dourdonne. Du côté de Castelnaud-la-Chapelle.
    Leur esprit s’éveillait lentement, mais la curiosité prenait le dessus. Ils se mirent à jacasser comme des pies. Et pour cause. De là où ils étaient, leur vue était brouillée par des ondes de chaleur. Elles dansaient sur la vallée qui s’étendait au loin à l’est, du côté du manoir de Marqueyssac.
    La vue ne portait mieux que sur les pechs boisés de la seigneurie de Castelnaud dont les clercs apercevaient juste la muraille infranchissable qui surplombait la rivière Dourdonne.
    Vêpres n’avaient pas sonné. Certes, le clerc préposé à sonner la cloche n’était guère en mesure de tirer sur la corde : il ronflait discrètement dans un coin reculé de la chapelle, les mains croisées sur la poitrine, et souriait aux anges d’un air béat, les paupières closes.
    Quelle que fut la façon dont on envisageait la chose, de toute manière, le bourdon ne sonnait pas les vêpres et le soleil était encore trop haut, en cette journée de juin, proche du solstice d’été. Était-ce un simple feu de cheminée, un feu de broçailles, un feu dans les champs de blé ? Le bourdon ne sonnait jamais les feux. Était-ce une chevauchée du roi Philippe ou de son fils Jean ?
    À l’horizon, aussi loin que portât la vue, il n’y avait point de poussière soulevée par le fer des chevaux. Pas de bannière ni de sonnerie de trompettes, aussi loin que portât l’oreille. Point de bataille, point d’avant-garde ni d’échelon de cavalerie. Point de cavalcade. Alors que se passait-il là-bas, pour expliquer pareil branle ?
    En ces temps douloureux de reprise de la guerre, les gens étaient devenus fatalistes. Ils ne criaient plus à l’arme aussi vite qu’autrefois. Comme tout le monde, ils s’habituaient aux vicissitudes du feu, de la guerre et de ses fléaux.
    Douillettement retranchés derrière des murs qui dominaient la vallée à plus de cent toises, était-il vraiment important, pour des gens fidèles au roi de France, de savoir de ce côté dextre de la rivière Dourdonne ce qui se passait de l’autre côté là-bas, à senestre ?
    Abrités par une forteresse réputée inexpugnable, ces braves gens étaient innocemment quiets. Certes, ils surveillaient toujours les remuements de la garnison retranchée derrière les murailles du château de Castelnaud, dont le seigneur était soupçonné d’affinités pour les Godons, mais ils étaient devenus philosophes.
    Surtout si les imprévus concernaient les autres. Ils les savouraient plus que les leurs. Et leurs corvées étaient plus douces lorsqu’ils savaient que celles d’en face étaient ordonnées par les Anglais et leurs inféodés, traîtres à la cause du roi, le seul, Philippe, sixième du nom.
    Il défendait la cause des lys de France contre les prétentions des léopards d’Angleterre. Une guerre où chacun revendiquait la couronne. Comme la guerre de succession qui avait opposé autrefois le roi Étienne et l’impératrice Mathilde. En leur royaume d’Angleterre. Deux siècles plus tôt.
    Cette fois, la guerre avait pris racine dans notre douce région d’Aquitaine, après le règne du roi Charles le Bel, quatrième du nom, rappelé à Dieu en l’an de grâce 1328 sans laisser d’héritier mâle en ligne directe.
     
     

     
     
    Les Anglais, en l’an 1346, s’étaient emparés de la bastide royale du Mont-de-Domme par trahison {v} , lors de la mémorable nuit pendant laquelle j’y séjournais, et ils avaient brûlé les archives. De là, leur ost s’était porté dans toutes les directions, puis dans le haut Quercy, en la forêt des Brasconies.
    Retranchés en la ville de Cagnac, ils avaient mené de terribles chevauchées alentour, pillant et causant

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