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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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moult maux au pays environnant.
    Pour mettre fin à leurs exactions, messire de Verderac, sénéchal du Pierregord et du Quercy, avait levé le ban. À la tête d’une armée forte de tous ceux qui étaient âgés de quinze à soixante ans et en état de porter les armes, il avait marché sur la bastide royale qu’il avait prise d’assaut quelques jours plus tard.
    Les quatre traîtres, qui avaient livré la ville aux Anglais deux ans plus tôt, furent confondus et pendus au Bois des Dames. Repliés sur les villages de Temniac, Campagnac et Saint-Quentin, les Anglais en furent bientôt boutés hors avec l’aide des bourgeois de Sarlat et du sire de Ribérac.
     
    Craignant que l’on ne tente de prendre sa forteresse d’assaut, le baron de Beynac avait obtenu le droit de ne pas rallier la bannière de messire de Verderac, de sorte que, bien que bouillants d’impatience d’en découdre, nous avions été retenus au château et les paysans de la baronnie n’avaient pas eu à subir le moindre trouble jusqu’alors.
    Manants, vilains et artisans ne se lassaient des pillages que lorsqu’ils affectaient leurs greniers à blé et leurs celliers remplis de bonnes et solides denrées. Mais leurs celliers seraient bientôt bordés : le temps des moissons approchait. Dès l’automne, les caves seraient remplies à nouveau de vin du Mont-de-Domme, les harengs étaient déjà en caques et les jambons seraient fumés dès le prochain hiver. Sous la cendre. Les poules, quant à elles, pondaient mieux que leurs femmes et la cervoise coulait à flot.
    Solidement protégés par la triple enceinte de la forteresse de Beynac et protégés par son impressionnante garnison, les habitants du village ne craignaient ni chevauchée du prince de Galles, Édouard de Woodstock, fils du roi Édouard d’Angleterre, troisième du nom, ni du comte de Derby, maréchal de son ost, retenus par d’autres chevauchés au nord-ouest.
    Que l’enfer fut avec eux. Que le diable les emportât. Dieu reconnaîtrait les siens, disait-on à l’époque de Simon de Montfort ! Ils ne savaient pas très bien qui l’aurait dit, mais, au fond, ils s’en moquaient, peu leur importait : la plupart d’entre eux ne savaient ni lire ni écrire. D’aucuns savaient seulement compter. Sur leurs doigts.
    Tant que le tout puissant baron de Beynac ne rassemblait point son ost et ne levait pas le ban, chevaliers, écuyers, sergents, arbalétriers, valets d’armes et manants ne risquaient pas de perdre quelques plumes au cimier ou la vie. Pourquoi se faire du souci pour ce qui se passait sur l’autre rive du lit ?
    Ils n’en auraient peut-être pas dit autant du lit de leurs femmes si elles étaient venues à forniquer avec un moins que rien ou pire, avec quelqu’un de mieux qu’eux. Enfin, le lit évoqué n’était après tout que le cours de la rivière Dourdonne, rive senestre, bien sûr.
    Certes, ces gens se méfiaient de l’eau qui ne dort pas, mais après tout, ne vivaient-ils pas au jour le jour ? Et leur seigneur, souvent vêtu de noir et de vert, n’était-il pas là pour les protéger et les garder du haut de ses cinq pieds huit pouces, moyennant corvées, redevances et autres servitudes ?
     
     

     
     
    Brusquement, à Beynac, au cœur même de la forteresse, le tocsin martela l’air d’une plainte lugubre, frénétique.
    « Mouil-lez les her-ses, re-le-vez le pont, fer-mez les écoutilles, ar-mez les man-gon-neaux ! Arbalétriers, parez à tirer, tous les valets d’armes, tous les sergents sur les créneaux ! Réveillez les hors quarts ! Verrouillez les loquets ! Hissez la bannière ! »
    Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines. Je me précipitai vers l’endroit où le baron de Beynac devait avoir huché ses ordres, à gueule bec.
    Le baron Fulbert Pons de Beynac venait de prendre le commandement de la forteresse, rôle qu’il confiait habituellement à notre capitaine d’armes, Michel de Ferregaye. Pour qu’il intervienne en personne, il devait redouter quelque chose de grave. De très grave.
    Plus personne ne se posait de questions sur son vocabulaire mâtiné de termes de marine depuis que le baron avait participé à la bataille de l’Écluse, de triste mémoire pour le royaume et pour moi : j’y avais perdu mon père. Il s’était interposé au péril de sa vie et la hache qu’un écuyer gascon destinait au baron de Beynac lui avait ouvert le crâne.
     
    Les gens d’armes de la garnison obéirent

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