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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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quel crime serais-je la monstrueuse complice ?
    — Crime par le poison. Un poison terrifiant : celui qui donne le Mal noir ! La pestilence ! »
    Le sang se retira du visage de mon interlocutrice. Elle devint plus blanche que neige et détourna les yeux pour reprendre son sang-froid. J’enfonçai le cotel dans la plaie jusqu’à la rouelle :
    « Vous n’êtes pas sans savoir quel châtiment est réservé aux empoisonneuses ?
    — Le bûcher ! La mort par le feu purificateur. Oui, je connais les pratiques des tribunaux de l’Église. Encore vous faudrait-il prouver ma culpabilité. L’accusation que vous me jetez à la face est stupide et folle !
    — Si vous avouez ce crime, le baron m’a assuré qu’il se portait garant de ne pas vous livrer à la justice ecclésiastique. En outre, vous pourriez toujours faire appel de sa sentence et ester près le Conseil du roi en votre qualité d’épouse du baron du Pierregord. Vous auriez le droit de plaider votre cause et de bénéficier d’une mesure de clémence. Je doute cependant de l’issue.
    — Et quel châtiment me réserverait ce chien, mon mari ? Vous devez bien le savoir, vous son immutable féal ?
    — Vous seriez condamnée au mur. Votre vie durant. En quelque oubliette de quelque château dont le baron envisage la construction du côté de Laussel ou de Puymartin.
    — Je hais le baron et tous ceux qui lui appartiennent », grinça-t-elle en se levant brusquement. Je me levai à mon tour et osai la provoquer :
    « Je crains qu’il n’éprouve les mêmes sentiments à votre égard : la paire de cornes dont vous l’avez ceint le gêne quelque peu pour y poser dessus sa couronne de baron et ne peut qu’aggraver votre… »
    Je n’avais pas achevé ma phrase qu’elle s’était avancée vivement vers moi, le feu aux joues, pour m’affronter et me balancer une gifle retentissante. J’interceptai son geste en saisissant la paume de sa main à la volée et la broyai dans la mienne.
    Elle poussa un petit cri. Je relâchai la pression sans lâcher les doigts fins, aux ongles propres et finement vernis. La belle garce était sortie de ses gonds. Elle se ressaisit incontinent :
    « Messire Brachet, cessez de me deshonester, de m’avilir, si vous souhaitez obtenir de moi quelque aveu. Vos paroles n’auraient été qu’insolentes, passe encore, mais elles sont… elles sont (elle cherchait ses mots, c’était signe de faiblesse, mais point encore de reddition), elles sont déplacées. Oui déplacées.
    « Vous m’aviez laissé vous imaginer plus d’esprit. Vous êtes bien haut à la main et votre jeunesse n’excuse pas votre cuistrerie. J’ose espérer que vous joutez mieux en champ clos que vous ne jouez du plat de la langue !
    — Ma Dame, je joue peut-être mal du plat de la langue, mais votre émeuvement me laisse sans voix. Niez-vous la vérité ?
    — Je récuse vos accusations tout à trac et ne vous permets pas de m’insulter. Il pourrait bien vous en cuire si le baron venait à apprendre que vous avez porté la main sur moi. »
    La peur que je lisais dans son regard démentait ses propos. Je mis fin à un entretien qu’il me semblait inutile de poursuivre sur l’heure :
    « Permettez-moi de me retirer. Nous reprendrons cette agréable conversation demain. Vous recevrez la visite de ma lingère vers sexte. Elle vous apportera dîner et confort. »
    Je m’inclinai, sortis en boitant, caressai la tête de Clic et de Clac, leur recommandai de monter la garde et d’interdire toute visite. Ils grognèrent de plaisir. Ils me remerciaient à leur façon de la confiance que je leur accordais.
     
     

     
     
    Les jours s’égrenaient au rythme des cloches de la chapelle Saint-Jean, des coucous, à l’aurore et au crépuscule, des hululements d’un chat-huant la nuit.
    À tout moment, l’on percevait le ferraillement d’épées entrechoquées, les coups de marteau que le maître charpentier et un valet d’armes, qui faisait office de forgeron, assenaient aux tenons et aux mortaises pour assembler et fixer solidement les pièces du couillard.
    Il n’y avait toujours aucun signe de vie dans la vallée de la Beune. Aucun nuage ne laissait espérer la moindre goutte de pluie et la terre se desséchait, se craquelait, et le feuillage prenait une couleur terne.
    Mais fort heureusement, aucune maladie ne s’était déclarée dans le village. Par la grâce de saint Bruno, nous passerions peut-être à travers

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