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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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et relever René le Passeur de sa garde, mon attention fut attirée par des aboiements dans un chenil. Je fis un détour.
    Dressés sur leurs pattes arrière, deux énormes dogues, babines retroussées, grippaient les barreaux de fer de l’enclos dans lequel les molosses étaient confinés.
    Un valet s’était approché d’eux et leur balançait par une trappe sise au-dessus, des quartiers de viande et des carcasses, reliefs de nos repas. Les bêtes jappèrent, l’air méchant, et se jetèrent sur la nourriture comme la variole sur le bas clergé avec des grognements féroces.
    Le valet me recommanda de ne point trop m’avancer. Clic et Clac (c’était leur nom), avaient déjà mordu méchamment ceux qui avaient eu la mauvaise idée de glisser la main à l’intérieur de la cage. Seul, le baron de Beynac pouvait les approcher. Ils ne recouvraient leur liberté dans l’enceinte du village qu’en sa présence.
    Je lui demandai de m’ouvrir la porte de l’enclos. Il refusa de prime abord, tout à plat, craignant probablement plus pour sa vie que pour la mienne. Je réussis à le convaincre et pénétrai dans la cage aux fauves avec des morceaux de viande, sous l’œil intéressé des monstres.
    Sur mon ordre, ils s’assirent, grognèrent, se calmèrent et se saisirent délicatement des morceaux que je leur tendis à l’un, puis à l’autre, avant de les engloutir avec une belle voracité, sous l’œil médusé du valet de ferme.
    J’avais trouvé là deux fidèles écuyers. René le Passeur et moi n’aurions plus à monter la garde à tour de rôle devant la porte de la dame de Guirande. Personne ne tenterait de s’en approcher ou de sortir de la pièce si j’y apostais mes nouveaux amis en sentinelle, à notre place.
     
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Mes deux nouveaux cerbères m’accompagnèrent docilement, jusqu’à la salle des Gardes, après avoir pris leur pitance. Les sergents et les arbalétriers, qui n’étaient pas de garde, s’éparpillèrent comme des abeilles dans un chastoire à l’approche d’un ours. Les uns se précipitèrent sur leur lancegaye, les autres mirent la main sur la poignée de leur épée, prêts à desforer.
    Les plus courageux gravirent les deux marches de l’encoignure de l’archère, non point pour surveiller l’extérieur mais pour se protéger de leurs ennemis de l’intérieur.
    D’autres, surpris dans leur partie de dés, tentèrent de trouver refuge en gravissant précipitamment les premières marches de l’escalier en caillemaçon qui accédait aux étages supérieurs et qui donnait accès, trois paliers plus haut, à la chambre de la baronne de Beynac.
    Les dés formèrent sur le sol, où ils avaient roulés, un superbe tous quinnes. Un triple cinq. Personne ne revendiqua le gain de la partie.
    Nous traversâmes fièrement la salle et je leur conseillai, aux uns et aux autres, de s’accoiser et surtout ne point bouger de là où ils se trouvaient. Afin de ne pas déclencher les instincts les plus meurtriers de mes deux gentils monstres, que je craignais de ne pouvoir réfréner…
    Les plus déconfits furent ceux qui avaient gravi les premières marches de l’escalier. Lorsque nous nous approchâmes, Clic et Clac sur mes talons, ils se collèrent à la paroi, l’esprit altéré, et s’écrasèrent sur la pierre au point de plus faire qu’un avec icelle. Je crus, à mon tour, y voir quelque fantosmerie tant ils étaient devenus blancs. Mais le choc du fourreau de leur épée contre la paroi prouva le contraire.
     
    Nous gagnâmes le seuil de la chambre de dame Éléonore de Guirande. J’ordonnai à mes deux nouveaux écuyers servants de ne point bouger, leur caressai la tête, le museau et le col. Ils jappèrent de plaisir, me mordillèrent la main et m’en léchèrent la paume à grands coups de langue.
    Il ne m’était point désagréable de savoir que je disposais à présent de deux nouveaux amis dans la place. Iceux me semblaient plus sages et plus immutables que d’aucuns des membres de cette petite garnison.
    À mon entrée, la châtelaine de Guirande déploya sa belle et grande stature. Ses yeux, dorés comme la paille au soleil, accrochèrent mon regard et le captivèrent.
    Nous nous regardâmes ainsi un long moment en silence, avant que je ne brisasse le charme envoûtant qu’elle distillait dans cette pièce. Je m’avançai en foulant un mélange de feuilles de menthe sèches et de fougères fraîchement coupées et refermai

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