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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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partie. Nous décidâmes d’un commun accord d’abandonner ce jeu de moindre intérêt pour nous livrer dorénavant bataille sur un eschaquier. Et commencer le jeu de la vérité.
     
     

     
     
    Notre première partie d’échecs, nous la disputâmes quelques jours plus tard. Le sol de sa chambre fleurait bon des dernières roses qui fleurissaient sur l’un des murs du verger. J’y vis la main de Marguerite qui ne reculait plus devant rien pour s’attirer les bonnes grâces de sa nouvelle maîtresse.
    Le jeu de la vérité venait de commencer : qui gagnait la partie soumettrait l’adversaire à la question. Le perdant se devait, sur l’honneur, d’y répondre sans faux-fuyant.
     
    Je pris progressivement la mesure de mon adversaire. Moins habile à ce jeu que ne l’était le chevalier Foulques de Montfort que j’avais parfois vaincu, elle commettait des erreurs, soit en début de partie lors du déploiement des premières pièces, soit lors de l’occupation du terrain, soit en fin de partie.
    Je les savourais avec moult satisfactions sans rien en laisser paraître, et je poussais la perfidie au point de la complimenter pour une manœuvre que je voyais venir depuis deux ou trois coups. Sa stratégie était simple et limpide, chose étonnante pour un esprit aussi retors.
    Elle n’anticipait guère plus de trois ou quatre coups à l’avance. J’en prévoyais entre sept et neuf, connaissais les ouvertures et les pièges des milieux et des fins de partie. Je lui laissai gagner la première partie. Elle en profita pour me poser la première question à laquelle j’étais tenu de répondre :
    « Croyez-vous vraiment, messire Bertrand, en ma culpabilité en ce crime monstrueux dont vous m’avez accusée ?
    — Je ne sais, ma Dame. Je ne sais encore. J’en viens parfois à douter.
    — Rien n’est grand qui n’ait une part de doute, renchérit-elle, un pli ironique au coin des lèvres.
    — Les parties suivantes éclaireront peut-être les voies de la vérité. Enfin, si je parviens à les gagner », bougonnai-je, le regard vague et non sans belle hypocrisie.
    Je perdis plusieurs autres parties. Pour acquérir sa confiance. La conforter dans un combat que je pressentais de plus en plus inégal et l’acculer, plus tard, à m’avouer à bon escient les secrets qu’elle ne m’aurait jamais livrés si elle avait pu soupçonner des victoires sans lendemain. Je porterais l’estoc, le moment venu. Lorsque je l’aurais décidé.
    Elle profita d’une domination qu’elle croyait définitivement acquise à son profit, pour m’interroger sur les circonstances de l’apparition du Mal noir telles que je les avais vécues.
    J’évoquai l’existence des fioles censées contenir l’eau et le sang du Christ, la disparition de l’une d’icelles lors du meurtre du père Louis-Jean d’Aigrefeuille. L’apparition et le développement foudroyant de l’epydemie de pestilence à bord des trois nefs, la Santa Rosa, la Santa Lucia et la Santa Elisa, dans les deux ou trois jours qui suivirent notre appareillage du port de Famagouste, en l’île de Chypre. La chance incroyable et miraculeuse d’avoir été épargnés, Foulques, Arnaud et moi, etc.
    Je n’avais pas si tôt parlé des fioles que son regard brilla d’un éclat nouveau, mordoré. J’avais délibérément parlé des fioles, car j’étais convaincu qu’elle n’en ignorait rien.
     
    Je perdis une nouvelle partie. Éléonore de Guirande me demanda aussitôt qui, selon son époux ou selon Foulques de Montfort, aurait bien pu tenter de s’approprier ce Saint-Graal d’une valeur inestimable pour les chrétiens.
    J’avançai leur suggestion : soit les Juifs, soit les Ismaéliens par la main de la secte des Hachichiyyins. Pour la première fois, elle rit, d’un rire de gorge et de nez, bouche fermée. Elle renversa la nuque en arrière sur le dosseret de son siège, puis s’esbouffa à gueule bec, sans retenue, en proie à une forte exaltation, à la limite de la crise d’épilence.
    Les pointes de ses mamelles tendirent fortement la fine soie de sa robe. Elle était de couleur émeraude, ce jour, et mettait en valeur la forme ronde et bien galbée de ses tétines. Je ne pus m’empêcher d’en comparer l’aspect à ceux que ma douce Marguerite m’avait permis de paillarder sous sa robe.
    Excité par ce spectacle provoquant, qu’elle en eût conscience ou non, je dus lutter violemment pour rester sagement séant et ne point avancer

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