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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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l’epydemie de Mal noir.
    J’avais accepté l’hospitalité du chevalier Guillaume de Lebestourac en sa maison forte, sans partager ma couche pour autant.
    Les murs de la pièce de dimension modeste qu’il avait mise à ma disposition n’étaient pas recouverts de tapisseries de haute ou de basse lisse, à la différence de ceux de dame de Guirande ; je ne m’en plaignais pas : la pierre était agréablement fraîche et, malgré la chaleur qui sévissait toujours au-dehors, de jour comme de nuit, je dormais plutôt bien.
    Un page changeait tous les jours les feuilles de fougère qui tapissaient le sol et il m’arrivait souvent de dormir à même le dallage. René en faisait de même, devant la porte de ma chambre, l’épée, la miséricorde et l’arbalète à portée de main.
     
    Les longues heures d’entraînement que j’avais imposées à la garnison portaient leurs fruits. Les hommes d’armes, chevaliers, écuyers, sergents et simples valets s’en étaient accommodés. Ils s’étaient d’abord rechignés, puis ils s’y prêtèrent ensuite de plus ou moins bonne grâce.
    Là où d’aucuns y voyaient un simple jeu, j’y voyais un enjeu de taille : repousser un assaut ennemi dans les meilleures conditions pour éviter les conséquences dramatiques d’une reddition.
    La forteresse de Commarque, située en une position stratégique au centre d’un nœud de communications entre les villes de Bergerac, de Sarlat, de Pierreguys et de Brive-la-Gaillarde, contrôlait le passage au confluent des rivières de la Beune et de la Vézère. Elle ne manquerait pas d’attirer les convoitises des Anglais s’ils reprenaient les hostilités.
     
    La place était à présent mieux rehordée. Les murs, en leurs points faibles, avaient été renforcés par de solides pieux en bois, et nous avions dressé des hourds en d’autres endroits en fixant de lourds madriers de chêne dans les trous de boulin.
    Ils feraient office de mâchicoulis, là où il n’y en avait pas, et renforceraient les défenses de ce curieux village où les maisons nobles étaient souvent séparées les unes des autres par des fossés secs. Autant de témoignages du bel esprit d’union qui régnait en ces lieux !
    Les dogues montaient la garde devant la porte de la chambre de la châtelaine tant que je ne les relevais pas pour leur permettre de se dégourdir les pattes, de bouffer, de boire et de semer l’effroi lorsque je traversais la salle des Gardes. Je courais parfois en claudiquant pour jouer avec eux.
    Un beau jour, Clac, à qui j’avais appris des rudiments de saut, s’élança et sauta dans ma direction pour saisir le bâton que je brandissais en hauteur. Sous le poids de l’animal, qui devait bien peser dans les cent ou cent vingt livres, je chus à terre.
    Le monstre se jeta sur moi… pour me lécher le visage à grands coups de langue. Il l’avait chaude et râpeuse. N’eût été son haleine puante, j’eusse partagé son amour.
     
    Je m’étais réjoui d’apprendre que dame de Guirande avait très vite jugé son écolière digne de recevoir un enseignement magistral des meilleurs lecteurs de nos universités. Elle m’avait assuré que Marguerite faisait son apprentissage à vive allure.
    Bien qu’elle n’eût jamais enseigné sa science à d’autres, elle m’avait avoué, dans un moment de faiblesse, prendre plus de plaisir à la compagnie de la jolie lingère qu’à la mienne. La damoiselle était douée, sage, appliquée et ne manquait pas d’esprit, à la différence d’aucuns, m’avait-elle lancé en plongeant ses yeux dorés dans les miens.
    Marguerite – je ne recevais de farmacie que de sa main et la côtoyais souventes fois –, me suggéra un beau jour de proposer à sa nouvelle maîtresse le jeu de la vérité. La petite enjôleuse s’y adonnait dans son enfance : qui perd une partie doit répondre à la question que lui pose le vainqueur, en bonne foi, sans trouble ni sournoise réponse, sous peine de gages.
    Certes, d’aucuns étaient tentés de tricher mais, s’ils étaient confondus, la sentence tombait alors : ils étaient bannis du groupe pendant six jours et devaient faire amende honorable en portant une chape coiffée d’une mitre renversée, dont l’usage était de ne la porter que le jour de la fête des fous.
    Bien que je doutasse que la baronne acceptât ce jeu puéril, je décidai de tenter l’expérience. Je n’avais rien à y perdre d’autre que d’être moi-même

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