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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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comme l’amour,
    C’est un gouffre qui n’a pas de fin.
     
     

     
     
    « Reconnaissez-vous ce blason armorié, ma Dame ? » demandai-je à la baronne, en lui montrant l’anneau que René le Passeur avait découvert dans les souterrains après la disparition d’Arnaud.
    — Comment se fait-il qu’il soit en votre possession ?
    — Veuillez d’abord répondre à ma question. Ne serait-ce point là les armoiries de votre fils ? Un certain Arnaud de la Vigerie ?
    — Ainsi, vous saviez…
    — Je ne savais point, mais m’en doutais depuis longtemps : le fils adulteire que vous avez eu de votre accouplement charnel avec Foulques de Montfort, n’est-il pas ?
    — Oui, ce sont celles de mon fils Arnaud de la Vigerie. Mais vous vous fourvoyez en croyant que le chevalier de Montfort en est le père illégitime.
    — Expliquez-vous, je vous prie.
    — Arnaud, qu’il soit maudit, est le fruit de ma première-union avec Barthélémy Méhée de la Vigerie, mon premier mari, rappelé à Dieu peu après la naissance d’Arnaud. Tout comme votre père, messire Brachet. Il fut nourri par Jeanne, la lingère qui appartient à présent à mon époux et loge en le château de Beynac.
    — Jeanne ?
    — Oui, Jeanne la lingère. Elle l’a nourri de son lait. Comme vous le fûtes vous-même, au décès de votre mère, morte dans ses linges saprès vous avoir mis au monde. »
    Arnaud de la Vigerie ? Arnaud, mon frère de lait ? J’accusai le coup. En trahissant le secret que m’avait confié le chevalier Foulques de Montfort après sa victoire dans l’ordalie qui l’avait opposé au chevalier Geoffroy de Sidon, le champion du roi Hugues de Lusignan, j’insinuai :
    « Foulques de Montfort se comporte vis-à-vis d’Arnaud comme si ce dernier était son fils. Pourquoi ?
    — Ce bon Foulques a toujours cru qu’il était son père. J’ai eu la faiblesse de ne pas le détromper, je l’avoue. Afin qu’il veille sur son éducation et le forme à l’ordre de chevalerie, avec l’accord du baron au demeurant. Un échec lamentable.
    « Je détiens tous les actes qui en attestent. Vous pourrez les consulter, si vous ne me croyez. Ou interroger mon époux.
    — Admettons, mais nieriez-vous avoir forniqué avec le chevalier de Montfort ? N’oubliez point : je suis votre confesseur céans.
    — Au décès de mon mari Barthélémy Méhée, j’eus très vite deux chevaliers servants : le chevalier Foulques de Montfort et le baron Fulbert Pons de Beynac. Je fis, làs, le mauvais choix et ne tardai pas à m’en rendre compte. Trop tard.
    « Avant d’épouser le baron, j’ai eu, il est vrai, une relation charnelle et passionnée avec Foulques de Montfort. Il ignorait alors l’existence d’Arnaud, que j’avais mis au monde trois mois plus tôt. Il était d’une droiture exceptionnelle, l’air fendant, valeureux et courtois. Mais il était alors aussi pauvre que le sont les chevaliers bacheliers. Or donc, je choisis le parti du baron de Beynac, très bien fieffé, ignorant alors qu’il convoitait plus ma dot qu’il ne se mariait par amour pour moi.
    « Il en fut pour ses frais et débours, lorsqu’il découvrit un jour que ma dot ne m’appartenait pas directement, mais ne me reviendrait que si ma nièce venait à décéder avant moi, sans avoir d’héritier direct, mâle ou femelle.
    — Quel que soit l’esprit chevaleresque et la probité du baron, mon compère et maître, dont je ne doute pas, n’aurait-il point été tenté d’accaparer votre dot en cloîtrant votre nièce Isabeau de Guirande dans quelque couvent, à défaut d’envisager de la faire disparaître dans quelqu’oubliette de ses châteaux ?
    — Si ma nièce venait à trépasser dans un couvent, les actes stipulent que la dot reviendrait à l’abbesse ou à la mère supérieure du couvent où elle décéderait.
    — Et si elle disparaissait purement et simplement ? m’enquis-je, sans croire que le baron ne soit, onques, capable de commettre pareil crime.
    — Dans ce cas, elle mourrait avec le secret qu’elle détient.
    — Et si elle était soumise à la question extraordinaire ? Pensez-vous qu’une jeune damoiselle serait capable de résister aux tourmenteurs ?
    — Rares, exceptionnels, sont les gens qui n’avouent pas si on les travaille dans la chambre de torture. J’en conviens. Mais vous l’avez dit vous-même, quels que soient les sentiments que je porte au baron, je ne le crois pas capable

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