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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ne quittaient plus les miens. Elle accentua la pression que ses doigts exerçaient sur ma tête. En appui sur les mains, je me cambrai pour tenter de résister à l’épouvantable tentation de baiser ses lèvres pulpeuses à gueule bec. L’effet fut inverse.
    Mon corps, plaqué sur le sien, échappait à mon contrôle, ondulait à présent à l’unisson, entre ses cuisses. Les narines dilatées, je humai avec délectation son haleine au parfum de menthe fraîche et son corps à l’odeur forte et suave des violettes.
    Nos lèvres s’effleurèrent. Les siennes étaient terriblement chaudes et attirantes. Je résistai, bouche contre bouche, lèvres contre lèvres, les sens en ébullition. Elle accentua très légèrement la pression de ses mains sur ma tête pour m’inciter à baiser leur coupe interdite.
    Je m’escumai de plus en plus. Je résistai encore, mais de plus en plus mollement, la bouche ouverte, le souffle court. Mes bras, sur lesquels j’avais pris appui, fléchissaient sensiblement. Elle le sentit. Le bout de sa langue effleura la mienne. Son contact me mit en transes.
    Je ne résistai plus. Je perdis tout contrôle, toute résistance. Nos bouches s’écrasèrent l’une sur l’autre. Nos yeux se fermèrent. Nos langues se fouillèrent avidement, en une longue et pénétrante patoune comme je n’en avais encore jamais connu. Il est vrai que, si j’avais perdu mon pucelage en l’île de Chypre, je manquai encore quelque peu d’expérience.
    J’étais parvenu à la limite de l’extase lorsque, à bout de souffle, nous dûmes à regret abandonner cette exquise et douloureuse caresse.
    « Prends-moi, Bertrand ! Prends-moi céans ! Despoille-moi !
    — Nous ne le pouvons pas, Éléonore, et le savez ! soufflai-je en un dernier et bien téméraire sursaut de volonté.
    — Aurais-tu mauvaise conscience ? À cause du baron ?
    — Oui, m’amie. Nous lui appartenons l’un et l’autre et ne pouvons tromper la confiance qu’il nous accorde, répondis-je en me demandant combien de temps je lutterais contre cette trop forte tentation.
    — Tu sais que je hais le baron !
    — Pour des raisons que vous ne m’avez point encore expliquées. Quant à moi, vous savez que je le respecte pour tout ce qu’il me donné. Je suis fidèle à mon seigneur et ne voudrais point ajouter une paire de cornes à son chef.
    — Il n’en saura rien, crois-moi.
    — Notre mauvaise conscience nous le rappellerait trop souventes fois.
    — La conscience ! La conscience, que sais-tu de la conscience ? Celle que les confesseurs de l’apostole invoquent pour faire parler leurs pénitents ?
    — L’apostole ? Vous avez déjà cité ce nom à plusieurs reprises. Pensez-vous au Saint-Père ?
    — Le père de l’Église n’a rien d’un saint ! Mais peu importe. Carpe diem ! J’ai trop grande envie de te connaître charnellement et de m’emmistoyer avec toi, mon beau sire. Mais peut-être suis-je trop vieille et trop laide pour te plaire ? Il est vrai que j’aurai bientôt trente-six ans d’âge…
    — Vous n’êtes ni l’une ni l’autre, m’amie. Vous êtes bellement désirable et aurais grand plaisir à partager les plaisirs de la chair avec vous. Vous me mettez au supplice.
    — Alors, laisse-moi te crucifier. Tu verras qu’on fait de bonnes soupes dans les vieilles marmites ! dit-elle d’un sourire triste et sincère.
    — Vous êtes encore jeune et fort belle, m’insurgeai-je. Et tellement désirable !
    — Alors, laisse-moi faire. Je te ferai connaître le paradis. Celui du Dieu Bon. Douterais-tu que je n’en sois capable ? Je sens que tu n’es plus puceau, mais je sens aussi que tu as soif d’expériences nouvelles. Il n’y a là que choses normales pour un bel homme à l’esprit vif, celui d’un écuyer doté de belle intelligence ! Ton corps est noueux, sans une once de graisse, murmura-t-elle en glissant ses ongles sur mon dos et en parcourant mon échine.
    — Vous me flattez, ma gente Dame, vous me flattez trop pour être sincère », répondis-je un tantinet chatemite, en bandant puis en relâchant tous mes muscles, l’esprit en désarroi.
     
    Je m’étais ressaisi. Pastrouiller à gueule bec nous avait entraînés sur le terrain de la raison, un terrain qui nous écartait insensiblement mais sûrement d’une délicieuse passion charnelle à laquelle nous avions été à moins de deux doigts de nous abandonner.
    Éléonore le sentit bien. Elle tenta de

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