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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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lançant autour d’elle des regards rapides. Dans ses regards brilla un lumineux rayon d’intelligence qui éclaira soudain sa physionomie entière. Redressant la tête, et étendant la main vers son persécuteur, elle demeura durant l’espace d’une seconde, immobile et sans voix ; puis enfin sa bouche s’entr’ouvrit, et tout son être frémit, agité par un frisson convulsif.
    – Ah ! s’écria-t-elle d’une voix ferme ; ah ! je vous reconnais ! Vous êtes le comte de Fougueray !
    Diégo, stupéfait du changement étrange qui venait de s’opérer dans la jeune fille, recula malgré lui ; mais, se remettant promptement, il s’élança vers elle, la saisit de nouveau, et s’efforça de l’enlever de terre. Yvonne voulut en vain lutter. Enlacée par les bras vigoureux de Fougueray, elle se débattait sans pouvoir échapper au misérable.
    – Va ! disait Diégo tout en contenant les mouvements de la jeune fille ; va ! personne ne peut venir à ton aide.
    Yvonne poussait des cris déchirants. Malheureusement pour la pauvre enfant, la maison que Pinard avait choisie pour gîte était habitée par lui seul. Les anciens locataires avaient fui le voisinage du satellite de Carrier. Diégo avait dit vrai ; Yvonne était à sa merci, et nul ne pouvait la secourir.
    Déjà les forces manquaient à la jeune fille. Épuisée par la lutte, elle demeura inerte et sans défense entre les mains du bandit. Diégo laissa échapper un rugissement de joie. Il souleva Yvonne, et approcha de ses lèvres la tête virginale de la fiancée de Jahoua.
    Yvonne ne sentit même pas le baiser impur dont le monstre souilla ses beaux yeux éteints. Diégo, entraîné par une sorte de frénésie, porta la main sur les vêtements qui couvraient le corps de la malheureuse enfant. Ce mouvement ranima Yvonne. Elle se redressa, et parvint une fois encore à s’échapper des bras de l’Italien. Elle se précipita dans la première pièce.
    – Au secours ! au secours ! cria-t-elle dans un paroxysme de désespoir.
    Mais Diégo l’avait suivie.
    – Appelle si bon te semble ! hurla-t-il en s’emparant de nouveau de sa proie. Je te l’ai dit, personne ne viendra.
    En effet, personne ne répondit aux cris de la jeune fille. La pauvre enfant, haletante et sans force, implorait la miséricorde divine. Dieu seul pouvait la sauver. Dieu ne l’abandonna pas.
    Au moment même où Diégo emportait Yvonne à demi-évanouie, la porte d’entrée, que le bandit n’avait pu refermer, puisqu’il en avait fait sauter la serrure, la porte d’entrée s’ouvrit avec fracas, et un homme bondit d’un seul élan jusqu’au milieu de la pièce. Diégo s’arrêta.
    Par un double mouvement plus rapide que l’éclair, il fut sur la défensive. Laissant glisser Yvonne sur le plancher, il saisit un pistolet passé à sa ceinture et l’arma.
    L’entrée du nouveau personnage qui venait interrompre cette scène épouvantable, avait été si brusque, que celui-ci demeura lui-même comme étourdi de son action et dans un premier moment d’indécision inquiète.
    À la vue de cet homme, Yvonne s’était redressée, et ses yeux démesurément ouverts, sa bouche béante, indiquaient une émotion violente, terrible, venant se joindre encore à celle qu’elle éprouvait déjà. Tous trois demeurèrent un instant immobiles ; mais cet instant fut court.
    Le nouveau venu se trouvait placé en face d’Yvonne ; ses regards s’arrêtèrent tout à coup sur la jeune fille et un rugissement effrayant s’échappa de sa poitrine.
    – Yvonne ! s’écria-t-il d’une voix rauque et étranglée.
    Puis se retournant sur Diégo :
    – Ah ! ajouta-t-il avec une expression de férocité inouïe. Tu vas mourir !
    Et d’un bond, d’un seul bond de chat-tigre s’élançant sur sa proie, il tomba sur l’Italien. Le pistolet de l’envoyé du Comité de Salut public s’abaissa et le coup partit. La balle traversa de part en part le bras du défenseur d’Yvonne ; mais telle était la force de cet homme et la puissance de la folle colère qui le dominait, qu’il ne sentit même pas la blessure dont le sang partit à flots.
    Étreignant son adversaire à la gorge, il le terrassa d’un seul effort comme il eût plié un faible roseau. Le bandit râla sous cette énergique pression, sa face s’empourpra, puis passa rapidement du rouge vif au violet, et il demeura étendu sur le sol, la poitrine écrasée par le genou puissant de son

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