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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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l’absence du tutoiement, et il a souri lorsque j’ai prononcé à demi le nom de la feue reine.
    – Mais comment se nomme-t-il ?
    – Je l’ignore, répondit madame Carbagnolles ; il n’a pas voulu dire son nom ; mais en revanche, il s’est qualifié d’envoyé du Comité de Salut public de Paris.
    – Un envoyé du Comité de Salut public, madame Rosine ? répéta vivement l’inconnu. Vous êtes certaine de ce que vous dites ?
    – J’ai écrit ce titre sous sa dictée.
    L’homme fit un geste énergique, puis faisant rapidement quelques pas dans la chambre, il s’arrêta en se frappant le front.
    – Un envoyé du Comité de Salut public de Paris, murmura-t-il ; mais il doit être tout-puissant à Nantes ! Il doit entrer et sortir des prisons à son gré ! D’ailleurs il peut, dans tous les cas, devenir un otage précieux ! Il faut que je devienne maître de cet homme !
    Et l’homme s’avança vers la porte. La marchande l’arrêta.
    – Où allez-vous ? demanda-t-elle avec inquiétude.
    – Il faut que je suive celui qui sort d’ici, que je sache où il va, où je dois le retrouver !
    – Inutile ! Marguerite l’accompagne. En revenant, elle nous dira où il s’est rendu ; alors le jour sera tombé, et vous pourrez sortir sans danger.
    L’homme fit un geste d’assentiment et, se jetant sur un siège, étreignit le manche d’un poignard placé dans sa ceinture, tandis que son œil sombre lançait un éclair chargé de menaces.

XXVII – L’AMOUR D’UN BANDIT
    Diégo continuait rapidement sa route, toujours accompagné par la femme qui portait ses riches emplettes. Arrivé à la porte de Pinard, il congédia la femme, prit le carton et monta rapidement les marches de l’escalier tortueux. La porte du logement de l’ancien berger était fermée à triple tour. Diégo introduisit la lame d’un poignard dans la serrure, et se mit en devoir de la faire sauter. Après quelques secondes d’un travail opiniâtre, il y réussit. La porte s’ouvrit, et l’Italien entra.
    Yvonne était dans la seconde pièce. La pauvre enfant, accroupie par terre, tenait sa tête dans ses mains et pleurait en sanglotant. Elle paraissait plus calme. Au bruit que fit Diégo, elle se leva avec un mouvement de terreur et se réfugia dans un angle de la chambre.
    – Carfor ! murmura-t-elle, Carfor ! Carfor !
    Diégo l’entendit. Il s’approcha doucement, et s’efforçant de donner à sa voix toute la suavité dont elle était capable.
    – Non, chère Yvonne, dit-il, ce n’est pas Carfor.
    – Qui donc ? demanda la jeune fille en s’avançant timidement.
    – C’est un ami.
    – Un ami ?
    Et Yvonne fixa ses grands yeux humides sur le nouveau venu. Cette fois, elle ne fit aucun mouvement pouvant déceler qu’elle reconnût son interlocuteur ou qu’elle éprouvât un moment de crainte.
    – Oui, un ami, continua Fougueray, un ami qui vous aime, qui s’intéresse à vous et qui veut vous voir heureuse. Voulez-vous quitter cette maison ?
    – Quitter cette maison ?
    – Oui…
    Yvonne demeura immobile. Elle parut réfléchir profondément ; puis une expression douloureuse envahit ses traits, et elle s’écria avec une terreur indicible :
    – Non, non, il me battrait encore. Je ne veux pas, je ne veux pas.
    – Vous ne voulez pas fuir ?
    – Non.
    – Vous resterez donc ici ?
    – Il le veut.
    – Carfor, n’est-ce pas ?
    Yvonne ne répondit pas ; mais elle se mit à trembler si fort que Diégo crut qu’elle allait avoir une attaque nerveuse. Mais Yvonne se calma peu à peu. L’Italien pensa qu’il était prudent de changer le sujet de l’entretien.
    Allant prendre sur la table le carton qu’il y avait déposé en entrant, il l’ouvrit, en tira d’abord la robe de satin qu’il venait d’acheter, et qui avait encore conservé une certaine fraîcheur. Il était évident que la pauvre victime à laquelle cette robe avait appartenu n’avait pas dû faire un long séjour dans les prisons. Diégo présenta le vêtement à la jeune fille qui l’admira avec une joie d’enfant.
    – C’est pour moi ? demanda-t-elle.
    – Oui, répondit l’Italien.
    – Pour moi ? Bien vrai ?
    – Sans doute.
    – Et ces beaux souliers aussi ?
    – Certainement.
    – Et ces fleurs, ces bracelets, ces bijoux ?
    – Tout cela est à vous et pour vous, ma belle petite.
    – Alors… je puis les prendre… me parer… ?
    – Je vous y engage et je vous en prie.

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