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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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Brutus :
    – Veux-tu nous attendre ? demanda-t-il.
    – Tout de même, si vous n’êtes pas longtemps.
    – Nous allons mettre nos chevaux à l’écurie.
    – Convenu ; vous me retrouverez ici avec les amis.
    Marcof, Boishardy et Keinec s’éloignèrent, se dirigeant vers le cabaret. En ce moment, un homme qui, depuis l’arrivée des trois royalistes sur la place de l’exécution ne les avait pas perdus de vue une minute, et avait plusieurs fois manifesté des signes non équivoques de satisfaction en les voyant entourés des sans-culottes, un homme, disons-nous, se glissa dans les rangs serrés de la populace et vint frapper doucement sur l’épaule de Brutus. Celui-ci se retourna :
    – Tiens, Niveau ! dit-il en reconnaissant le jeune libraire.
    – Chut ! fit Niveau en baissant la voix ; je tiens une bonne affaire !
    – Alors j’en suis.
    – Naturellement.
    – Qu’est-ce que c’est ?
    – Tu causais tout à l’heure avec trois hommes à cheval ?
    – Oui, trois gueux qui me déplaisent, et à qui il faut que je fasse payer les marques noires que j’ai au cou. Je m’arrangerai pour les envoyer au dépôt.
    – Garde-t’en bien !
    – Pourquoi ?
    – Parce qu’ils sont riches, à en juger par l’un d’eux au moins.
    – Comment sais-tu cela ?
    – J’ai vu la bourse de celui à qui tu parlais tout à l’heure, et elle est pleine d’or.
    Les yeux de Brutus s’ouvrirent démesurément.
    – Bah ! fit-il. Tu es sûr ?
    – Puisque je te répète que j’ai vu !
    – Alors, comme tu dis, il y a là une bonne affaire, et je m’en charge.
    – Mais tu me garderas ma part ?
    – Cette bêtise ! Si je te volais, tu ne m’amènerais plus de tes pratiques, et j’y perdrais trop ; ainsi, sois calme. Seulement, comme ils sont trois, faudra que j’emmène des amis, et nous serons plus à partager.
    – Fais pour le mieux.
    Niveau serra les mains de Brutus et s’éclipsa prudemment. Le sans-culotte revint auprès de ses compagnons.
    – Nous les tenons, mes amours ! dit-il en s’adressant à six de ses collègues qui étaient demeurés près de lui, et qui tous faisaient partie de la compagnie Marat ; nous les tenons !
    – Qui ça ? demanda l’un d’eux.
    – Eh bien ! les aristocrates de tout à l’heure.
    – Tu crois donc que c’est des aristocrates ! reprit l’un des assistants.
    – J’en réponds, dit Brutus, qui voulait, aux yeux de ses amis, se donner le mérite de la découverte.
    – Si nous les dénoncions ?
    – Eh ! non.
    – Pourquoi ?
    – Autant faire l’affaire nous-mêmes. T’as donc pas remarqué qu’il y en a deux qu’ont des chaînes d’or à leur gousset de montre ?
    – Si, je l’ai vu.
    – Eh bien ! s’ils sont riches, et ils le sont, j’en suis sûr et je m’y connais, autant garder la rançon pour nous que de la partager avec Pinard et Carrier !
    – C’est une idée, cela !
    – J’en ai toujours, Spartacus !
    – Et puis nous serons libres d’en finir quand nous voudrons ; nous avons nos sabres et nos pistolets.
    – Et nous sommes sept, tandis qu’ils ne sont que trois. Faut que celui qui m’a molesté me paye son compte cette nuit même.
    – Si nous prévenions Pinard, tout de même ?
    – Eh non ! encore une fois ! nous sommes assez. Après les déportations, nous les conduirons chez Nicoud, sur les quais, et nous verrons la couleur des louis qu’ils ont dans leurs poches.
    – Les v’là ! fit Spartacus en baissant la voix.
    En effet, les trois hommes se dirigeaient à pied vers le groupe de sans-culottes. Tous trois, en guise de sabre, portaient une hache d’abordage accrochée à leur ceinture rouge. Brutus prit familièrement le bras de Boishardy, et ils ouvrirent la marche, suivant le flot de la foule qui les entraînait dans la direction de la Loire. Ils arrivèrent ainsi jusqu’à une haie de soldats qui formaient leurs rangs de chaque côté du grand escalier du Bouffay.
    – V’là le défilé qui commence. Attention ! hurla Brutus.

XVI – LES NOYADES
    Des prisonniers descendaient les marches de l’escalier. Les malheureux ignoraient où on les conduisait. Plusieurs rêvaient la liberté et croyaient à une déportation à l’étranger ; presque tous étaient demi-nus. Ils marchaient par couple de deux personnes : un homme et une femme, une jeune fille et un jeune garçon, étroitement liés ensemble.
    Carrier appelait cela «  les mariages

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