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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sombre regard de sinistre espoir sur la silhouette à peine visible du chevalier d’Assas.
    Le jeune homme trottait doucement. Il avait le temps… Une sorte de joie nerveuse le faisait parfois tressaillir. Il avait alors au coin des lèvres un petit rire qui n’annonçait rien de bon pour ses ennemis.
    – Ce digne M. Berryer, disait-il entre ses dents, ne s’attend certes pas à la rencontre qu’il va faire. Ah ! monsieur le lieutenant de police ! monsieur l’enleveur de femmes !… Fidèle serviteur de Sa Haute et Puissante Majesté !… Vous faites là un vilain métier !… Misérable, va !… Mais halte-là ! Nous sommes à deux pour compter !…
    Des lueurs d’éclair passaient dans ses yeux.
    Par moments, il pâlissait.
    – Si j’étais sûr que Jeanne n’a pas consenti, n’a pas cherché cet enlèvement !… Si ce M. Jacques pouvait m’avoir dit la vérité !… Si c’était vraiment malgré elle qu’on l’a jetée dans un carrosse pour la conduire au roi !… Comme je me sentirais fort !… Le carrosse fût-il escorté de vingt cavaliers, je l’attaquerais ! Et, par la mordieu, je la délivrerais ou je mourrais sur place !…
    En parlant ainsi, il avait abandonné les rênes de son cheval qui s’était mis au pas et s’en allait à l’aventure, reniflant des naseaux dans la nuit.
    – M’aimera-t-elle jamais ? reprenait alors le pauvre cavalier. Insensé ! Est-ce qu’il n’est pas clair qu’elle aime le roi ? Est-ce que, dans cette fête maudite, elle ne s’est pas affichée au point que toute la cour pendant deux jours n’a juré que par elle ?… Et pourtant, j’ose encore espérer !… Et même, s’il n’y a pas d’espoir, je veux lutter !… Advienne que pourra ! Et coûte que coûte ! Il faut que ce soir l’infâme Berryer morde la poussière !… Or ça, puisque je veux en découdre, prenons un dispositif de combat… Bataille, mordieu, bataille !… Et après, on verra !…
    Le chevalier, en partie pour assurer la réussite de son hardi projet, mais aussi, dans le fond, pour s’arracher à ses désolantes pensées, se mit à combiner ce qu’il appelait un dispositif de combat.
    D’après ce que lui avait dit M. Jacques, le carrosse ne devait contenir qu’un homme et une femme.
    La femme, c’était celle qu’il adorait avec tant de juvénile constance… L’homme, c’était Berryer.
    – Quant au postillon, avait ajouté M. Jacques, si quelqu’un voulait attaquer cette voiture, il ne devrait pas s’en inquiéter… ce postillon sera sans aucun doute un laquais de Berryer, un trembleur qui prendra la fuite au premier bruit d’un pistolet qu’on arme.
    Il résultait de tout cela que le chevalier n’avait à combattre qu’un homme : le lieutenant de police.
    Nous devons noter ici que d’Assas n’avait nullement assuré à M. Jacques qu’il attaquerait le carrosse et que M. Jacques, d’ailleurs, ne le lui avait nullement demandé.
    Le terrible personnage, avec sa haute science du cœur humain, s’était contenté d’expliquer minutieusement au chevalier ce qui se tramait. Il lui avait donné toutes les indications possibles, et jusqu’à la couleur du carrosse qui devait emmener Jeanne.
    Le carrosse devait être bleu de France.
    Les chevaux devaient être blancs.
    Et comme c’était Bernis qui était chargé d’amener la voiture au carrefour Buci et de la conduire ensuite à Versailles, M. Jacques n’avait eu qu’à le faire prévenir qu’il désirait un carrosse bleu avec des chevaux blancs.
    M. Jacques parti, le chevalier s’était dit aussitôt :
    – Cette voiture, moi vivant, n’arrivera pas à Versailles !… Je ne sais ce que je risque à attaquer en pleine nuit le lieutenant de police en personne… peut-être ma tête ! Eh bien, risquons tout, plutôt que d’éprouver cette atroce douleur que Jeanne est dans les bras du roi, que j’aurais pu empêcher ce malheur et que je ne l’ai pas fait !…
    Il était près de dix heures.
    Le chevalier était arrivé au pont de Saint-Cloud.
    L’endroit était propice : le carrosse serait forcé de passer par-là…
    A une vingtaine de pas avant d’arriver au pont, il y avait sur la droite un de ces mystérieux logis qu’on appelait alors des petites maisons, – lieu de plaisir et de rendez-vous appartenant à quelque gentilhomme et comme on en voit encore quelques-uns autour de Paris.
    Le chevalier résolut de se poster entre cette maison et le

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