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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pont.
    Voici quel était son plan – son dispositif de bataille :
    Il se planterait au milieu de la route, ses pistolets à la main, et crierait au cocher d’arrêter.
    Alors le postillon arrêtait… ou n’arrêtait pas…
    S’il continuait à s’avancer, le chevalier déchargeait sur lui ses pistolets, puis se jetait à la tête des chevaux.
    Alors, une fois le carrosse immobile, il tirerait son épée, s’avancerait à la portière, ôterait son chapeau et dirait :
    – Monsieur le lieutenant de police, je vous tiens pour un misérable, et je devrais vous tuer comme on tue, la nuit, un tire-laine. Mais je veux vous faire l’honneur de croiser mon épée avec la vôtre. Je m’appelle le chevalier d’Assas. Veuillez donc descendre, s’il vous plaît, et dégainer à l’instant, sans quoi je serai forcé de vous tuer sans que vous vous soyez défendu !…
    Il ne doutait pas que Berryer ne fit droit à une requête ainsi présentée…
    Et alors…
    Alors, Jeanne pourrait juger de quoi l’amour est capable !
    Il blessait son adversaire, le remettait dans le carrosse dont il faisait descendre Jeanne, ordonnait au postillon de ramener à Paris le corps de son maître, et disait à Jeanne :
    – Madame, voici mon cheval pour vous ramener. Veuillez seulement me dire à quel endroit de Paris vous désirez être ramenée… je conduirai le cheval par la bride…
    Tel était le rêve qu’échafaudait le chevalier, et cependant, il faisait le guet et interrogeait anxieusement la route… Tout était noir… rien n’apparaissait…
    D’Assas mit pied à terre et attacha son cheval à un arbre.
    Alors, il s’assura que son épée sortait facilement du fourreau, visita ses pistolets, se débarrassa de son manteau qu’il jeta en travers de la selle du cheval, et, se campant au milieu de la route, il attendit…
    Les cavaliers masqués que nous avons signalés s’étaient arrêtés en voyant le chevalier mettre pied à terre. Ils se glissèrent sur le côté de la petite maison que d’Assas venait de dépasser, et prirent aussitôt leurs dispositions.
    L’un d’eux fut chargé de tenir les six chevaux et alla se dissimuler avec les bêtes, en plein champ, sur les derrières de la maison. Les cinq autres, s’avançant à travers champs, le long et à vingt pas de la route, s’arrêtèrent à la hauteur de d’Assas, se couchèrent à plat ventre sur le sol et attendirent.
    Tout à coup, le chevalier d’Assas entendit au loin des grondements de roues sur la terre dure…
    Presque aussitôt, les deux lanternes d’une voiture lui apparurent dans la nuit.
    Il eut un effroyable battement de cœur…
    Cette voiture, c’était sans doute le carrosse qu’il attendait… et dans ce carrosse, il y avait Jeanne !…
    D’un geste rapide et machinal, le chevalier prépara ses deux pistolets… La voiture avançait d’un bon trot de ses deux chevaux pesants… Bientôt, elle ne fut plus qu’à une trentaine de pas du chevalier…
    Il eut un tressaillement suprême…
    Les chevaux étaient blancs, tous deux ! Ce carrosse était bien celui qu’il attendait !…
    Au même instant, il s’avança et, d’une voix terrible, – toute la rage de l’amour, du désespoir, de la jalousie ! – il cria :
    – Halte ! halte ! ou je fais feu !…
    – Place ! hurla le postillon.
    Le chevalier visa, fit feu !…
    Puis, jetant son premier pistolet, il tira du second !…
    Le postillon se renversa sur son siège avec un gémissement.
    D’Assas s’élança à la tête ces chevaux qui, ne sentant plus de bride, s’arrêtaient d’ailleurs à ce moment.
    Alors, le cœur battant, les tempes en feu, la bouche crispée, il s’avança vers la portière en disant :
    – Descendez, monsieur, qui que vous soyez !… Descendez ! ou, par le Ciel, je vous traite comme je viens de traiter votre laquais !…
    A ce moment un cri déchirant, – un cri de femme ! – retentit dans l’intérieur du carrosse.
    D’Assas se rua ; mais à la même seconde, la portière s’ouvrit, un homme sauta lestement sur le sol, et se croisant les bras, d’une voix dédaigneuse, empreinte d’une autorité suprême :
    – Or çà !… Quel est le truand qui ose arrêter le roi ?…
    D’Assas, livide, vacillant, foudroyé, jeta un regard d’indicible angoisse sur l’homme qui parlait ainsi.
    Et, hagard, les cheveux hérissés par l’horreur, il murmura :
    – Le roi !… Le roi !…
    Oui ! ce n’était pas Berryer

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