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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fût agi de M me  de Rohan en personne.
    – Je ne permettrai pas, murmura-t-il, qu’une aussi charmante demoiselle s’aventure la nuit sans cavalier…
    Suzon poussa un petit cri effrayé…
    – Ah ! vous m’avez fait peur, monsieur !…
    – Eh quoi ! j’aurais eu le malheur d’effrayer la plus jolie fille que je connaisse, celle pour qui je donnerais mon cœur et ma vie, la toute belle et charmante Suzon !
    – Comment, monsieur, vous me connaissez ? s’écria Suzon avec une surprise très bien jouée.
    – Cruelle ! répondit Bernis avec une passion non moins bien jouée, pouvez-vous parler ainsi, alors que vous savez très bien que je vous aime, et que vous m’avez vu soupirer…
    – Ma foi, monsieur, dit Suzon en riant, – et cette fois elle ne mentait pas, – je vous avoue que je ne vous ai jamais vu soupirer.
    En effet, c’était elle, au contraire, qui avait lancé force œillades auxquelles Bernis était demeuré indifférent.
    – O ciel ! s’écria le petit poète. Est-il possible que vous n’ayez jamais remarqué… Mais je vous arrête là, dans ce courant d’air glacial… pardonnez-moi et prenez mon bras, je vous en supplie. Je veux, comme je vous l’ai dit, vous servir de cavalier… Dites-moi seulement où vous allez…
    – Vous êtes bien honnête, monsieur, fit la soubrette en esquissant une révérence. Je vais chercher… des gants pour madame.
    Bernis tressaillit. Il n’y avait pas de marchands de gants à Versailles, qui n’était encore qu’un village, – ou plutôt un château avec quelques rares ruelles autour.
    Donc Suzon mentait.
    Donc Suzon était sortie pour lui.
    – Des gants ! s’écria-t-il. Je ne souffrirai pas que vous vous exposiez à la bise et aux mauvaises rencontres pour si peu. Je vous en apporterai une boîte…
    Suzon parut réfléchir quelques instants.
    – Vraiment ? fit-elle.
    – D’honneur, les dames de la Cour me chargent toujours de ces commissions là.
    Suzon fut extrêmement flattée de se trouver tout à coup sur le même pied que les dames de la Cour.
    – Donc, continua gravement Bernis, je vous en apporterai une boîte.
    – Et quand cela ?…
    – Dès ce soir, charmante Suzon, si vous voulez bien me dire où je dois vous les remettre.
    – Mais… ici même !…
    – Ici ! vous n’y songez pas !… J’ai tant de choses à vous dire ! Et puis, pensez que je suis blessé, et que le grand air peut me faire du mal !…
    – Oh ! mon Dieu, c’est vrai !… Ecoutez, monsieur de Bernis…
    – Ah ! s’écria Bernis, vous savez mon nom !…
    Suzon parut très confuse de son étourderie et jeta un nouveau petit cri.
    – Me promettez-vous, reprit-elle, d’être discret, prudent et silencieux ?…
    – Discret comme une soubrette, prudent comme un aveugle, silencieux comme un muet… car les amoureux sont muets et aveugles tant qu’il ne s’agit pas de contempler leur idole et de chanter ses louanges…
    – Eh bien ! dit alors Suzon, trouvez-vous ce soir à dix heures à la petite porte du jardin…
    Sur ces mots elle se sauva, légère et gracieuse comme une vraie soubrette qu’elle était.
    Bernis demeura tout étourdi de son prompt succès, et murmura :
    – Hum ! j’eusse préféré un peu plus de résistance. Les choses vont trop bien. Il doit y avoir quelque anguille sous roche. La petite Suzon est peut-être plus fine encore que je ne croyais.
    Tout en faisant ces réflexions qui prouvaient sa grande prudence, mais non son expérience du cœur des femmes en général et des soubrettes en particulier, Bernis se retira assez inquiet.
    – Baste ! nous verrons bien, finit-il par se dire.
    Vers neuf heures, il fit donc une toilette soignée, cacha un pistolet dans son manteau, assura un bon poignard à sa ceinture, et, ainsi armé en guerre, se rendit au rendez-vous.
    A dix heures précises, il grattait à la petite porte du jardin qui s’ouvrit aussitôt.
    Suzon parut, mit un doigt sur ses lèvres pour lui recommander le silence, et, le prenant par la main après avoir refermé la porte du jardin, l’entraîna jusqu’à la porte-fenêtre du petit salon du rez-de-chaussée.
    Une fois qu’elle fut entrée, elle ferma soigneusement, tira les rideaux et alluma une lampe.
    – Tout le monde dort dans la maison, dit-elle alors, mais il faudrait bien peu de chose pour réveiller madame qui a le sommeil très léger. Ainsi, monsieur, parlons à voix basse, s’il vous plaît… Vous

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