Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
m’apportez les gants ?
    – Les gants ! fit Bernis.
    Il ne songeait plus à la comédie des gants.
    – Ma foi, je les ai oubliés !… J’ai tant pensé à vous…
    – Ah ! monsieur, vous allez me faire gronder, chasser, peut être…
    Bernis, pour détourner la conversation de cette pente, poussa à ce moment un soupir de souffrance et se tâta le bras gauche.
    – Pauvre monsieur ! dit Suzon réellement émue, vous souffrez !… Vous avez donc été blessé ?…
    – Oui, un duel ; une forte saignée au bras gauche. Mais l’insolent l’a payée sur-le-champ, vu que je l’ai traversé de part en part !…
    – Ah ! mon Dieu ! s’écria Suzon en oubliant elle-même le prétexte qui légitimait la présence de Bernis, un duel ! Pour quelque dame, sans doute ?…
    – Si je vous dis pour qui, me croirez-vous sur parole ?
    – Oui. Car les gentilshommes comme vous ne donnent pas en vain leur parole…
    – Eh bien ! fit Bernis avec un admirable aplomb, c’est pour vous !…
    – Pour moi ! Vous vous moquez, monsieur !
    – Non pas ! D’honneur, c’est pour vous que je me suis battu ! Et que voyez-vous là d’étrange… puisque je vous aime !
    – Vous m’aimez ?…
    Bernis vit que le sein de Suzon palpitait. La jolie soubrette rougissait. Quoi qu’elle en eût et si fine qu’elle fût, elle était flattée de s’entendre dire par un gentilhomme qu’elle était aimée, tout comme une dame de la Cour !
    Le gentilhomme était jeune, bien fait de sa personne, et semblait sincère.
    De plus, il parlait avec une sorte de respect qui, pour Suzon, était un enivrement de sa vanité.
    – Comment pouvez-vous douter que je vous aime ! reprit Bernis. Ne l’avez-vous pas déjà compris ? Aurais-je rôdé autour de cette maison ? Serais-je ici… à vos genoux, charmante Suzon ?
    Effectivement, Bernis tomba à genoux.
    Suzon était ravie.
    Elle prit Bernis par la main et, le relevant :
    – Mais comment et pourquoi vous êtes-vous battu pour moi ? demanda-t-elle.
    – Je vais vous le dire ! répondit Bernis qui, pris de court, chercha et trouva à l’instant dans sa fertile imagination le motif demandé.
    « Vous connaissez M. Berryer, n’est-ce pas ? fit-il.
    – C’est-à-dire… fit Suzon en tressaillant.
    – Pas de secrets avec moi, Suzon ! Je suis moi-même, vous le savez sans doute, le secrétaire intime du lieutenant de police, et je sais que c’est lui qui vous a placée ici…
    – Eh bien, oui !… Et alors ?…
    – Alors, voici : il y a trois jours, devant moi, M. Berryer expliquait à un gentilhomme, que vous me permettrez de ne pas nommer, ce qu’il attendait de vous !
    – Ah ! M. Berryer m’avait pourtant bien juré…
    – Ne vous y fiez pas, Suzon, Berryer est un homme sans scrupule. Il expliquait donc à ce gentilhomme que, par vous, il était certain de connaître certains secrets de Sa Majesté… Alors le gentilhomme se mit à rire et prononça à votre égard quelques paroles que je jugeai malsonnantes… Je ne dis rien… Seulement, lorsque l’insolent sortit, je le suivis, je le rattrapai dans la rue et, le saluant de mon mieux, je lui fis remarquer que le nœud de son épée n’était plus à la mode, et qu’il était difficile d’en trouver de plus ridicule. Mon homme se fâcha. J’insistai. Tant et si bien que nous nous alignâmes dès le lendemain matin dans un coin du Luxembourg…
    – Pour moi !… Vous avez fait cela pour moi !…
    – Et pourquoi François de Bernis ne se serait-il pas battu pour celle qu’il aime ?…
    En parlant ainsi, Bernis avait enlacé la taille de Suzon. La jolie fille, qui ne demandait d’ailleurs qu’à capituler, se défendit pour la forme et finit par accorder le baiser qui lui était demandé.
    – Suzon, s’écria alors Bernis, comme s’il eût été transporté d’amour, Suzon, je t’aime ; il faut que tu m’accordes un rendez-vous !…
    – Ne vous l’ai-je pas accordé, puisque vous êtes ici ?…
    – Oui… mais je veux que tu viennes chez moi !…
    – Chez vous ?…
    – Oui, au château. Ne crains rien. C’est moi-même qui t’y introduirai. Et ce sera une charmante escapade. De plus, tu verras de près les magnificences du château et jusqu’à la chambre du roi… car j’ai mes entrées partout.
    Suzon fut éblouie. Mais ce fut avec un soupir qu’elle répondit :
    – C’est impossible !…
    – Rien n’est impossible à l’amour,

Weitere Kostenlose Bücher