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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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marmitons qu’escortaient des Suisses en grande tenue de parade commandés par un officier.
    L’officier venait en tête, l’épée à la main.
    Derrière lui marchait un grave personnage qui était l’officier de la bouche du roi.
    Puis venaient les marmitons, portant deux à deux des paniers où étaient symétriquement rangés des plats couverts de leurs cloches d’argent.
    C’était la viande du roi qui passait !…
    C’est à dire son dîner.
    Du Barry, de même que tous les gentilshommes qui se heurtaient à ce singulier cortège, se découvrit et suivit.
    Par une porte largement ouverte il vit la salle à manger.
    Louis XV y entrait à ce moment, d’un air indolent, se mettait à table et commençait à manger, choisissant soigneusement les plats, se plaignant que l’art de la cuisine tombât en décadence, et n’en perdant pas pour cela une bouchée. Bien que ce ne fût pas un royal mangeur comme Louis XIV, qui étonnait ses invités par sa prodigieuse voracité, Louis XV était encore une très bonne fourchette.
    Les courtisans admis à l’honneur de le voir manger s’étaient massés dans un coin de la salle, silencieux attentifs au moindre geste du maître…
    Louis XV ayant laissé tomber sa serviette, il y eut une ruée de tous ces ducs, comtes et marquis… ce fut du Barry qui arriva premier et eut l’honneur de la ramasser.
    Le roi sourit, et du Barry, qui depuis quelque temps se trouvait assez mal en cour, se trouva amplement récompensé. Mais une joie d’un tout autre ordre lui était réservée.
    – Comment va la comtesse ? lui demanda tout à coup Louis XV avec cette familiarité de bon bourgeois qui faisait le vrai fond de son caractère… Comment ne la voit-on jamais à Versailles ?…
    – Sire, dit du Barry qui tressaillit profondément, M me  la comtesse du Barry sera trop heureuse et trop flattée que Votre Majesté ait pris souci d’elle… Quant à venir à Versailles, la comtesse y doit être arrivée à cette heure et, puisque le roi l’ordonne, elle viendra lui faire sa révérence.
    Le roi approuva d’un signe de tête.
    Et le bruit de ces paroles se répandit aussitôt parmi les courtisans qui jetèrent des regards d’envie à du Barry.
    Cependant celui-ci s’était reculé, et bientôt il ne tarda pas à se confondre avec la foule.
    Il regardait autour de lui, et semblait chercher quelqu’un…
    Son dîner fini, le roi passa dans la grande salle où il se mit à jouer et se montra fort gai.
    Du Barry s’était éclipsé.
    Il monta deux étages, passa rapidement devant la chambre où Bernis avait eu avec M. Jacques cette conférence dont nous avons parlé, et parvint enfin à une porte. Un laquais ouvrit au coup qu’il frappa.
    – Est-ce que M. Lebel est visible ? demanda le comte.
    – Je puis le lui demander, fit le laquais.
    Lebel était le valet de chambre du roi ; et ce laquais, c’était son valet de chambre, à lui !
    L’appartement, composé de cinq pièces bien meublées, eût fait envie à plus d’un riche bourgeois.
    – M. Lebel est visible, fit le laquais en revenant. Si monsieur le comte veut me suivre…
    Quelques instants plus tard, le comte entrait dans le salon de Lebel, dont le service ne commençait que vers neuf heures du soir pour se terminer après le grand lever.
    – Sommes-nous seuls ? fit du Barry à voix basse.
    – Vous pouvez parler, répondit Lebel. Dans tout le château, les murs ont des oreilles. Mais ici je me suis arrangé pour que ces oreilles demeurent bouchées… Ainsi, ne craignez rien.
    Du Barry tira d’une poche de sa poitrine le billet que lui avait remis M. Jacques.
    C’était, comme on l’avait vu, un papier simplement plié en quatre.
    – Pour le roi ! dit le comte.
    Lebel prit le papier, le lut, hocha la tête, et dit simplement :
    – Enfin !…
    – Lebel, reprit le comte, il faut faire en sorte que le roi ne lise pas ce billet avant minuit.
    – C’est-à-dire qu’on l’attend un peu après minuit. Soyez tranquille. Et dites à celui qui vous envoie que ses ordres seront exécutés à la lettre…
    Lebel, alors, reconduisit lui-même du Barry jusqu’à sa porte, honneur qu’il n’accordait pas à tout le monde.
    Du Barry descendit, se montra ostensiblement parmi les courtisans, trouva moyen d’être encore aperçu du roi, puis, par une manœuvre lente et savante, il sortit sans que personne l’eût remarqué.
    Il était alors neuf heures.
    Il courut à la ruelle des

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